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La confiance dans l’UE chute : elle n’a jamais été aussi basse en trois ans. Les Italiens « eurodistants » mais contre l’Italexit
Les jeunes restent les européistes les plus convaincus. L’euroscepticisme est plus marqué chez les électeurs de droite et du 5S
La confiance des Italiens dans l’Union européenne a recommencé à baisser après quelques années. Selon le récent sondage réalisé par Demos, elle s’est arrêtée à 38 % au cours des dernières semaines. Il s’agit du niveau le plus bas de ces dernières années. À la fin de l’année dernière, en effet, elle atteignait 45 %. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une nouveauté, d’une percée. Au cours de la dernière décennie, l’UE avait atteint des indices de confiance plus limités. Notamment après la crise financière de 2007-2008, lorsque l’euro était devenu, aux yeux de la majorité des citoyens, la cause d’un malaise économique qui avait affecté les entreprises et, surtout, les familles.
Mais le climat d’opinion a changé, ces dernières années, suite au montant des fonds – près de 200 milliards d’euros – transférés à l’Italie. Décisif, pour notre budget. Et relance. Par ailleurs, le rôle de la finance européenne s’est « personnalisé », à travers la figure de Mario Draghi. Ancien président de la BCE. Il est devenu président du Conseil en 2021. Jusqu’à l’été dernier. Mais les élections de septembre dernier ont à nouveau changé le scénario. À l’intérieur et à l’extérieur de l’Italie. Et aujourd’hui, les problèmes se posent à nouveau. Et soulèvent de nouvelles inquiétudes.
Tout d’abord, le conflit en Ukraine se poursuit. Et menace de s’intensifier. Dans la mesure où l’appel à l’armement nucléaire est récurrent. Et à l’affrontement entre la Russie et l’Occident. Dont l’Europe est la frontière. L’Ukraine n’est d’ailleurs pas loin de nos frontières. Elle est « Europe ». Et elle aspire à devenir un membre à part entière de l’UE. D’autant plus à ce stade. Pour des raisons de « sécurité ». Pour la même et symétrique raison, les Italiens considèrent l’UE avec inquiétude. Dictée par l' »insécurité ». Parce que l’UE ne semble pas en mesure, à ce stade, de jouer un rôle moteur. Mais en tant que médiateur, en tant qu’acteur de la négociation. Tandis que l’Italie opère en tant que pays « spectateur ». Au premier rang.
Cependant, la guerre actuelle n’est pas la première raison du déclin de la confiance dans l’UE. En effet, les Italiens ont toujours fait preuve d’une attitude « détachée » à son égard. Ce n’est certainement pas parce qu’ils sont favorables au « détachement ». Au contraire. Pour les Italiens, l’UE est une référence nécessaire. Mais en même temps, elle est « distincte », voire « distante ». En fait, comme le montrent les enquêtes que Demos mène depuis près de 20 ans avec Unipolis, les Italiens expriment une attitude moins confiante à l’égard de l’UE que les autres pays européens.
Cependant, ils ne pensent pas au « détachement ». Au contraire. S’il y avait un référendum pour quitter l’UE, comme ce fut le cas en Grande-Bretagne, plus de 7 sur 10 affirment, sans hésitation, qu’ils voteraient « non ». Ils n’ont donc pas l’intention de quitter l’UE. Parce qu’ils sont – nous sommes – Européens « malgré », un sentiment mitigé prévaut. Et donc « Européens par prudence plutôt que par appartenance ».
La baisse significative du consensus de ces derniers mois à l’égard de l’UE, dans notre pays, a donc d’autres raisons. Qui rappellent quelques événements « désagréables ». En particulier, les scandales de corruption qui ont impliqué certains députés européens, y compris italiens. Tout d’abord, la vice-présidente du Parlement, Eva Kail ? Nous nous référons en particulier à ce que l’on appelle le « Qatargate », décrit par les observateurs (et pas seulement) comme l’affaire politico-financière la plus grave qui ait eu lieu à l’Assemblée de Strasbourg.
Il est toutefois intéressant de noter que le sentiment pro-européen n’a pas modifié le profil social et politique traditionnel. En fait, l’euroscepticisme marque clairement l’orientation des électeurs de centre-droit. Ceux qui votent pour la Ligue, plus que les autres. Même parmi les électeurs du M5S, on observe un déclin notable de l' »européanisme » après la fin de l’expérience gouvernementale.
Toutefois, en contre-tendance, on observe une reprise du consensus pro-européen parmi ceux qui votent pour les Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni. Cela s’explique probablement par une plus grande – et nécessaire – confiance dans les pays de l’UE et leurs dirigeants. Alors que le plus grand soutien à l’UE provient traditionnellement de la base du PD. En outre, il provient des électeurs du troisième pôle, qui, en tout état de cause, ont également fait preuve d’une attitude pro-européenne dans le passé.
Le point de vue « générationnel » semble toutefois significatif. Les jeunes sont en fait les pro-européens les plus convaincus. Et ce, sans aucune hésitation. En effet, près de 6 personnes sur 10 âgées de moins de 30 ans déclarent faire confiance à l’Union européenne. C’est une constante qui se répète… au fil du temps. Un aspect spécifique qui prend un sens précis. D’ailleurs, les jeunes se disent « européistes » parce qu’en fait, ils « sont européens ». Et cosmopolites. D’abord et avant tout : les étudiants. Dont l’expérience et la carrière se déroulent et se dérouleront, plus que d’autres, au-delà de toutes les frontières. Nationales. Et pas seulement.
C’est une bonne raison de regarder et de se tourner vers l’UE avec confiance. Pour investir dans l’UE. Car si les jeunes sont l’avenir, il n’y a pas d’avenir sans l’Europe.
La Repubblica, 27 mars 2023
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