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Le Maroc est au bord du gouffre, avec une situation sociale et économique des plus précaires, en témoignent le surendettement dans lequel baigne le royaume, l’hyperinflation et quelque 13.000 entreprises menacées de faire faillite en 2023.
En effet, le dernier indice d’insolvabilité d’Allianz Trade, un des leaders mondiaux des solutions d’assurance-crédit, révèle que 13.000 entreprises marocaines sont menacées de faire faillite en 2023 avec « une stagnation pour 2024 ». Selon ce rapport, le nombre d’entreprises susceptibles de déposer le bilan est supérieur de 5% à celui de 2022 (lui-même supérieur de 17% par rapport à l’année 2021) et 53% supérieur à celui de 2019. Cette tendance classe le Maroc en quatrième position des pays qui connaissent le plus grand nombre d’entreprises en situation de faillite dans le monde -après la Pologne, l’Espagne et la Hongrie-.
Devant l’incapacité des autorités marocaines à faire face aux conséquences inhérentes à la crise sanitaire du Covid-19 ainsi qu’aux répercussions de la crise économique mondiale avec son corollaire (l’inflation dans les marchés internationaux induite par la crise en Ukraine), le nombre de petites et moyennes entreprises qui mettent les clés sous le paillasson ne cesse d’augmenter depuis 2019 au royaume.
Une tendance accélérée par l’augmentation des taux d’intérêts à 3% dans les banques marocaines, ce qui a ralenti le cours des investissements. De 6.260 en 2020, le nombre d’entreprises en faillite a atteint 10.552 en 2021 et 12.397 en 2022, pour se stabiliser cette année et l’année à venir à hauteur de 13.000. Toujours selon le même rapport, 41% des entreprises ayant déclaré faillite se trouvent dans l’axe Dar El Beïda-Rabat-Tanger qui compte le plus grand nombre d’entreprises au Maroc. Pour ce qui est des secteurs d’activité, 33% de ces entreprises activent dans le commerce, 21% dans l’immobilier et 15% dans les travaux publics.
Autre mauvaise nouvelle pour le Makhzen, au début du mois courant, l’agence financière américaine « Fitch solution » a baissé ses prévisions de croissance économique pour le Maroc de 3,4% à 1,8% (soit près de moitié) au titre de l’année 2023. Une révision motivée par le ralentissement constaté de la croissance de 1,6% lors de la publication du PIB du 4e trimestre de l’année 2022.
« Un avion sans pilote »
Alors que le Makhzen poursuit sa lancée dans une dynamique effrénée de contraction de prêts auprès de différentes institutions financières internationales, ce qui avait classé le Maroc en 2021 en 5e position des pays les plus endettés du continent africain avec 65,41 milliards de dollars et que l’inflation a atteint en 2022, son plus haut niveau depuis trente ans, les longues absences du monarque de son royaume suscitent des interrogations dans les médias étrangers et compliquent encore davantage la situation de ses ouailles.
The Economist, le célèbre média britannique, a édité un long article à l’intitulé sans équivoque: « Le mystère du roi disparu du Maroc ». Sous une trame d’intrigues de Palais cousue avec des histoires rocambolesques de bouderies royales, de favoritisme, de scandales, de passe-droits, de mœurs et d’amitiés sulfureuses, avec l’histoire des frères Azaitar qui a fait les choux gras des médias marocains et étrangers, l’hebdomadaire rappelle que Mohamed VI « est plus qu’une figure de proue (dans le système politique marocain, NDLR). Il a le dernier mot sur toutes les questions d’importance ». Une manière d’expliquer que l’absence du roi accentue les crises économiques et sociales qui secouent son pays.
« Nous sommes un avion sans pilote », selon des propos d’un officiel marocain, rapportés par le média. « Un ancien fonctionnaire estime que le roi était absent 200 jours l’année dernière », écrit encore The Economist. « Lorsque le Premier ministre espagnol est arrivé à Rabat début 2023 pour améliorer les liens entre les deux pays après une crise diplomatique concernant la Sahara occidental, le roi n’était pas là », constate le média.
Concluant sur un scénario des plus sombres pour le Maroc, motivé par les luttes menées par certaines factions à l’intérieure du Makhzen contre le roi et l’état d’ébullition dans lequel se trouve la rue marocaine, excédée par la cherté de la vie et les scandales de corruption des élites, The Economist écrit sans ambages : « Un coup d’Etat militaire contre le roi n’est pas impensable », ajoutant que « l’inconnue variable dans tous ces calculs est la dynamique dans la rue. Des milliers de personnes ont manifesté à la fin de l’année dans la capitale et se sont insurgées contre le despotisme et le coût élevé de la vie ». Et The Economist de terminer par ce cri de détresse d’une source marocaine : « On se sent comme sur un baril de poudre ».
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