Maroc Confidentiel

Maroc : Au cœur de Marrakech-sexe city

Youssef Chmirou

Des scandales de mœurs éclaboussent la ville de Marrakech

L’été 2005 à Marrakech a été sous le signe de la lutte contre les réseaux de prostitution et de l’industrie du sexe. Zoophilie, pédophilie, prostitution, tournage de films pornographiques, drogue, règlements de compte, les autorités de la ville ocre auront tout vu pendant ces trois derniers mois. Des affaires de mœurs qui ont éclaboussé les habitants de cette ville, étiquetée désormais comme une plaque tournante de la débauche. Enquête.

Vous l’aurez certainement entendu ou lu, ces dernières semaines, sur les quelques manchettes des journaux, toutes tendances confondues, de la place. Marrakech vit depuis quelques mois au rythme des arrestations et de démantèlement des réseaux, de prostitution, de pédophilie, et même de zoophilie, qui a frappé de plein fouet la ville rouge désormais étiquetée officieusement comme une plaque tournante de la dépravation. Depuis bientôt trois mois, du mois de juin au mois d’août, la campagne d’assainissement, menée sans merci par les autorités de la ville, a dévoilé la face dissimulée de la ville ocre qui a résisté tant bien que mal au tourisme sexuel qui continue de sévir au Maroc. Les autorités ont frappé tellement fort que les échos de la campagne « hamla » alimentent encore les discussions des Marrakechis dans les cafés et autres lieux de rencontres de la ville ocre. Saoudiens, Koweïtiens, Européens…, pris en flagrant délit de prostitution ou de pédophilie, ou encore de zoophilie, dans des riads de l’ancienne médina où des appartements loués à Gueliz comme aux jardins de la palmeraie ( payés au prix fort ) pour les circonstances, sont tombés dans les filets de la police de la ville, traduits devant les tribunaux de la ville et expulsés en masse vers leurs pays d’origine.

Dépistage et prélèvement sanguin

Zoophilie, pédophilie, prostitution, tournage de films pornographiques, drogue, règlements de compte entre rabatteurs, Marrakech aura donc tout vu pour déclencher une telle réaction des autorités de la ville. Tout a commencé lorsqu’un virus viral mortel, jusque-là méconnu des services du CHU de Marrakech, a été décelé et identifié sur un patient MRE emmené en urgence par un compagnon du voyage à l’hôpital de la ville. Diagnostic minutieusement établi, on en déduit vite que le malade l’a chopé dans l’une de ses relations sexuelles qu’elle a eu hors mariage. À première vue, le patient est très affaibli et son état de santé est chaotique. Mais de quoi s’agit-il vraiment ?, semble s’interroger le médecin en chef du service de l’urologie. Ce n’est qu’un prélèvement sanguin et un dépistage effectué dans un centre de transfusion qui apportera les premiers éléments de réponse. Entre temps, notre MRE a sombré dans un coma profond dont il ne se réveillera jamais. Le décès est notifié aux autorités de la ville qui déclenchent immédiatement une enquête judiciaire pour connaître les causes du décès. Déjà les résultats du dépistage mettent les enquêteurs sur la première piste à examiner à savoir le virus décelé chez le patient. L’attention des enquêteurs se focalise d’emblée sur le compagnon de notre MRE qui révèle aussitôt qu’ils ont entretenu, lui et son ami, des relations sexuelles avec deux prostituées qu’ils ont rencontrées la veille dans l’une des boîtes de nuit très chaudes de la ville. Le compagnon donne les prénoms des filles, leurs signalements et l’adresse de la discothèque. Le jour même, une descente policière, ordonnée par le parquet de la ville, est opérée dans les lieux et se solde par l’arrestation d’une dizaine de prostituées conduites toutes dans les locaux de la police judiciaire de la sûreté de la ville. Reconnues par le copain témoin dans cette affaire, les deux filles sont vite passées à table. L’enquête démarre et les policiers commencent à y voir un peu plus clair. Les deux prostituées mises en examen révèlent, à leur tour, qu’elles ont eu des relations sexuelles, peu courantes et contre nature, avec des animaux d’un ressortissant, disent-elles un français établi depuis longtemps à Marrakech, en contrepartie de sommes folles dont les montants donnent sans mal le vertige. Elles seraient payées, selon une source qui a préféré garder l’anonymat, 10 000 Dh l’heure pour coucher avec des animaux, généralement des chiens, et filmées dans le cadre des films pornographiques tournés par des professionnels dans la ville ocre. L’affaire est compromettante et les autorités de la ville ont de quoi s’inquiéter. Les aveux et les révélations choc des deux prostituées sur les agissements sans scrupule de cet individu sont consignés et l’affaire est portée devant le parquet de la ville qui ordonne une chasse à l’homme et aux prostituées de la ville rouge. Au début réticentes, racontent-elles, celles-ci ont fini par céder à la tentation et à l’argent facile. Contraintes de chercher du travail dans l’industrie du sexe, les deux prostituées se sont livrées à plusieurs reprises aux fantasmes et aux pulsions animalières de cet individu, le tout filmé avec des caméscopes et vendu à l’étranger au prix fort. Elles ont, sans le savoir bien évidemment, chopé le virus et l’ont transmis par ricochet à leurs multiples clients affamés rencontrés dans leur lieu de débauche.

Une industrie qui rapporte gros

Les informations obtenues dans le cadre de cette affaire ont déclenché une alerte policière sans précédent dans la ville qui connaîtra par la suite une campagne d’assainissement contre la débauche et la prostitution. Des décentes policières opérées dans des villas, des appartements loués, des cafés ( comme l’Hivernage en face du palais des congrès), des boîtes de nuits, résultera des centaines d’arrestations et d’incarcérations dans les milieux de la prostitution et de l’industrie du sexe. La police ratisse large et n’épargne aucun touriste pris en flagrance et ce, quelle que soit sa nationalité. L’opération « ville propre et sans prostituées » déclenchée par le préfet de police de ville, Brahim Oussirrou, injoignable au moment du bouclage du journal, donnera des résultats plus que probants. Le nettoyage s’est fait, et continue toujours, dans les règles de l’art et dans la discrétion la plus absolue pour ne pas secouer les visiteurs de la ville ocre et les touristes qui l’ont choisie pour y séjourner pendant cette période d’été. Un véritable coup de pied dans la fourmilière du sexe organisé.

Les riads non réglementés ainsi que les appartements dédiés à la location et non déclarés reçoivent des visites policières inopinées et se soldent généralement par des arrestations de prostituées et de leurs compagnons.
Une lutte sans merci qui continuera dans le temps et dans l’espace pour éradiquer le mal de la dépravation de ses racines. Surtout que les professionnels de la pornographie y ont élu clandestinement domicile ces derniers temps (voire photos d’un film porno tourné avec des prostituées marocaines à Marrakech que LGM publie pour la première fois) et commercialisent comme bon leur semble la destination Marrakech à travers le monde. Nous y reviendrons la semaine prochaine.


Publié dans La Gazette du Maroc le 25 – 07 – 2005

https://www.maghress.com/fr/lagazette/7353

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