Maghreb scoop

Dédollarisation : Les Brics passent à l’offensive

ETIQUETTES : BRICS, DEDOLLARISATION, CHINE, RUSSIE,

Comme attendu depuis le déclenchement, il y a déjà plus de deux ans, de la guerre en Ukraine, le tant attendu sommet des Brics, qui s’est ouvert hier à Johannesburg en Afrique du Sud, a d’emblée donné le ton : fixer des limites réalistes et irréversibles à l’hégémonie du roi dollar et entreprendre la construction d’un nouvel ordre mondial plus multipolaire et moins assujetti aux intérêts étroits de l’oncle Sam, du FMI, de la BM et du monde occidental dans son ensemble.

PAR R. AKLI

Plus d’un demi-siècle après la décision du président américain Nixon d’imposer au monde un dollar hégémonique sans attache ni référence à aucun étalon effectif – ni or ni autre -, le groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), fort d’un PIB (parité pouvoir d’achat) dépassant celui du G7, entend désormais changer la donne.

LIRE AUSSI : Domination occidentale ébranlée ?

S’adressant hier aux participants du sommet de Johannesburg par visioconférence, le président russe Vladimir Poutine a estimé en ce sens que le processus de dédollarisation dans les règlements entre les Brics et alliés était irréversible.

Poutine : «Le processus est irréversible»

« Au sein des Brics, de nouveaux projets d’infrastructures et d’investissements sont lancés conjointement; les bourses des matières premières et les contacts industriels se développent. Le processus de dédollarisation, irréversible et impartial, prend de l’ampleur », a ainsi déclaré Poutine.

Un son de cloche certes prévisible et forcément attendu de la part du président russe, dont le pays est sous le coup de sanctions économiques et financières les plus sévères, imposées par l’Occident depuis l’annexion même de la Crimée par la Russie. Mais un son de cloche qui fait de plus en plus l’unanimité, y compris même parmi certains alliés traditionnels de l’Amérique, tant celle-ci semble user et abuser du pouvoir arbitraire de son billet vert pour contraindre et soumettre toute souveraineté politique et économique.

Lula : «On ne peut pas accepter un nouveau colonialisme»

« Nous ne pouvons pas accepter un nouveau colonialisme », a lancé hier sans détours le président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, estimant que les Brics ont aujourd’hui « une opportunité unique de façonner la trajectoire du développement mondial ».

Plaidant en faveur « d’une plus grande intégration financière » des Brics, le président brésilien a appelé à partir de Johannesburg à accélérer l’adoption d’une nouvelle monnaie de compte de référence pour les échanges commerciaux entre les membres de cette alliance « qui ne remplacera pas nos monnaies nationales », mais qui permettra une « diversification des sources de paiement en monnaies locales », a-t-il soutenu.

Selon lui, la nouvelle banque de développement – grande banque des Brics – « représente déjà une étape importante dans une collaboration efficace entre les économies émergentes et devrait être le leader mondial dans le financement de projets répondant aux défis les plus urgents de notre époque ».

LIRE AUSSI : Pourquoi certains pays cherchent à rejoindre le BRICS

Pour ce faire, Lula n’hésite pas à mettre en avant le poids économique et stratégique grandissant des Brics, rappelant à cet effet que ces derniers se distinguent désormais comme une nouvelle « force en faveur d’un commerce mondial plus juste, plus prévisible et plus équitable ».

Ensemble, a-t-il renchéri, « nos pays représentent un tiers de l’économie mondiale et cette importance va croître avec l’entrée de nouveaux membres à part entière », allusion à l’élargissement attendu de ce groupement auquel de plus en plus de pays frappent actuellement à la porte. Signe, du reste, d’un grand malaise planétaire face à l’hégémonie abusive du roi dollar et d’une volonté réelle de rompre avec un ordre monétaire et géopolitique longtemps tourné vers les intérêt exclusifs de l’oncle Sam.

Monnaie de réserves et de commerce indiscutable depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le billet vert, dont la valeur n’est adossée à aucune valeur économique réelle si ce n’est le poids militaire et l’influence géopolitique des USA, commence désormais à perdre du terrain, même s’il a encore de beaux jours devant lui.

L’avènement d’un nouvel ordre multipolaire passera sans doute par son désamorçage en tant qu’arme économique fatale. C’est du moins la tâche à laquelle les Brics semblent être désormais décidés à s’atteler très résolument.

L’Algérie aujourd’hui, 23/08/2023

#BRICS #Dollar #Dédollarisation

Quitter la version mobile