L’accord UE-Tunisie entraîne davantage de migrations et davantage de décès

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L’accord migratoire entre l’UE et la Tunisie s’avère être un échec macabre

L’accord migratoire de l’UE avec la Tunisie s’avère être un échec macabre. Malgré les expulsions meurtrières vers le désert par le régime tunisien, l’accord entraîne une augmentation de 40 pour cent du nombre de migrants en bateau. Par ailleurs, le nombre de décès par noyade est à nouveau en hausse. L’UE souhaitait un accord hâtif avec le diable, mais celui-ci s’est révélé incompétent et peu fiable.

Après une période relativement calme, la crise migratoire européenne est de retour. Plus de cent mille migrants sont déjà arrivés en Italie cette année : plus qu’en 2022. Il s’agit principalement de jeunes hommes d’Afrique de l’Ouest, qui traversent la Méditerranée depuis la côte est tunisienne directement jusqu’en Sicile. Cela conduit à des scènes de centres d’accueil surpeuplés et de longues files d’attente aux bureaux d’asile dans toute l’UE.

C’est précisément ce que le trio « Team Europe » voulait éviter. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte (entre-temps PM sortant), la Première ministre italienne Giorgia Meloni et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se sont rendus cet été en Tunisie pour négocier un accord sur la migration. L’accord a été signé avec le président autocratique Kais Saied le 16 juillet. En échange de plus d’un milliard d’euros, il devait garantir, entre autres, une meilleure surveillance de la frontière !

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L’accord s’est accompagné de violences brutales. Tandis que Saïed négociait avec l’UE, son régime expulsait 1 200 migrants vers le désert, aux frontières avec la Libye et l’Algérie. Des dizaines de personnes sont mortes de soif ; des centaines d’entre eux sont toujours portés disparus. Mais toute cette violence n’a pas entraîné une diminution du nombre de migrants en bateau, bien au contraire. Dans les cinq semaines qui ont suivi le 16 juillet, 38 pour cent de migrants tunisiens de plus sont arrivés en Italie par rapport aux cinq semaines précédant cette date. Cette hausse n’est pas due aux conditions climatiques, qui ont été simplement « favorables » en juin comme en juillet.

Alors que les vacances d’été touchent à leur fin, les critiques à l’encontre de l’accord se multiplient. La « Team Europe » est une construction informelle opaque, dans laquelle il n’y a pratiquement aucune responsabilité. Mark Rutte et Giorgia Meloni ne sont responsables ni devant le Parlement européen, ni devant leurs parlements nationaux. Des critiques à l’égard de cette procédure ont été formellement exprimées par treize États membres au Conseil européen. Selon un document divulgué, en possession du journal néerlandais NRC, l’Allemagne dénonce en particulier les violations des droits de l’homme en Tunisie ; « Complètement inacceptable », peut-on lire dans la note. L’Allemagne est particulièrement en colère contre le manque de garanties dans l’accord avec la Tunisie.

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Les changements de nationalité des migrants le long de la route tunisienne sont frappants. Il y a trois ans, 88 pour cent des migrants étaient des Tunisiens, aujourd’hui ils ne sont plus que 14 pour cent. Le reste provient de pays d’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire (19 %) et la Guinée (19 %). Et désormais, des pays d’où les migrants venaient rarement dans l’UE dans le passé font également partie des arrivées en Sicile : les Maliens (9 %) et les migrants du Burkina Faso (9 %) préféraient autrefois vivre dans leur propre pays.

Une nouvelle voie de migration est en train de se créer. L’impact est énorme. Dès qu’un réseau se développe, des chaînes se créent. Grâce aux réseaux sociaux et aux connaissances, la migration devient soudainement un scénario réaliste. Par exemple, l’arrivée des Maliens devient soudain une chance pour davantage de Maliens. « L’accord avec la Tunisie s’avérera être un fiasco. On voit déjà plus de passages que jamais sur la route tunisienne», a déclaré un expert en migration.

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