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La période de transition au Niger s’impose comme solution politique

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Voilà qui met de l’eau dans l’agitation de certains ultras au sein de la Cedeao. Si l’Algérie a pu opérer un forcing louable pour repousser le spectre d’une sous‐traitance de la guerre contre le Niger, il faut également remercier le président du Niger pour avoir eu une oreille attentive et avoir su lire le schéma d’une guerre qui sera préjudiciable, d’abord, aux Africains, et qui pourrait même signer l’arrêt de mort de la Cedeao.

Est‐ce que l’Algérie a été décisive pour la décision (murmurée à voix basse) du président Bola Tinubu ? Oui, mais pas que. Il y a également la puissante tribu des Haoussa, à cheval entre le sud du Niger et le nord du Nigeria, qui a été également active à Abuja pour dire à Tinubu qu’il risque de se mettre à dos les Haoussa du Nigeria.

Puis il y a au sein même des Haoussa, qui est une vaste tribu musulmane puissante et pesante sur tout processus électoral et sur tout règlement social au Nigeria, un fort courant religieux de la Tidjaniya. Et on sait que la Tidjaniya est une confrérie soufie jamais disposée à marcher dans des menées belliqueuses, surtout lorsque ces menées sentent l’ « étranger ».

On sait également que le Nigeria, avec ses centaines de milliers de soldats, est le fer de lance militaire de la Cedeao ; donc, ce ne sont pas les armées des ultras, comme le Bénin ou la Côte‐D’ivoire qui vont partir en guerre pour faire plaisir à l’Elysée avec des unités opérationnelles dégarnies et dont le poids sur le terrain des opérations serait négligeable.

Donc, le président fait référence à une transition de quelques mois, comme celle qui a eu lieu dans son propre pays à la fin des années 1990. Bola Tinubu « ne voit aucune raison qui empêcherait le Niger de faire la même chose, si les autorités militaires sont sincères », indique le communiqué publié par Abuja.

Une petite phrase qui fait des vagues, puisque la Cédéao a dû démentir l’idée d’un « calendrier de transition », alors que le Nigeria est considéré depuis le début comme l’un des moteurs d’une potentielle intervention militaire au Niger.

Cette la sortie du président Bola Tinubu ne marque pas un virage dans la position du pays, si l’on en croit les déclarations du ministre des Affaires étrangères du Nigeria – qui s’est exprimé sur la chaîne en langue haoussa de la BBC. Yusuff Tugar a répété que la Cédéao n’excluait pas l’usage de la force pour sortir de cette crise.

Lors de sa visite à Abuja, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a évoqué avec ses pairs l’idée d’une transition avant de revenir à une présidentielle transparente sous l’égide de l’Union africaine. Une idée qui a déjà fait son chemin. Cependant, il serait puéril de croire que le spectre de la guerre a été définitivement éloigné, car la France, comme on peut le constater par le biais du maintien dangereux de son ambassadeur à Niamey, jouera cette carte jusqu’à la fin.

La présidence de la République française vacillerait si le Niger venait à quitter l’escarcelle de l’Elysée. Et il n’est qu’à observer les gesticulations françaises au sujet du Niger pour se convaincre que l’uranium nigérien, tout comme le manganèse gabonais, est essentiel au fonctionnement d’une France en crise.

L’Express, 04/09/2023

#Niger #Algérie #Nigeria #CEDEAO #InterventionMilitaire

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