Etiquettes : Maroc, Occident, goumiers marocains, guerre civile espagnole, Franco, insurrection de Sétif du 8 mai 1945, Madagascar, Yémen, Katanga,
Par Khider Mesloub
Dans son édition du 13 novembre, Algériepatriotique rapportait l’information selon laquelle des mercenaires marocains participaient aux crimes contre l’humanité aux côtés de l’armée israélienne à Gaza. Comme l’écrit le journaliste Houari A, « cette information rapportée par l’opposant marocain rejoint celle du journal en ligne espagnol El-Mundo, qui confirme la présence de nervis espagnols, albanais, français, indiens, arabes et africains recrutés par le régime de Tel-Aviv pour appuyer ses troupes dans son opération terrestre dans l’enclave palestinienne assiégée ».
Ce n’est pas la première fois que des mercenaires marocains participent aux massacres de populations colonisées ou prolétaires insurgés contre le système capitaliste ou l’ordre colonial. Les Marocains ont une longue tradition de mercenariat à leur actif.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, dans les années 1936-1939, lors de la guerre d’Espagne en 1936-1939, 60 000 marocains (certains historiens parlent de 180 000, voire de 800 000 enrôlés par le général Franco, alors commandant en chef des forces armées dans les régions du Maroc sous protectorat espagnol) participent aux côtés des troupes militaires du général dans la guerre menée contre les républicains espagnols. Selon les historiens, le général Franco n’aurait jamais réussi à instaurer sa dictature s’il n’avait pas reçu un coup de main précieux des Marocains pour écraser les résistants communistes, anarchistes et républicains espagnols qui se battaient pour une Espagne libre, républicaine et socialiste.
A la fin de la guerre d’Espagne, les supplétifs marocains regagneront leur pays avec une pension versée, durant des décennies, par le régime fasciste franquiste.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en Algérie, lors de l’insurrection du 8 mai 1945 de Sétif, Guelma et Kherrata, pour réprimer le peuple algérien insurgé, les autorités coloniales emploient les forces armées régulières, mais également des mercenaires marocains. En effet, comme à l’accoutumée, la France coloniale riposte violemment. Le 11 mai 1945, le chef du gouvernement, Charles de Gaulle, ordonne l’intervention de l’armée. Plus de 2 000 militaires sont envoyés en Algérie, épaulés par la légion étrangère, mais également par les goumiers marocains. Pour rétablir l’ordre colonial et terroriser les Algériens, les troupes armées françaises et les milices composées de civils pieds-noirs, secondées par les supplétifs marocains, procèdent à la « pacification » des régions soulevées pour revendiquer l’indépendance de l’Algérie. La répression est sanglante. La France réprime dans le sang ces manifestations. Des villages entiers sont décimés, incendiés, des familles brûlées vives. Bilan : 45 000 « indigènes » algériens massacrés, exterminés par les autorités coloniales françaises, les pieds-noirs, secondées par les supplétifs marocains, les goumiers.
Quelques mois plus tard, à partir de 1946, à Madagascar, en écho au soulèvement du peuple algérien, des manifestations violentes éclatent dans différentes villes de l’île contre l’arbitraire colonial. Ces manifestations se transforment rapidement en émeutes, aux cris de « Vive l’indépendance !»
Plus tard, le 29 mars 1947, des centaines d’hommes se soulèvent contre la misère, en particulier contre les exactions des colons, ces Français imbus de leur supériorité, pétris d’arrogance, installés dans leur domination qu’ils croyaient éternelle, ces ancêtres des actuels sionistes qui colonisent la Palestine.
Armés seulement de sagaies et de coupe-coupe, ils attaquent des villes côtières et des plantations. Ils s’en prennent aux Européens. Le soulèvement s’amplifie. Rapidement, toute l’île s’embrase. La réaction coloniale est violente et brutale. Elle débute le 4 avril 1947, appuyée par l’instauration de l’état de siège. La France coloniale dépêche immédiatement à Madagascar des troupes coloniales, notamment des tirailleurs marocains pour mater l’insurrection. Au total 18 000 hommes sont mobilisés début 1948 : infanterie, parachutistes et aviations attaquent les civils désarmés.
La répression s’abat sur la population malgache révoltée. Ces premières révoltes sont durement réprimées : tortures, exécutions sommaires, regroupements forcés, incendie de villages, etc. Au cours de cette expédition punitive à Madagascar, l’armée française expérimente une nouvelle technique de guerre psychologique : des suspects sont jetés vivants de l’avion pour terroriser les villageois de leur région.
En l’espace de quelques mois, la « pacification » fait 89 000 morts malgaches. Les forces coloniales perdent 1 900 hommes (essentiellement des supplétifs malgaches). On compte aussi la mort de 550 Européens, dont 350 militaires.
De même, depuis 2015, le régime monarchique marocain participe, en qualité de mercenaire officiel au sein de la coalition militaire génocidaire dirigée par l’Arabie saoudite, au génocide de la population yéménite.
À cet égard, il est utile de rappeler que depuis un mois, sous le patronage du régime de Makhzen, plusieurs manifestations ont été organisées « en solidarité avec le peuple palestinien », « pour dénoncer le massacre des Gazaouis par Israël » (sic). Or, où étaient-ils, ces millions d’hypocrites marocains, quand, durant des années, leur pays, c’est-à-dire leur roi, participait au génocide du peuple yéménite dans le cadre de la coalition militaire dirigée par la féodale monarchie saoudienne ?
Aussi, tout comme le roi Mohammed VI, allié d’Israël et coupable de crime de génocide contre les Yéménites, n’a aucune crédibilité en défendant hypocritement le peuple palestinien martyr, le peuple marocain, complice de crime de guerre contre l’humanité par son silence et soutien apporté à leur sanguinaire monarque, n’a aucune légitimité à manifester pour soutenir les Palestiniens, victimes de génocide commis actuellement par l’allié de leur pays, Israël. Le Maroc et Israël sont dans le même camp : celui des criminels de guerre et des génocidaires.
Pour rappel, en huit ans, la guerre au Yémen aura été l’un des conflits armés les plus meurtriers du début du XXIe siècle : plus de 380 000 Yéménites ont été massacrés, 4 millions déplacés, 80 % de la population sont toujours dépendants de l’aide humanitaire, 17,3 millions de personnes sont impactées par le désastre humanitaire, dont 5 millions en situation proche de la famine, donc voués inéluctablement à mourir, par la faute de la guerre génocidaire menée par la coalition d’une dizaine de pays musulmans dont le Maroc.
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