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Un tribunal de Nouakchott, capitale de la Mauritanie, a condamné lundi l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz à cinq ans de prison pour avoir abusé de sa position pour amasser une fortune mal acquise.
M. Aziz, qui a dirigé ce pays charnière entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne entre 2008 et 2019, est tombé en disgrâce sous son successeur et actuel président Mohamed Ould Ghazouani, un ancien allié politique.
L’ancien président était jugé depuis janvier aux côtés de dix autres personnalités, dont deux anciens premiers ministres, pour enrichissement illicite, abus de fonctions, trafic d’influence et blanchiment d’argent.
Il a été reconnu coupable d’enrichissement illicite et de blanchiment, mais innocenté des autres chefs d’accusation.
Le tribunal a également ordonné la confiscation des biens acquis illicitement par M. Aziz.
L’ancien chef d’État, âgé de 66 ans, n’a pas réagi au jugement.
M. Aziz est en détention depuis le 24 janvier, après avoir passé plusieurs mois en prison en 2021.
Il a été condamné à la plus longue peine de tous les accusés du procès, deux anciens premiers ministres et deux anciens ministres ayant été innocentés.
« Le procès auquel nous avons assisté était un procès politique, et son verdict est également très politique », a déclaré l’un des avocats de M. Aziz, Mohameden Ould Icheddou.
Un autre de ses avocats a annoncé son intention de faire appel du verdict.
Mais un avocat de l’Etat, Brahim Ould Ebetti, a déclaré à l’AFP que le verdict était « très clément ».
Les poursuites judiciaires à l’encontre d’anciens chefs d’État sont rares dans le monde, particulièrement en Afrique. La plupart des anciens dirigeants traduits devant des tribunaux nationaux ou internationaux sont jugés pour des crimes de sang plutôt que pour corruption.
Fils de commerçant arrivé au pouvoir par un coup d’État sans effusion de sang, M. Aziz a quitté le pouvoir en 2019 après deux mandats au cours desquels il a désamorcé une insurrection djihadiste qui a balayé d’autres pays du Sahel.
Son ancien bras droit, Mohamed Ould Ghazouani, lui a succédé lors de la première passation de pouvoir pacifique entre dirigeants élus dans l’histoire d’un pays marqué par les coups d’État et les bouleversements.
Mais les relations se sont détériorées dans les mois qui ont suivi la passation de pouvoir, à la suite d’allégations de malversations financières.
L’enquête sur la corruption a commencé peu après son départ, avec une enquête parlementaire en août 2020.
L’enquête s’est concentrée sur les revenus pétroliers de la Mauritanie pendant sa présidence, la vente d’actifs de l’État, la liquidation d’une société publique chargée de l’approvisionnement en nourriture et les activités d’une société de pêche chinoise.
M. Aziz, accusé d’avoir accumulé une somme estimée à 72 millions de dollars, s’est dit victime de règlements de comptes de la part de ses rivaux et a refusé obstinément de parler au juge d’instruction.
Il a déclaré au tribunal de Nouakchott en avril que « ces accusations sont sans fondement et vous n’avez aucune preuve de tout cela ».
« Je suis victime d’un complot de la part de ceux à qui je me suis opposé », a déclaré M. Aziz après la lecture par le tribunal des charges retenues contre lui.
Dans les derniers instants de son procès, l’ancien président a mis en cause son successeur en affirmant que Ghazouani lui avait remis deux valises remplies de plusieurs millions d’euros (dollars) au lendemain de son élection en 2019.
La Mauritanie est classée 130e sur 180 dans l’indice de perception de la corruption 2022 de l’organisation Transparency International.
AFP
Source : Barron’s, 04/12/2023
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