Le personnel du FMI achève la mission Article IV 2023 en Algérie

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14 décembre 2023

Les communiqués de fin de mission comprennent des déclarations des équipes du FMI qui présentent des conclusions préliminaires après une visite dans un pays. Les opinions exprimées dans cette déclaration sont celles du personnel du FMI et ne représentent pas nécessairement les opinions du Conseil d'administration du FMI. Sur la base des conclusions préliminaires de cette mission, le personnel rédigera un rapport qui, sous réserve de l'approbation de la direction, sera présenté au Conseil d'administration du FMI pour discussion et décision.
  • -Les perspectives à court terme de l’économie algérienne sont favorables, bien que l’inflation reste élevée.
  • -Les perspectives économiques à moyen terme dépendront des réformes visant à diversifier l’économie, à favoriser une croissance inclusive menée par le secteur privé, ainsi qu’à créer des emplois. L’inflation élevée soutenue, la volatilité des prix des hydrocarbures et la vulnérabilité aux changements climatiques constituent des risques majeurs.
  • -Un rééquilibrage progressif de la politique budgétaire maintiendrait la solidité des finances publiques, et une plus grande flexibilité du taux de change aiderait l’économie à absorber les chocs externes. Un resserrement de la politique monétaire contribuerait à contenir l’inflation.

Alger, Algérie : Une mission du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par M. Chris Geiregat a visité Alger du 3 au 14 décembre pour les consultations au titre de l’Article IV de 2023 avec l’Algérie. À la fin de la mission, M. Geiregat a publié la déclaration suivante :

« La croissance économique devrait atteindre 4,2 % en 2023, soutenue par une activité robuste dans les secteurs des hydrocarbures, de l’industrie, de la construction et des services. Le compte courant devrait enregistrer un excédent pour la deuxième année consécutive malgré la baisse des prix des hydrocarbures, et les réserves internationales sont à un niveau confortable, équivalent à environ 14 mois d’importations à fin octobre.

L’inflation annuelle moyenne devrait rester élevée à 9,2 % en 2023, les prix des produits alimentaires frais continuant d’être un facteur majeur, même si l’appréciation du taux de change a contribué à contenir l’inflation importée. La politique monétaire est restée accommodante, malgré l’action de la banque centrale en avril pour augmenter les exigences de réserve et renforcer l’absorption de liquidités dans le secteur bancaire. Le déficit budgétaire atteindrait 6,7 % du PIB, en partie en raison d’une augmentation de la masse salariale publique, des transferts et des dépenses d’investissement.

Les perspectives à court terme sont globalement favorables. La croissance en 2024 devrait rester robuste, l’inflation devrait se modérer et le compte courant enregistrerait un petit excédent à mesure que les prix des hydrocarbures devraient diminuer davantage et que les importations augmenteraient modérément. Le déficit budgétaire devrait continuer de se creuser en 2024, reflétant une augmentation de la masse salariale publique, des transferts et des investissements publics. Le déficit serait financé en partie par un prélèvement sur les revenus accumulés des hydrocarbures dans le Fonds de régulation des recettes.

Les perspectives économiques sont soumises à plusieurs risques. L’inflation pourrait rester élevée et la volatilité des prix des hydrocarbures pourrait affecter la croissance et les recettes budgétaires. Des déficits fiscaux importants soutenus éroderaient les tampons budgétaires, entraînant des contraintes de financement plus strictes et une dette publique croissante. L’économie algérienne est également très vulnérable aux effets du changement climatique, comme l’ont largement montré les récentes sécheresses. À l’inverse, les perspectives économiques à moyen terme s’amélioreraient avec la mise en œuvre soutenue de réformes visant à diversifier l’économie (réduisant ainsi la dépendance au secteur des hydrocarbures) et à créer une croissance et une création d’emplois plus élevées et soutenues. De telles réformes nécessiteraient une mise en œuvre régulière du plan d’action du gouvernement, un investissement privé plus élevé et des améliorations du climat des affaires en général, des marchés financiers nationaux plus développés et de nouvelles opportunités d’exportation pour les produits non liés aux hydrocarbures, comme le poursuivent actuellement les autorités.

La mission recommande un rééquilibrage progressif de la politique budgétaire pour contenir l’augmentation projetée des besoins de financement et de la dette publique à moyen terme. L’adoption d’un cadre budgétaire à moyen terme pourrait aider à protéger la politique budgétaire de la volatilité des recettes des hydrocarbures et d’autres chocs. De plus, l’élaboration de plans de financement à moyen terme aiderait à diversifier les sources de financement (comme les produits d’épargne à long terme) et à réduire ainsi la dépendance au secteur bancaire national. La mission se félicite des progrès continus dans les réformes des finances publiques, telles que l’introduction de la budgétisation par programme et l’introduction de contrats de performance pour les gestionnaires, qui amélioreront la transparence et la responsabilité de l’exécution budgétaire.

Comme l’inflation risque toujours de s’enraciner, un resserrement progressif de la politique monétaire soutiendrait la maîtrise de l’inflation, en utilisant les différents instruments de politique monétaire disponibles pour la banque centrale, y compris une utilisation plus active du taux directeur pour signaler la détermination de la banque centrale à traiter les préoccupations liées à l’inflation.

La mission félicite les autorités pour l’adoption d’une nouvelle loi monétaire et bancaire, visant à stimuler l’innovation financière et l’inclusion (comme l’introduction de la banque numérique et de la banque islamique), à moderniser l’arsenal d’outils de la banque centrale pour la supervision financière et la gestion des crises, ainsi qu’à réformer l’organisation de la banque centrale et ses opérations de politique monétaire. Renforcer la transmission de la politique monétaire nécessitera une gestion proactive de la liquidité, des outils d’analyse et de prévision améliorés (y compris une mise à jour du panier de l’Indice des Prix à la Consommation), et un approfondissement des marchés monétaires et de la dette publique. Une plus grande flexibilité du taux de change contribuerait à l’absorption des chocs et renforcerait l’efficacité de la politique monétaire.

Les autorités algériennes ont pris plusieurs initiatives pour renforcer le climat des affaires, diversifier l’économie et promouvoir les investissements privés. La nouvelle loi sur l’investissement vise à soutenir l’initiative du secteur privé et sera mise en œuvre par une nouvelle agence de promotion de l’investissement (y compris à travers des guichets uniques et des plateformes électroniques pour les investisseurs). Les banques algériennes ont récemment commencé à ouvrir des succursales à l’étranger pour mieux soutenir les entreprises exportatrices, et les autorités mettent en œuvre une vaste stratégie de numérisation pour améliorer la prestation de services, la gouvernance et la transparence. La mission encourage les autorités à poursuivre cette voie de réforme en éliminant les obstacles administratifs et en rendant les marchés des produits et du travail plus flexibles.

« La mission tient à exprimer sa gratitude et son appréciation envers les autorités et les autres interlocuteurs pour les discussions constructives et leur accueil chaleureux. »

Source : FMI, 14/12/2023

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