Op 23 juni jl., vous avez été informé par la lettre de la Chambre « Coopération entre les Pays-Bas et le Maroc dans le domaine de la migration »1 de l’état d’avancement du partenariat migratoire avec le Maroc. J’avais promis de tenir votre Chambre régulièrement informée des progrès réalisés dans le cadre de ce partenariat.
Dans cette lettre, je souhaite partager avec votre Chambre les développements survenus depuis la dernière correspondance. Nous aborderons d’abord les principaux développements concernant la coopération migratoire entre les Pays-Bas et le Maroc. Ensuite, cette lettre présentera les chiffres d’entrée et de retour ainsi que les chiffres de rétention, qui seront également expliqués. Enfin, je profite de cette occasion pour informer votre Chambre de ma visite de travail en Égypte les 2 et 3 octobre derniers, dans le cadre du renforcement de la coopération migratoire.
Mise à jour sur le Maroc
La semaine du 23 juin a eu lieu, au niveau des hauts fonctionnaires, la troisième réunion du Groupe Mixte Permanent sur les Migrations (GMMP). Lors de cette réunion, des efforts ont été poursuivis pour mettre en œuvre un pilote à petite échelle dans le domaine de la migration circulaire temporaire, comme indiqué dans la lettre susmentionnée à votre Chambre. À l’heure actuelle, des discussions sont en cours avec les autorités marocaines pour parvenir à un accord. Nous avons également exploré ensemble comment augmenter les chiffres de retour, rationaliser les procédures, collaborer sur la gestion des frontières, et lutter contre le trafic de personnes et la traite des êtres humains.
Dans la lettre du 23 juin dernier, j’ai décrit les défis auxquels nous sommes confrontés en matière de retour, notamment la nécessité de la présence physique pour la délivrance d’un laissez-passer (LP). Les autorités marocaines souhaitent voir l’étranger en personne afin d’établir son identité avant de délivrer un LP. En pratique, ce processus est souvent contourné par les étrangers. Concernant le retour, le Maroc a notablement coopéré avec les Pays-Bas en lançant un pilote pour délivrer un LP sans obligation de présence pour des affaires simples. Il s’agit d’une solution provisoire car les Pays-Bas n’ont pas encore légalement le pouvoir de contraindre la présentation. La loi sur le retour et la rétention des étrangers est actuellement devant la Première Chambre en attente d’une novelle. Cette loi pourrait garantir la coopération des étrangers à la présentation. De plus, le Service du Retour et de l’Éloignement (DT&V) est en train d’augmenter ses effectifs d’agents exécutifs, ce qui rendra le processus de rétention plus efficace et plus efficient.
Des échanges supplémentaires étaient prévus pour septembre et octobre de cette année. Compte tenu du terrible séisme au Maroc, ces échanges ont été compréhensiblement reportés. L’objectif est d’organiser une prochaine réunion du GMMP vers la mi-décembre.
Les chiffres d’entrée et de retour de l’Agence néerlandaise pour la Retour et la Réinstallation (DT&V) :
L’interprétation des chiffres révèle une nette amélioration de la coopération. Jusqu’au retour au Sous-Comité de septembre 2022, les autorités marocaines n’avaient délivré aucun laissez-passer (LP) en réponse aux demandes néerlandaises pour les années 2020, 2021 et jusqu’en 2022. Depuis lors, un nombre significativement plus élevé de laissez-passer est accordé suite aux demandes néerlandaises, et 2023 a enregistré le nombre le plus élevé de retours forcés en dix ans. Cette évolution est attribuable à l’attitude constructive du Maroc en matière de retour. La ministre de la Justice et de la Sécurité devrait aborder cette question lors de sa prochaine visite au Maroc.
La forte augmentation pendant l’été est principalement due à l’accord du Maroc pour lancer un pilote sur des affaires simples où un LP est délivré sans présentation physique pour identification. Cela a conduit à la délivrance de plus de documents et donc à un nombre accru de départs forcés vers le Maroc. Une meilleure coopération en matière de retour entraîne non seulement des retours forcés, mais aussi une augmentation des départs volontaires.
Pendant la période à venir, des efforts seront déployés pour transformer le pilote en accords de travail définitifs. Il existe également des possibilités d’approfondir la coopération en matière de retour avec le Maroc, notamment en ce qui concerne les délais et la continuité dans la délivrance des laissez-passer.
Par ailleurs, les chiffres montrent que les ressortissants marocains continuent de se soustraire relativement souvent à la surveillance gouvernementale avant que des mesures de rétention ne soient prises. Cela est en partie dû aux exigences de motivation de plus en plus strictes pour l’application de la privation de liberté au fil des ans.
En ce qui concerne spécifiquement le nombre de Marocains en rétention administrative, une augmentation notable a été observée en 2022 et surtout en 2023. Cela découle de l’amélioration de la coopération en matière de retour et, par conséquent, de la décision du Conseil d’État en octobre 2022 selon laquelle il y avait à nouveau suffisamment de perspectives d’expulsion vers le Maroc. Cela marque la fin d’une période d’un an et demi (d’avril 2021 à octobre 2022) pendant laquelle, sur indication du Conseil d’État, aucune perspective d’expulsion vers le Maroc n’était envisagée.
Visite de travail en Égypte
Les 2 et 3 octobre derniers, j’ai effectué une visite de travail en Égypte pour renforcer davantage le partenariat migratoire avec ce pays. J’ai rencontré le ministre des Affaires étrangères égyptien, le ministre du Développement local, le ministre de l’Émigration ainsi qu’un vice-ministre de l’Intérieur. Les discussions ont eu lieu avant l’attaque par le Hamas contre Israël, et le rapport ci-dessous reflète donc le contexte tel qu’il existait avant cette attaque.
L’Égypte est une destination importante pour les migrants dans la région et accueille de nombreux réfugiés en provenance de pays comme la Syrie, le Soudan, le Soudan du Sud, l’Érythrée, l’Éthiopie et le Yémen. On estime qu’il y a au total 9 millions de migrants, dont plus de 1 million sont vulnérables. Parmi ces 9 millions de personnes, on compte également 374 000 réfugiés. Depuis le début de la guerre au Soudan, l’Égypte abrite également plus de 320 000 personnes ayant fui le conflit – ces chiffres continuent d’augmenter.
Une part importante de l’engagement des Pays-Bas en Égypte concerne l’accueil dans la région à travers le partenariat PROSPECTS et le soutien financier aux organisations locales qui aident les réfugiés et les migrants vulnérables. Les Pays-Bas contribuent également à la réinstallation des réfugiés depuis l’Égypte. Par ailleurs, l’Égypte est un partenaire crucial en tant que pays d’origine et de transit pour les mouvements migratoires vers l’Europe – selon les données les plus récentes, les Égyptiens figurent parmi les cinq premières nationalités arrivées en Italie en 2023.
La coopération européenne avec l’Égypte dans le domaine de la migration a été discutée par les deux parties. La coopération bilatérale entre les Pays-Bas et l’Égypte se déroule dans le cadre d’une « Déclaration d’intention » sur la coopération en matière de migration, conclue en septembre 2021 par le précédent gouvernement avec l’Égypte.
Cette visite visait à souligner la bonne relation entre l’Égypte et les Pays-Bas, à discuter de la situation migratoire en Égypte et dans la région plus large, ainsi qu’à examiner l’état d’avancement de la coopération en matière de migration. À cet égard, les Pays-Bas et l’Égypte ont convenu de renforcer leur coopération en matière de lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite, de gestion des frontières, de retour et de traitement des causes profondes, de renforcement de la coopération sur le retour, de réinstallation, d’échange de connaissances sur la migration légale et l’emploi. Dans ce cadre, l’Égypte a spécifiquement souligné la nécessité d’investir dans l’économie et le développement du pays, dans un contexte de détérioration de la situation économique. Les droits de l’homme ont également été abordés au cours des discussions.
La Secrétaire d’État à la Justice et à la Sécurité,
E. van der Burg
Pays Bas
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