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Tout à coup, je me suis retrouvé dans l’avion gouvernemental, pour une excursion d’une journée au Maroc. La ministre Dilan Yesilgöz et sa suite y ont signé la semaine dernière le traité d’extradition tant attendu, dans une salle spacieuse du ministère de la Justice à Rabat. Dans la disposition habituelle, assis entre les drapeaux sous une photo grandeur nature du roi Mohammed VI.
L’atmosphère était étonnamment détendue par rapport aux occasions précédentes où j’avais été en mission officielle au Maroc. Les parties se tâtaient alors prudemment pour ne pas perturber les relations diplomatiques encore fragiles.
Nous avions déjà un traité depuis 2010 qui permettait l’échange de dossiers criminels majeurs. Et j’ai assisté à Tanger au procès du vingtenaire amsterdamois Hamza B., réfugié au Maroc, pour son rôle dans le double meurtre dans le quartier Staatsliedenbuurt fin 2012. Il a finalement écopé de vingt ans (ses deux complices ont été condamnés à perpétuité aux Pays-Bas).
Il y avait déjà une tension lors de ces rencontres. Les enquêteurs m’ont raconté comment ils s’étaient rendus au Maroc pour discuter des dossiers de la fusillade de l’Ouest sauvage, mais ils ont été interpellés de manière inattendue sur une manœuvre indésirable du gouvernement néerlandais, qui avait résilié un traité sur les prestations sociales en 2014. Quoi?!
D’après une vérification rapide des nouvelles, ils ont compris que les Marocains néerlandais qui étaient retournés dans leur pays pour leur retraite ne recevaient plus intégralement leur allocation néerlandaise – et que le gouvernement marocain considérait cela comme un acte « inamical ». Les enquêteurs stupéfaits devaient, d’une certaine manière, justifier cela avant de pouvoir commencer leur travail.
Des réactions similaires ont eu lieu en raison du soutien néerlandais aux manifestants du Rif, qui luttaient pour de meilleures conditions de santé, d’éducation et d’emploi dans les montagnes du Nord du Maroc depuis 2016. Le gouvernement marocain n’aimait pas du tout que les Pays-Bas soutiennent les activistes, ont compris les enquêteurs – qui pensaient encore pouvoir discuter de leur affaire de meurtre.
Le traité d’extradition récemment conclu est le fruit de contacts diplomatiques intensifs. J’ai compris dans cet avion gouvernemental et à Rabat que, pour les Pays-Bas, les extraditions ne sont pas la priorité,. En effet, le Maroc ne livrera toujours pas les suspects ou condamnés qui ont également la nationalité marocaine en plus de la nationalité néerlandaise. L’accent est surtout mis sur l’amélioration des liens administratifs et gouvernementaux de manière à coopérer efficacement contre le blanchiment d’argent, la banque souterraine, et à pouvoir saisir des biens immobiliers, par exemple.
On m’a dit que les Pays-Bas font confiance pour l’instant à ce que le Maroc garantisse suffisamment les droits de l’homme des détenus néerlandais. C’est intéressant, car les techniques d’interrogatoire marocaines sont tristement célèbres parmi nos criminels. Les suspects qui ne disent guère plus que « droit de garder le silence » aux Pays-Bas chantent comme des canaris après leur arrestation au Maroc, c’est connu.
Nous verrons combien de temps il faudra avant que la première polémique n’éclate à ce sujet.
Source : Parool.nl
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