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par Mohamed Mehdi
Le nombre de victimes des bombardements israéliens s’est élevé, dimanche 142e jour de l’agression contre Ghaza, à 29.692 martyrs et 69.879 blessés depuis le 7 octobre dernier, a indiqué, hier, le ministère de la Santé de l’enclave, précisant que les forces d’occupation sionistes ont commis, la veille, 7 massacres faisant 86 martyrs et 131 blessés.
Hier, l’armée d’occupation a commis de nouveaux massacres, dans plusieurs régions de l’enclave assiégée, visant des zones résidentielles, et détruit des équipements municipaux au nord de Ghaza. Sur le plan humanitaire, la situation à Ghaza se détériore davantage en raison de l’interdiction de l’acheminement des aides alimentaires. Mais c’est dans le nord de Ghaza, où les aides sont bloquées depuis décembre dernier par l’armée israélienne, que la famine s’intensifie.
Dimanche, les correspondants d’Al Jazeera ont rapporté plusieurs massacres, notamment dans la ville de Gaza, Beit Lahia et Jabalia (au nord), ainsi qu’à Khan Younes et Rafah (au sud).
Au nord de Ghaza, un bombardement israélien a visé une maison de la famille Qashqash dans le quartier Shaima à Beit Lahia, faisant de nombreux martyrs et blessés, et incendiant un entrepôt de médicaments et un autre d’appareils électriques, indique un correspondant d’Al Jazeera.
Dans la ville de Ghaza, hier, des bombardements depuis l’aube ont fait 5 martyrs, dont 2 enfants, et 32 blessés. Selon Al Jazeera, l’aviation d’occupation israélienne a bombardé une maison de la famille Kali, dans le quartier d’Al-Sabra, dans la ville de Ghaza. La même source a indiqué que les services de la Protection civile ont réussi à extraire les blessés, dont un enfant, des décombres de la maison.
De violents raids sionistes ont ciblé également le quartier d’Al-Zaytoun, au sud-est de la ville de Ghaza, alors que les unités du génie de l’armée israélienne ont fait exploser un certain nombre de maisons dans le même quartier qui a été, samedi et dimanche, le théâtre de violents combats entre la résistance palestinienne et l’armée d’occupation.
Les bombardements israéliens sur des habitations du quartier Al-Zaytoun ont fait pas moins de 7 martyrs et de 62 blessés, a rapporté un correspondant d’Al Jazeera.
A Khan Younes, au sud de l’enclave, les corps de 6 martyrs ont été retrouvés, hier, dans la région d’Al-Satar, à l’est de la ville. Deux autres corps de martyrs ont été récupérés plus tôt par les équipes de la Protection civile, à l’ouest de Khan Younes.
Pour sa part, la chaîne satellite Al-Aqsa’ a indiqué que l’artillerie d’occupation israélienne a bombardé pendant des heures les zones orientales du gouvernorat de Khan Younes.
A Rafah, au sud de Ghaza, un correspondant d’Al Jazeera a rapporté qu’un bombardement de l’aviation israélienne, qui a visé une maison, samedi soir, a fait 8 martyrs et plusieurs blessés. L’aviation sioniste a également bombardé un site proche de la frontière égypto-palestinienne, au sud de Rafah, ainsi que des terres agricoles dans le quartier du Brésil, au sud de la ville.
Selon Al Jazeera, les avions de l’occupation ont bombardé des équipements de déblayage, des bulldozers, des excavatrices et autres machines, dans le garage du siège de la municipalité de Ghaza. La même source indique, citant responsable de la municipalité de Ghaza, que les forces d’occupation avaient détruit 125 véhicules municipaux depuis le début de la guerre, rendant impossible de fournir les services de base aux citoyens, comme l’entretien des conduites d’eau et d’égouts, le transport des déchets, l’ouverture de routes et surtout de déplacer les décombres des édifices bombardés.
2.000 camions d’aides humanitaires bloqués
« Des images aériennes montrent plus de 2.000 camions d’aides humanitaires du côté égyptien du terminal de Rafah », a indiqué hier Al Jazeera English. Ceci au moment où des centaines de milliers de Palestiniens du nord de Ghaza meurent littéralement de famine. Et ceux qui tentent de chercher de la nourriture dans ce qui reste des terres agricoles, bombardées des centaines de fois en près de 5 mois, sont ciblés par des tireurs d’élite de l’armée israélienne. C’est le cas à Beit Lahia, dans le nord de Ghaza, où deux sœurs affamées en quête de nourriture ont été ciblées par des snipers tuant l’une d’elles.
« Des images et des témoignages ont documenté le ciblage par l’armée israélienne de deux sœurs palestiniennes alors qu’elles cherchaient de la nourriture sur des terres agricoles à Beit Lahia », a indiqué dimanche Al Jazeera English (AJE).
La même source précise que « l’attaque a tué Hadeel Aghlais, dont le corps a été transporté sur un chariot remorqué, alors que sa sœur, Iman Aghlais, a survécu ».
« Un enfant, témoin de la fusillade, a raconté que Hadeel avait reçu deux balles, au cœur et à la mâchoire », soulignant que « la faim obligeait les sœurs à se rendre dans une zone dangereuse pour obtenir de la nourriture », ajoute AJE.
Dimanche, un bébé palestinien de deux mois est mort de faim dans le nord de Ghaza, selon des médias palestiniens.
Al Jazeera a rapporté que des milliers de personnes attendaient, hier, une éventuelle livraison de farine près de la ville de Ghaza. « Les Palestiniens font la chaîne, dans la zone, depuis les premières heures de la matinée », ajoute la même source, citant des images examinées par l’agence de vérification des faits Sanad d’Al Jazeera.
De son côté, Samer Abdeljaber, directeur des Urgences du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, a affirmé, hier, qu’il y a « suffisamment de nourriture stockée aux frontières de Ghaza pour nourrir l’ensemble de la population », mais que ces stocks « ne peuvent pas être acheminés en toute sécurité » en raison des bombardements et des contrôles de sécurité israéliens.
« Nous avons suffisamment de nourriture aux frontières, même en provenance de Jordanie et d’Égypte, pour subvenir aux besoins de 2,2 millions de personnes. Mais nous devons nous assurer que nous avons le bon accès à Ghaza à partir des différents points de passage afin que nous puissions réellement atteindre les gens – qu’ils soient au nord, au sud ou dans les zones centrales », a déclaré M Abdeljaber à Al Jazeera.
Famine à Ghaza : Etrange silence de Mme Sigrid Kaag
« La Coordonnatrice humanitaire des Nations unies doit dénoncer la famine dans le nord de la bande de Ghaza et dans la ville de Ghaza », a déclaré l’ONG Euro-Med Human Rights Monitor mercredi dernier, exprimant sa « profonde préoccupation face à ce silence inexpliqué à cette situation catastrophique ».
Euro-Med Human Rights Monitor a estimé que « malgré des rapports alarmants faisant état de famine, d’une insécurité alimentaire aiguë et d’une malnutrition croissante parmi les enfants, les femmes enceintes et allaitantes et d’autres populations vulnérables à travers la bande de Ghaza, Mme. Kaag n’a pas exercé suffisamment de pression sur la Communauté internationale pour attirer l’attention et résoudre la grave crise humanitaire ».
« Bien que Mme Kaag a commenté publiquement la situation dans le sud de Ghaza et la menace d’une invasion israélienne imminente de Rafah. Ce commentaire est loin d’aborder la crise particulièrement préoccupante dans le nord de Ghaza, qui laisse présager une catastrophe humanitaire aux proportions épiques », ajoute le communiqué de l’ONG.
Euro-Med Monitor rappelle que, selon l’ONU, « un enfant de moins de deux ans sur six, souffre de malnutrition aiguë dans cette région, certains souffrant d’émaciation sévère, la forme de malnutrition la plus mortelle, qui expose les jeunes enfants à un risque plus élevé de complications médicales et de décès ». Le communiqué affirme également que « l’équipe d’Euro-Med Monitor a documenté plusieurs cas de personnes, y compris d’enfants, voire de nourrissons morts de faim » au nord de Ghaza.
L’ONG dénonce « l’obstruction délibérée de l’aide par les autorités israéliennes, combinée aux bombardements systématiques, au siège de l’ensemble de la population, à la destruction et aux dégâts de plus de 70 % de toutes les maisons de la bande de Ghaza », ajoutant que les « attaques ciblées contre les responsables du gouvernement local, ont exacerbé la souffrance des civils et la création de ce que les experts israéliens eux-mêmes appellent une « zone de la mort ».
Pour Euro-Med Monitor, « l’incapacité de Kaag à plaider publiquement ou à exercer des pressions sur Israël pour garantir un accès sans entrave à l’aide soulève de sérieuses questions sur son engagement à remplir son mandat de coordonnatrice humanitaire et de reconstruction des Nations unies pour Ghaza ».
L’ONG a également critiqué « l’engagement récent de Mme Kaag avec les autorités israéliennes, notamment en posant pour une photo souriante avec le coordinateur israélien des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), le général de division Ghassan Alian » qui a « notoirement menacé de faire de la vie de la population de Ghaza un enfer et de la priver d’eau, de carburant, d’électricité et de nourriture ».
Le Quotidien d’Oran, 26/02/2024
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