Gaza-Israël : La CIJ revient à la charge

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Au bout de deux mois, la Cour internationale de justice est revenue sur le devant de la scène pour adresser ce jeudi à Israël les mêmes ordres pour l’essentiel que précédemment, qui sont  de mettre fin à des actes d’une grande sauvagerie. Car s’ils devaient se poursuivre, ils la conduiraient à faire un pas supplémentaire vers sa condamnation définitive pour génocide.

Comme dans deux autres mois, ou peut-être dans un intervalle de temps plus court, il est quasi certain qu’elle revienne à la charge avec les mêmes injonctions, Israël n’ayant de toute évidence aucune intention de s’y soumettre, on peut en tirer la conclusion que son action ne sera d’aucune aide pour la population de Ghaza, dont les souffrances se poursuivront quoi qu’elle dise ou fasse.

Si elle n’y peut rien, ce n’est pas parce qu’elle reste indécise sur la qualification à donner aux actes soumis à son appréciation, car à cet égard il semble bien que son opinion soit faite, et cela dès lors qu’elle a jugé recevable la requête de l’Afrique du sud, ce qui remonte déjà non pas à deux mais à trois mois, mais parce que contrairement à une cour locale, elle n’a pour se faire obéir nulle force armée à sa disposition, et qu’il lui suffit le cas échéant d’envoyer sur le criminel récalcitrant.

Ses décisions ont vocation à s’imposer à tout le monde, au pays condamné comme au reste de la communauté internationale, tenue quant à elle d’en tenir compte dans ses rapports avec le coupable nommé, sauf qu’il ne dépend pas d’elle qu’elles soient appliquées, mais en dernier recours au bon vouloir des puissances. Le droit non appuyé sur le pouvoir de la contrainte en est-il encore un ? La tentation est grande de répondre par non. Non la Cour internationale de justice, pour prestigieuse et respectée qu’elle soit, semble impuissante à arrêter Israël, dès lors que ses alliés, les Etats-Unis en tête, sont eux déterminés à le laisser faire, considérant que depuis le 7 octobre il ne fait que se défendre.

A sa place eux-mêmes s’y seraient pris autrement, du moins le suppose-t-on. Ils auraient notamment fait en sorte qu’il y ait moins de morts et de blessés civils et moins de destructions dans les infrastructures vitales qu’il n’en cause pour sa part, pour autant ses excès n’annihilent pas pour eux son droit à la légitime défense.

Cette position des Occidentaux était déjà la leur, il y a deux mois, et même il y en a trois. On voit bien cependant qu’elle ne donne guère de la voix aujourd’hui. C’est que les opinions occidentales et les autres à travers le monde sont sensibles au discours du droit, davantage encore quand celui-ci n’a pas une force de contrainte sous la main pour être entendu.

Plus les institutions comme la CIJ, et autres organismes voués à la défense des victimes, semblent impuissants devant le déchaînement de brutalité, plus grand est leur crédit dans le monde. Le crime est  tonitruant, le droit est insidieux. L’un tonne, l’autre murmure, parce que  s’adressant aux consciences, qui  n’aiment pas être bousculées.

Mais au final, c’est lui qui emporte la bataille décisive, celle de l’opinion. C’est précisément elle qu’Israël a déjà perdue, une défaite dont il ne prend pas encore toute la mesure, dans l’idée que se compte toujours, c’est la force brute, le pouvoir de dévaster, de détruire, de réduire à néant. Une guerre qu’il n’a pas gagnée au bout se six mois, c’en est une qu’il ne gagnera pas même si elle doit continuer six autres mois. Il a déjà perdu, mais il ne le sait pas encore, au contraire des Américains et de ses autres alliés, qui eux ne sont plus guère d’illusions à cet égard. Une guerre, ce n’est pas seulement sur le terrain militaire qu’elle se mène.

Mohamed Habili

Le Jour d’Algérie, 29/03/2024

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