France-Algérie : Un autre petit pas

Etiquettes : France, Algérie, massacre du 17 octobre 1961, Emmanuel Macron, Guerre d’Algérie, mémoire,

par Abdelkrim Zerzouri

L’adoption par l’Assemblée nationale française, jeudi 28 mars, d’une résolution reconnaissant et condamnant le «massacre des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris» est un pas vers la réconciliation des mémoires.

Rappelons-nous dans ce contexte que, pour une première, le président Macron avait fait ce « petit pas », le 17 octobre 2021, dans le cadre de l’apaisement des mémoires, en participant à une cérémonie en mémoire des victimes à Colombes (Hauts-de-Seine) au pied du pont de Bezons, où furent repêchés plusieurs corps d’Algériens jetés dans les eaux glaciales de la Seine.

Quelques élus locaux, des représentants associatifs et cinq enfants et petits-enfants des victimes de ce déchaînement de violences policières jamais vécu en Europe occidentale dans l’histoire contemporaine, selon des historiens, contre des Algériens qui ont investi la rue pour protester de manière pacifique contre la mise en place d’un couvre-feu appliqué aux seuls «Français musulmans d’Algérie», la cérémonie n’a pas manqué de déclencher des critiques acerbes de l’extrême droite. Contraignant Macron au recul, et ne plus y participer dans les années qui suivirent, en 2022 et 2023. Avant de revenir en 2024 et faire passer à l’Assemblée nationale une résolution reconnaissant et condamnant le «massacre des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris».

Certains demandent au président Macron d’aller plus loin encore, vers une reconnaissance du ‘Mensonge d’Etat’ et du ‘Crime d’Etat’ dans cette histoire d’une nuit à Paris, qui a dévoilé le visage hideux de la France coloniale. 12.000 personnes ont été arrêtées durant cette nuit des horreurs, et jusqu’à 200 morts ont été déplorés, alors que les bilans officiels de l’époque, et même longtemps après, ont minimisé, voire ignoré, l’ampleur de la tragédie du 17 octobre 1961.

C’est là que ressort en clair le ‘Mensonge d’Etat’, qu’on n’a pas encore reconnu et condamné tout comme la reconnaissance du Crime d’Etat qui en découle. Sans valeur contraignante pour l’exécutif, mais à forte valeur symbolique, le texte de la résolution qui «condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police, Maurice Papon, le 17 octobre 1961″, souhaite, en outre, »l’inscription d’une journée de commémoration du massacre» à l’agenda des journées officielles et des cérémonies nationales.

Mais, comme l’a suggéré la ministre déléguée du gouvernement français, Dominique Faure, cela devrait attendre l’aboutissement du travail de la Commission mixte d’historiens indépendants, algériens et français, dont la création a été décidée dans le sillage de la visite du président Macron en Algérie, en août 2022. Sera-t-il à la hauteur des espoirs, ce travail qui se penche sur les 132 ans de la période coloniale pour nous donner un livre d’Histoire ouvert sur la vérité ?

Le Quotidien d’Oran, 30/03/32024

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