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Les récentes déclarations du ministre français du commerce concernant d’éventuels investissements de son pays dans les territoires sahraouis occupés risquent-elles d’impacter la prochaine visite de Tebboune en France ? S’il faut se garder de tirer des conclusions hâtives, il reste que cette visite, maintes fois reportée, ne s’annonce pas sous de bons auspices. Signe du début des turbulences : la réaction virulente de certains journaux algériens, proche de certains cercles du pouvoir, aux déclarations de Franck Riester.
Sous le titre « Les vieux démons de la colonisation sont de retour », le journal francophone « Le Soir d’Algérie » a estimé que le rapprochement entre Paris et Rabat semble se faire aux dépens de la question du Sahara occidental. Pour ce journal, « l’ancien colonisateur et l’actuel occupant des territoires sahraouis ont visiblement trouvé des points communs et comptent, sans scrupules, investir au Sahara occidental, pays pour la libération duquel se bat le peuple sahraoui ». « Ni le statut de pays sous occupation ni encore moins la lutte des Sahraouis pour leur indépendance ne semblent freiner la France, ancienne puissance coloniale qui s’allie ainsi à l’unique pays colonisateur en Afrique », a encore écrit l’auteur du texte.
De son côté, le journal « Al-Khabar » estime que « Paris cherche à se débarrasser de son étiquette coloniale, en présentant des excuses et en reconnaissant les torts envers plusieurs peuples du continent africain, expiation pour les péchés commis à l’égard de leurs ancêtres qui ont été exterminés, asservis et exploités dans des travaux forcés pendant des décennies ». «Il semble que la nostalgie pour ces pratiques soit plus forte que toute tentative de réveiller la conscience, surtout dans le contexte des tiraillements intéressés et des revers subis après avoir été chassée de plusieurs pays africains qui faisaient partie du giron colonial de « France-Afrique », relève le quotidien arabophone. D’autres médias ont également tiré à boulets rouges sur les responsables français.
En visite au Maroc, il y a quelques jours, le ministre français a assuré que la France est prête à investir aux côtés du Maroc au Sahara occidental, territoire revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario. « Nous devons faire en sorte de travailler ensemble, nous avons des intérêts communs », a-t-il indiqué à des journalistes à la Chambre française de commerce et d’industrie de Casablanca, disant vouloir travailler « au rebond de la relation ».
Peu avant lui, le ministre des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, avait réitéré « le soutien clair et constant de la France » au plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007, mais en bornant la marge de manœuvre française aux « dispositions du Conseil de sécurité des Nations unies ».
Ces sorties, loin d’être innocentes, révèlent aux yeux de certains observateurs le penchant de certains lobbys en France de privilégier le Maroc au détriment de l’Algérie, quitte à provoquer une crise diplomatique avec cette dernière. Sinon comment expliquer ces déclarations alors que la France officielle connait l’intransigeance de l’Algérie concernant la question sahraouie. Et comment expliquer le choix du timing dans un contexte de forte tension entre Alger et Rabat ?
Dans l’absolu, la visite qui concerne d’abord des questions bilatérales peut ne pas faire cas des déclarations de ces responsables du moment qu’Emanuel Macron ne s’est pas exprimé. Mais, c’est considérer l’existence de divergences au sein de l’exécutif français. Ce qui est peu probable lorsqu’il s’agit de la politique étrangère. C’est dire que l’attitude de ces responsables peut s’inscrire dans cette volonté, non affichée, de torpiller la visite de Tebboune en France.
Source : Radio M, 08/04/2024
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