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par Abdelkrim Zerzouri
Il y a trente ans, le monde suivait dans un silence complice le génocide des Tutsis au Rwanda. Maintenant, le monde suit avec effroi le génocide qui se déroule à Ghaza. L’humanisme est-il condamné à trouver sa place dans les commémorations des génocides, au lieu de se mobiliser pour y mettre fin à temps et éviter que ces génocides soient ancrés dans les mémoires collectives ? Trop tard, aujourd’hui, de faire quelque chose pour le million de victimes Tutsis massacrées par d’autres Rwandais, sauf prier pour que cela ne se reproduise plus au Rwanda et partout à travers le monde. Le génocide ne s’oublie pas.
Trente ans après cette triste période dans l’histoire du Rwanda, les Rwandais n’ont pas oublié, n’ont rien oublié. Ils n’ont surtout pas oublié le silence de la communauté internationale, qui savait tout ce qui se passait dans ce pays mais « a laissé faire ». Le péril génocidaire est une affaire du présent, avait lancé le président rwandais dans son discours à l’occasion de la commémoration du trentième anniversaire du génocide au Rwanda. Un membre du gouvernement rwandais évoquait dans ce contexte des événements qui se déroulent dans l’environnement immédiat de son pays, une situation semblable à celle qui prévalait entre 1990 et 1994, comme il a tenu à le préciser, s’interrogeant si « on cherche un autre million de morts ? ». Mais, ce n’est plus le même contexte qui a permis le massacre à grande échelle des Rwandais, a laissé entendre le président rwandais, soulignant dans ce sens que le « le Rwanda prend toutes ses responsabilités pour sa propre sécurité. Nous y aurons toujours une attention maximale, même si nous sommes seuls ».
La solitude des victimes et des survivants du génocide
Le génocide est une affaire du présent, cela signifie pour d’autres défenseurs des droits des Palestiniens, le génocide qui se déroule ‘in live’ sous nos yeux à Ghaza. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, qui n’a pas raté l’occasion de « réitérer la solidarité permanente de l’Algérie avec la République du Rwanda», a souligné « l’impératif de mettre en avant les enseignements tirés de la douloureuse expérience qu’a traversée ce pays frère pour contrer la guerre génocidaire menée par l’occupation israélienne contre le peuple palestinien dans la bande de Ghaza ». Comment ne pas faire le parallèle entre les génocides qui ont marqué l’histoire avec ce qui se passe à Ghaza ?
A la différence près, faut-il le souligner, la communauté internationale dans sa majorité, excepté cinq ou six pays, tente par tous les moyens de mettre fin aux massacres des civils palestiniens par l’armée israélienne, malheureusement sans y parvenir jusqu’à présent. Ce qui suscite une autre interrogation, est-ce que rien ne peut arrêter les génocides avant qu’il ne soit trop tard, et assister impuissamment à leur inscription dans le triste registre commémoratif des atrocités commises par des humains contre leurs semblables ? Malgré la difficulté de la tâche, la communauté internationale continue à déployer des efforts pour que le génocide à Ghaza n’aille pas plus loin encore, et qu’on n’ait plus à commémorer ce genre d’événement trente ou quarante ans après.
Le Quotidien d’Oran, 09/04/2024
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