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Par Samir Leslous
Pour pallier la paralysie qui frappe la coordination économique, politique et diplomatique dans l’espace maghrébin depuis la mort clinique de l’UMA, il y a une trentaine d’années, l’Algérie, la Tunisie et la Libye viennent de trouver la parade idoine en donnant naissance à un corps nouveau. Vivant et prometteur surtout. La première réunion tenue par les dirigeants des trois pays à Carthage vient, en effet, de sceller une union stratégique et de poser les jalons fondateurs d’un nouveau bloc dont la région a grandement besoin pour faire face aux défis de l’heure à tous les niveaux.
Cette première réunion consultative, tenue le 22 avril à Tunis, a désormais tracé la voie à de nouvelles perspectives de coopération économique, politique, sécuritaire et diplomatique entre ces trois pays dont les dirigeants ont fait montre d’une détermination partagée d’intensifier les efforts pour faire de ce nouveau bloc une force qui puisse peser sur l’échiquier et faire entendre sa voix au triple plan régional, continental et international.
Comment le makhzen a paralysé l’UMA
Cette nouvelle approche mise en branle par les trois voisins vient, si besoin est, confirmer une conviction profonde de la quasi-impossibilité de réanimer le cadavre de l’UMA qui est réduite à une coquille vide que le Maroc tente, au besoin, de manipuler à travers son secrétariat général qu’il maintient encore sous perfusion. Autrement, cela fait déjà bientôt trente ans que l’UMA est frappée de paralysie et qu’elle n’est plus en mesure de répondre aux objectifs qui lui ont été assignés à sa création. Une paralysie provoquée par le makhzen marocain, comme l’a rappelé hier l’agence officielle APS.
«A l’époque, le ministre marocain des affaires étrangères, Filali, avait annoncé le gel de l’UMA et, depuis, toutes les institutions de l’UMA ont été désactivées, à l’exception du secrétariat général de cette « union » mis sous le contrôle du makhzen. Payé et utilisé par le makhzen, selon le besoin pour légitimer ses actions par un pseudo-accord de l’UMA», a-t-elle rappelé, précisant que ledit ministre marocain avait «saisi par écrit ses homologues de l’UMA pour leur signifier le gel de l’union maghrébine». Mais voilà que désormais ce diktat a pris fin avec la constitution de cette nouvelle entité régionale née de l’appel lancé par Abdelmadjid Tebboune, à l’occasion du forum des chefs d’Etat des pays exportateurs de gaz organisé à Alger en mars dernier, à ses homologues tunisien et libyen les invitant à réfléchir à une autre voie.
A ce titre, il y a lieu de rappeler que le ministre des affaires étrangères Ahmed Attaf, qui rencontrait la presse jeudi dernier, avait affirmé que le président de la République «a envisagé cette initiative depuis longtemps et l’a évoquée avec les dirigeants des pays du Maghreb et leurs ministres des affaires étrangères lors de leurs différentes visites dans notre pays». Seulement, pour Attaf, tout comme pour les trois dirigeants qui ont pris part au sommet de Tunis, cette initiative «n’est dirigée contre personne» et que son lancement répond plutôt à un besoin et des défis communs des plus réels.
Défis géostratégiques
Lors de sa conférence, Attaf avait d’ailleurs commencé par faire remarquer que «l’Afrique du Nord et le Maghreb sont pratiquement la seule région au monde dépourvue d’un mécanisme de consultation régulière et périodique entre les pays de cet espace». Le chef de la diplomatie algérienne a également souligné que «la région du Maghreb compte des dossiers qui font l’actualité internationale, comme le dossier libyen et celui de la région sahélo-saharienne», et qu’il n’est pas normal que «tous les pays s’immiscent dans ces dossiers, sauf ceux de la région, qui sont pourtant les premiers concernés». A ce titre, ce nouveau bloc se fixe désormais l’ambition de s’ériger en partenaire unifié, fiable et crédible dans toutes les questions qui engagent la région.
Parallèlement aux défis géostratégiques, c’est aussi les questions qui impactent directement la vie des peuples des trois pays qui sous-tendent cette initiative commune de leurs dirigeants. Il s’agit notamment de quatre principaux dossiers, à savoir le développement des régions frontalières, l’énergie, la sécurité alimentaire et la levée des entraves aux échanges commerciaux. Des axes qui s’inscrivent dans la continuité des initiatives lancées par Abdelmadjid Tebboune, à l’instar des zones de libre-échange, des accords de coopération sécuritaire, d’investissement et autres.
En tout cas, à moins de deux semaines de son lancement, cette nouvelle alliance, que la Mauritanie finira probablement par rejoindre, porte déjà ses premiers fruits avec notamment la signature d’un accord sur la question cruciale de la gestion des eaux souterraines communes à ces trois pays dans le Sahara. Ce n’est visiblement que le début.
L’Algérie aujourd’hui, 30/04/2024
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