La négociation du point de vue israélien

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La logique voudrait que lorsque des négociations se déroulent, quelles qu’elles soient d’ailleurs, directes ou indirectes, et qu’elles ont des chances d’aboutir, les hostilités tendent du moins à baisser d’intensité, si elles ne s’arrêtent pas tout à fait, ce qui le cas échéant serait le meilleur signe qu’elles sont en train de prendre une tournure favorable. On n’a rien vu de tel dans le cas de la guerre à Ghaza, où bien au contraire on constate une recrudescence des bombardements israéliens à chaque round de négociation.

On en connait la véritable raison. C’est clairement le désir d’Israël de montrer qu’il n’est possible d’obtenir des concessions de la part du Hamas qu’en exerçant davantage de pression militaire sur lui. Ce qui s’obtient non pas en tuant plus de ses combattants, mais en massacrant plus de civils palestiniens parallèlement à ces négociations, en plus du recours à d’autres armes non moins mortelles, comme celles consistant à créer les conditions d’une pénurie de nourriture et d’eau, et d’une façon générale de tout ce qui est nécessaire à la survie.

Le round de négociation en cours n’est pas pour démentir cette règle, au contraire il la vérifie d’autant plus qu’on tend à voir en lui celui de la dernière chance, et qui pour cela même devrait déboucher sur un accord. De fait, les tueries se poursuivent comme si de rien n’était, comme si ce round, qui se tient au Caire, qui en est à sa fin, lui aussi était condamné à l’échec.

Ce que veut le pouvoir actuel en Israël, c’est montrer, notamment pour des raisons de politique interne, que seule la manière forte est payante avec le Hamas, que si en fin de compte il y a récupération des captifs, ce n’est pas à la négociation qu’on le doit mais à la fermeté et à la supériorité militaire. Toute seule la négociation ne donnerait rien, sauf le pire pour Israël, c’est-à-dire la reconnaissance de fait du Hamas. Israël poursuit deux buts dans cette guerre, qui sont la libération de ses captifs et l’éradication du Hamas, et avec lui celle de toute la résistance palestinienne.

Pendant tous ces de guerre mois passés, on peut dire que sa priorité n’a pas été la libération des détenus mais l’élimination du Hamas. Il se trouve que cet objectif est encore loin d’être réalisé. Comme de plus aucune guerre menée antérieurement par lui n’avait pris autant de temps, beaucoup d’Israéliens, et d’abord les familles des détenus, en sont arrivés à la conclusion que tout simplement elle n’était pas gagnable, en tout cas pas dans un délai raisonnable, et qu’il fallait donc s’en remettre à la négociation pour obtenir la libération des otages et prisonniers, comme ce fut le cas vers la fin de l’année dernière, avec le succès que l’on sait.

Autrement dit, le temps serait arrivé de changer de priorité. Cette même partie de l’opinion israélienne, dont la pression s’est accrue ces derniers temps, ne le dit pas explicitement, mais on sent bien qu’elle tient elle aussi tout autant à la réalisation de l’autre objectif de guerre : l’élimination du Hamas. Faisons d’abord libérer nos détenus, laisse-t-elle assez clairement entendre, sortons-les des tunnels de Ghaza, tirons-les des griffes du Hamas, sauvons-les, et une fois cela obtenu, rien n’empêchera de reprendre la guerre, et alors sans crainte sur le sort de nos prisonniers.

Le Jour d’Algérie, 04/05/2024

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