L’Afrique pour la création d’une Agence de notation africaine

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par Abdelkrim Zerzouri

L’Afrique veut se passer des Agences de notation financière. Après avoir dénoncé une «maltraitance» de la part de ces agences, en l’occurrence Moody’s, Fitch et Standard & Poor’s, toutes les trois basées aux Etats-Unis, qui évaluent les risques crédits, et qui font référence pour les institutions financières internationales quand il s’agit de prêter de l’argent, poussant les taux d’intérêts à la hausse lorsque le pays est mal noté ou fermant carrément l’accès aux prêts pour certains pays jugés en situation d’incapacité de remboursement des dettes, l’Afrique prône désormais la création d’une Agence de notation africaine.

C’est l’appel qui a été lancé, vendredi 31 mai, par le Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement (BAD), estimant, dans ce contexte, que la création d’une Agence de notation africaine est nécessaire «pour une évaluation juste et appropriée des opérations souveraines et non souveraines au continent». Non sans préciser qu’il ne s’agit, en aucun cas, de concurrencer les agences de notation internationales, mais « d’instaurer une nouvelle culture d’évaluation qui prend en considération les différentes spécificités des économies africaines », dont les richesses naturelles des pays du continent africain, qui ne sont pas prises en compte, dans le calcul du PIB, et qu’il faut inclure dans le calcul pour donner une évaluation juste et objective des économies africaines.

Les Agences internationales de notation financière, elles, ne veulent pas entendre parler de maltraitance ou d’un manque d’équité sur le plan des notations des pays africains, voulant pour preuve que certains pays en Afrique sont bien notés. «Nous travaillons sur des situations concrètes, nous analysons profondément tous les détails avant d’établir la notation», se sont défendus des responsables des agences en question. Un dialogue de sourds entre la BAD et les Agences internationales de notation financière ? Selon toute vraisemblance, les deux parties ne peuvent pas se mettre d’accord, à propos d’un autre regard, à porter sur les économies des pays africains, et c’est pour cette raison que la BAD prône la création d’une Agence de notation financière africaine.

Reste maintenant à se demander de quel crédit bénéficierait cette agence de notation africaine ? Va-t-elle seulement mettre ses notations en confrontation avec celles établies par les trois agences internationales, et pour quel intérêt si à la fin le dernier mot reviendrait aux autres ? Les dirigeants des pays africains ont-ils les capacités de rivaliser avec les Moody’s, Fitch et Standard & Poor’s ? Sûrement que non, mais la création d’une agence de notation africaine apportera un autre son de cloche, une autre appréciation dénuée de tout intérêt ou intéressement. Et donc une notation beaucoup plus objective.

Aucune partie ne peut contester une économie émergente certifiée par un taux de croissance solide. Et l’Afrique regorge de richesses naturelles, qui peuvent effectivement doper le PIB. Ces richesses ne sont pas toujours suffisamment exploitées. Faute justement de moyens.

Le Quotidien d’Oran, 03/06/2024

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