Un chanteur marocain de raï derrière 77 faux mariages en Espagne

Bien que le Maroc et Israël n'aient pas encore achevé le processus de mise en place d'ambassades complètes dans les pays respectifs comme convenu, ils se sont rapprochés, signant un pacte de coopération en matière de défense.

Etiquettes : Maroc, Cheb Redouane, Redouane Tounzi, chanteur, raï, faux mariages, Espagne, Girone, migration,

Le chanteur marocain installé à Figuères a été arrêté et devra répondre d’un délit d’organisation d’immigration illégale.

Ce n’est pas le chanteur de raï le plus célèbre, loin de là, puisque sa notoriété n’a jamais dépassé les frontières de l’Espagne où il se produit régulièrement mais Redouane Tounzi, alias Cheb Redouane, fait parler de lui pour des suspicions d’organisation de circuits d’immigration illégale.

Installé dans la province de Gérone, le chanteur de 47 ans chantait le soir et organisait de faux mariages le jour, selon des informations du Diari de Girona.

Les nuits, il prenait le micro dans des karaokés et des salles de fêtes de Gérone, et enchantait la communauté marocaine avec des chansons traditionnelles de son pays. Le jour, il dirigeait l’organisation qui, selon la police, depuis plus de deux ans, arrangeait des unions de fait entre des immigrés irréguliers, à qui ils facturaient 12 000 euros, et des Espagnols qui acceptaient de s’inscrire et de se marier avec eux en échange de 8 000 euros.

Les enquêteurs pensent que Redouane Tounzi, ‘Cheb Redouane’ sur YouTube, ne donnait pas des concerts comme une couverture pour cacher son véritable mode de vie, mais profitait de la popularité de ses performances parmi la communauté marocaine installée en Catalogne pour « recruter » plus de clients pour son réseau.

Le Bertín Osborne marocain

« Il avait établi des contacts dans une communauté très nombreuse, surtout dans la province de Gérone, où il jouissait d’une certaine influence et tout le monde le connaissait. Son ‘business’ fonctionnait par le bouche-à-oreille, la nouvelle s’était répandue parmi les immigrés irréguliers et les Espagnols en difficulté économique prêts à participer à la fraude », indiquent des sources proches de l’enquête.

Le chanteur et influenceur, âgé de 47 ans et père de deux enfants, qui diffusait des vidéos de ses concerts sur les réseaux sociaux (l’un d’eux, un clip tourné dans les rues d’Empuriabrava et de Barcelone, a permis à la police de l’identifier), s’était installé dans un appartement à Figueres avec sa petite amie, également marocaine. Ils menaient une vie discrète, hormis le fait que Cheb Redouane « aimait se vanter et éveiller l’admiration en tant que chanteur, surtout auprès des femmes, il voulait devenir le Bertín Osborne marocain », selon les sources consultées par ce média.

BMW et voitures haut de gamme

En dehors de cela, le couple menait une vie normale : « aussi normale que possible en vivant dans un bon appartement sans payer de loyer ni d’hypothèque, en changeant constamment de voiture et en sortant en boîte et dans des lieux nocturnes, tout cela sans emploi légal connu », ajoutent-ils. Pendant les huit mois qu’il a été surveillé par la police, Tounzi « a acheté et vendu plusieurs voitures de luxe, de marques comme BMW ».

L’influenceur marocain et sa petite amie ont été arrêtés avec neuf autres personnes dans le cadre de l’opération Triangulo de la Police nationale après une enquête de huit mois menée par la Comisaría General de Extranjería y Fronteras. Pendant ce temps, selon les investigations, l’organisation dirigée par Tounzi a réussi à inscrire frauduleusement au moins 77 jeunes couples (pour attirer moins d’attention) dans différents registres de Catalogne, pour lesquels elle aurait perçu plus d’un million d’euros.

France et Belgique

Mais le réseau de Tounzi ne fonctionnait pas comme d’autres réseaux d’immigration illégale. L’homme avait innové, selon la police. Cheb Redouane avait son réseau de clients marocains en dehors de l’Espagne, en France et en Belgique. Les immigrés vivant dans ces pays et voulant régulariser leur situation, venaient chez nous, s’inscrivaient en union de fait avec un Espagnol ou une Espagnole, avec l’aide de Tounzi, et rentraient chez eux avec des papiers en règle ; ainsi, il était plus difficile de découvrir la fraude.

Appartements de sécurité

L’organisation s’occupait de tout : une fois qu’ils avaient payé les 12 000 euros exigés, l’un des chauffeurs de Tounzi les conduisait jusqu’à Figueres, où le réseau disposait de plusieurs appartements de sécurité. Une fois sur place, les Marocains devaient payer 50 euros par jour pour vivre entassés, selon la police. Ils se cachaient le temps nécessaire pour compléter les démarches nécessaires pour s’unir légalement à un citoyen espagnol qui, en raison de sa situation économique précaire, acceptait de participer à la fraude en échange de 8 000 euros.

Les femmes de l’organisation se chargeaient de les accompagner à tous leurs rendez-vous administratifs et leur indiquaient quoi dire et faire. Tounzi lui-même assistait à bon nombre de ces démarches et s’occupait personnellement des relations avec les clients, selon les sources consultées.

Après avoir été présenté à la justice, le chef du réseau a été remis en liberté. Les onze personnes arrêtées sont accusées de crimes d’appartenance à un groupe criminel, de facilitation de l’immigration illégale et de falsification de documents. Jusqu’à son arrestation, Tounzi avait des antécédents pour des crimes de violence de genre, rupture de condamnation, menaces et blessures. Maintenant, la justice décidera si, comme l’indique l’enquête policière, il a également amassé une petite fortune en orchestrant de fausses unions de fait.