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Oumssia B.
Le Rassemblement national (RN), parti d’extrême droite français, continue de faire de l’immigration un thème central de sa campagne électorale
Après une victoire écrasante aux élections européennes, Jordan Bardella et ses partisans se préparent pour les élections législatives anticipées du 7 juillet, à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Le porte-parole du RN, Sébastien Chenu, a déclaré, avant‐hier, que son parti, s’il obtient la majorité, proposera d’abroger les accords franco‐algériens de 1968.
Une annonce qui, bien que non nouvelle, s’inscrit dans la continuité des attaques du RN contre l’immigration, notamment en ciblant l’Algérie et les Algériens de France.
Les accords franco‐algériens de 1968, signés le 27 décembre 1968, réglementent la circulation, l’emploi et le séjour des ressortissants algériens en France. Ils ont été conçus pour faciliter l’entrée de la main‐d’œuvre algérienne en France et améliorer leurs conditions de séjour et de travail.
Ces accords sont depuis longtemps un sujet de débat politique, surtout pour la droite française qui cherche à les aligner sur le droit général des étrangers. Aujourd’hui, les Algériens en France ont pratiquement le même statut que les autres étrangers hors‐Union européenne, bien que certaines dispositions spécifiques subsistent.
La déclaration de Chenu intervient dans un climat tendu, où l’Algérie est fréquemment utilisée comme un bouc émissaire par le RN pour mobiliser son électorat. Le RN a une longue tradition de discours anti‐immigration et anti‐algérien, cherchant à renforcer un ressentiment tenace et haineux envers l’Algérie.
Cette stratégie électorale vise à exploiter les peurs et les frustrations liées à l’immigration pour gagner des voix. En écho aux propos de Chenu, Éric Ciotti, président du parti Les Républicains (LR), a suggéré sur Twitter que l’Algérie devrait récupérer «tout, que ce soit bon ou mauvais : les criminels, les délinquants, les immigrés illégaux». Cette déclaration a suscité une vive réaction, notamment de la part de Xavier Bertrand, président des Hauts‐de‐France (LR), et des figures de la gauche française, qui ont dénoncé ces propos comme étant haineux et démagogiques.
Cependant, malgré ces dénonciations, de tels discours persistent au sein d’une partie de la classe politique française. Historiquement, les accords de 1968 ont été modifiés à plusieurs reprises pour se conformer au droit général des étrangers en France. Initialement, ces accords permettaient à un grand nombre d’Algériens d’entrer en France avec des droits spécifiques en matière de séjour et d’emploi.
Cependant, à partir des années 1980, sous l’influence des politiques européennes et des évolutions législatives en France, les dispositions de ces accords ont été progressivement alignées sur le droit commun. Aujourd’hui, les Algériens jouissent encore de certaines facilités, comme une plus grande liberté d’installation en cas de projet commercial et l’obtention plus rapide de cartes de séjour de longue durée. Cependant, ils sont aussi confrontés à des restrictions spécifiques qui ne s’appliquent pas aux autres étrangers, comme la régularisation des sans‐papiers par le travail ou pour motif humanitaire.
La déclaration de Chenu et la position de Ciotti reflètent une volonté de certains politiciens de droite d’attiser le ressentiment contre l’Algérie, en utilisant des discours simplistes et agressifs. Cette stratégie électorale pourrait certes mobiliser une partie de l’électorat, mais elle risque aussi de creuser davantage les divisions au sein de la société française et de détériorer les relations franco‐algériennes.
Le RN et ses alliés cherchent à se positionner comme les défenseurs d’une France «menacée» par l’immigration, en particulier celle en provenance d’Algérie. En réalité, cette rhétorique électoraliste masque souvent des solutions complexes aux défis sociaux et économiques que rencontre la France.
En s’attaquant frontalement à l’Algérie et aux Algériens, le RN et ses partisans ne font que perpétuer un cycle de haine et de division qui nuit à la cohésion nationale et aux relations internationales.
Alors que les élections législatives approchent, il est crucial pour les électeurs de considérer les implications de ces propositions et de réfléchir aux valeurs de tolérance, de respect et de solidarité qui doivent guider une société moderne et inclusive. La politique de la peur et de la division n’a jamais été une solution durable aux défis auxquels nous faisons face.
Source : L’Express, 13/06/2024
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