Le monde en panne

Il est difficile de concevoir une atrocité plus grande que celle qui sévit à Ghaza. C'est un cri de désespoir, un génocide, un holocauste plus varié dans les formes de semer la mort que celui d'Israël, infligés aux enfants innocents qui vivent sur leur propre terre.

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Guerre en Ukraine, conflit fratricide au Soudan, l’enjeu taïwanais, génocide israélien à Ghaza, crises en Afrique, montée du nationalisme en Europe… Depuis une décennie, le monde assiste en spectateur médusé à la dégradation de son environnement géostratégique. Une double accélération géopolitique et géo-économique est à l’œuvre sur fond de rivalité croissante sino-américaine, de rapprochement sino-russe, de renforcement de l’OTAN et d’émergence politique et économique du «Sud global».

Le paradoxe de notre monde est que les grands États et leurs dirigeants jurent vouloir bâtir un véritable ordre international, tout en «fétichisant» la souveraineté. La plupart des spécialistes s’accordent à dire que l’architecture institutionnelle héritée de l’après-Seconde Guerre mondiale, avec à son sommet l’ONU, est obsolète. L’attitude des États-Unis dans la guerre que subissent les Palestiniens et le génocide qui se déroule à Ghaza, sous le regard du la communauté internationale, montrent que l’ONU manque cruellement de légitimité.

Le flou diplomatique entretenu par Washington à l’égard de la dernière résolution du Conseil de sécurité sur la guerre contre Ghaza, et prouvé lors de la dernière tournée de Blinken dans la région, renforce le brouillard de guerre, entretenu sciemment par l’entité sioniste et qui lui permet ainsi de mener une guerre absolue, qui, selon Carl Von Clausewitz, général prussien, est une guerre durant laquelle «la violence se déchaîne jusqu’aux extrêmes limites».

Les usages du veto et de l’abstention reviennent en force. Il existe, certes, une Cour pénale internationale, mais elle n’est pas reconnue par tous. Un seul accord international a été signé depuis quinze ans : il s’agit de l’accord de Paris sur le climat, mais il peine à se concrétiser dans les faits. Le monde est donc réellement en panne.

Les dérives deviennent légions et les acteurs internationaux au sein de l’ONU se montrent incapables de stopper la course à l’armement : avec plus de 2.000 milliards de dollars de dépenses militaires dans le monde en 2023, on atteint des records depuis la fin de la guerre froide. Et les plus gros vendeurs sont aussi les membres du Conseil de sécurité.

Parallèlement, les nouvelles compétitions économiques, les guerres aux ressources naturelles remettent en cause le multilatéralisme à l’échelle mondiale : l’OMC est ainsi totalement bloquée depuis l’échec du cycle de Doha (2001-2013).

La rotation du monde échappe peu à peu à toute maîtrise, dès lors où l’on évoque l’arsenal nucléaire. Nous vivons actuellement dans un monde multipolaire, mais sans multilatéralisme. Il est grand temps de réformer cette approche.

El Moudjahid, 14/06/2024

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