Maroc Confidentiel

Quand Macron ne sait plus à quel Sein se vouer (carnets de campagne 3)

Etiquettes : Emmanuel Macron, Sein, élections législatives anticipées, extrême droite, gauche, Jean-Luc Mélenchon, Rassemblement National,

Attaquer la gauche sur le sociétal et cibler le RN sur son programme économique ressemble à un combat à fronts renversés orchestré par l’Elysée dont le locataire ne cesse de tenter de justifier son choix injustifiable.

Serait-ce le goût de la disruption poussé au bout de sa logique destructrice par Emmanuel Macron ? Quand le Président, en plein marathon mémoriel pour le 80e anniversaire de la Libération, se rend sur l’île de Sein, pour rendre hommage aux 128 marins qui ont rejoint De Gaulle en juillet 40, il ne peut s’empêcher de tenter de justifier son choix perçu comme injustifiable par un très grand nombre de citoyens et d’acteurs politiques (jusqu’au cœur de sa majorité).

Il en profite pour taper violemment sur la gauche, en s’en prenant au volet sociétal de son programme. Passant ce jour-là sous silence les interrogations que peuvent susciter le volet économique. Cibler le programme sociétal, qui constitue l’arme généralement la plus aboutie de la gauche, c’est d’une certaine manière démonétiser le combat pour les valeurs contre le RN et banaliser par conséquent ce dernier. Se contenter la plupart du temps, comme le font ses ministres, d’attaquer le volet économique du programme du RN, que Bardella s’efforce en outre de détricoter en raison de son indigence crasse, est une manière d’inviter le RN dans l’arène classique d’une joute électorale classique. Alors que le contexte, on en conviendra, est plutôt exceptionnel au sens fort du terme.

Quand Macron cible la simplification qui consiste signaler en mairie le changement de sexe (et non plus devant un juge) en la qualifiant « d’ubuesque », cela frise la transphobie, ignore la souffrance des personnes concernées. On peut être d’accord ou pas avec la mesure proposée, mais la moquer ne réhausse pas le niveau de la campagne, surtout de la part d’un chef d’Etat, que l’on ne voudrait quand même réduire à un chef de meute.

Quand le même dénonce, sans filtre, sans retenue aucune, « l’immigrationnisme » de la gauche, au prétexte que le NFP veut abroger sa loi sur l’immigration, cela ne manque pas simplement de mesure, c’est emprunter sciemment au lexique de l’extrême droite pour contester un élément de programme de l’opposition républicaine.

Cela sent la fébrilité, l’absence de boussole, qui va finir, ce serait un comble, par offrir un soupçon de légitimité à la saillie de Mélenchon selon lequel « Bardella, c’est Macron en pire ». Macron et Mélenchon se seraient-ils lancés dans un concours de celui qui laisserait s’échapper l’expression la plus déjantée ?

Sur l’île de Sein, la liste Glucksmann est arrivée en tête, suivie de la liste Bardella, la liste Hayer pointant à la troisième position. Macron ne pouvait l’ignorer. Peut-être a-t-il dû faire face à un orage intérieur en imaginant que cette configuration pourrait être celle du 7 juillet ?

Philippe RIVET

Source : Diagonales de l’actu, 19 juin 2024

#Macron #France #élections #extrêmedroite

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