Maroc Confidentiel

Espagne : Les services secrets recrutent des gens qui parlent le dialecte du Maroc

Les langues qui intéressent le CNI : russe, hébreu, arabe marocain, berbère…

Le Centre a ouvert des postes d’interprètes pour traduire oralement et par écrit ces langues

L’espionnage espagnol cherche des interprètes. Le Centre National de Renseignement (CNI) a publié sur son site web et sur un autre site du Ministère de la Défense une offre d’emploi destinée à ceux qui maîtrisent certaines langues étrangères.

Ainsi, comme indiqué dans les offres que « La Casa » a publiées il y a quelques jours et que Confidencial Digital a consultées, ces offres resteront ouvertes jusqu’au 20 mai pour recevoir les candidatures des aspirants à l’un de ces postes.

« Le Centre National de Renseignement recrute un interprète/traducteur qui sera chargé d’effectuer la traduction d’au moins une langue, tant à l’oral qu’à l’écrit », indique la description de cette offre d’emploi.

L’offre publiée sur le site de Sapromil, le Service d’Utilisation des Capacités Professionnelles du Personnel Militaire des Forces Armées, s’adresse effectivement aux membres des Forces Armées.

Cependant, être militaire n’est pas un prérequis, selon le site web du CNI, qui publie assez fréquemment des offres pour différents postes ; des traducteurs, comme maintenant, mais aussi des conducteurs, du personnel de bureau, des informaticiens, des experts en technologies de la communication, des agents opérationnels et même des responsables des ressources humaines, l’une des offres actuellement actives.

Les candidats aux postes de traducteurs du centre doivent désormais avoir au moins un diplôme de Baccalauréat, Technicien ou équivalent ; Diplôme universitaire ou équivalent ; ou Licence, Maîtrise ou équivalent.

Russe et hébreu, anglais et français

Les langues pour lesquelles le CNI offre des postes permettent de déduire certaines zones d’intérêt pour le service de renseignement espagnol.

Dans l’offre publiée sur le site du CNI, mais non sur celui de Sapromil, sont mentionnés l’anglais et le français.

Cependant, les deux versions mentionnent plusieurs langues en commun. Par exemple, le russe et l’hébreu. Malgré la distance géographique d’Israël et de la Russie (et d’autres pays russophones), il faut noter que les services secrets extérieurs israéliens (Mossad) et russes (le Service de Renseignement Extérieur, SVR, et le Département Central de Renseignement, GRU) sont parmi les plus puissants et actifs dans le monde.

De plus, il convient de rappeler que le Mossad israélien a formé à ses débuts les premiers membres du CESID (prédécesseur du CNI), et les relations entre les deux services sont étroites.

Arabe et les langues parlées au Maroc

Une autre langue dans laquelle le Centre National de Renseignement montre de l’intérêt est, bien entendu, l’arabe. Le manque de traducteurs d’arabe dans les différentes forces de sécurité et services d’information, ainsi que dans les institutions pénitentiaires, fut l’un des facteurs qui ont empêché de détecter les préparatifs et d’éviter ainsi le massacre djihadiste du 11 mars 2004 à Madrid.

Après ces attentats, les corps de sécurité ont intégré de nombreux traducteurs d’arabe et de ses dialectes pour contrôler les réseaux djihadistes. De plus, le CNI a réorienté ses activités vers cette menace terroriste.

À présent, en plus des traducteurs d’arabe, le service de renseignement requiert également des personnes maîtrisant les dialectes de cette langue. Il mentionne dans ses offres « les dialectes d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient », deux zones sensibles pour l’Espagne, en particulier la première.

Dans l’offre publiée sur le site de Sapromil, on trouve des précisions supplémentaires. Deux de ces variantes d’arabe d’Afrique du Nord sont mentionnées : le dariya et le berbère.

Le dariya est la variante de l’arabe parlée au Maroc, et une grande partie de la population marocaine parle également une forme des langues berbères. En outre, à Ceuta et Melilla, le dariya et le berbère (ou amazigh) sont des langues couramment utilisées parmi la population musulmane.

Le Maroc est l’un des pays prioritaires dans l’action du Centre National de Renseignement, et de nombreux suspects de djihadisme sous surveillance en Espagne parlent ces langues.

ECD a tenté d’obtenir du CNI plus d’informations sur ces offres, et sur les langues pour lesquelles il recherche des traducteurs, mais sans réponse au moment de la publication.

Les fonctions des traducteurs

Le document de l’offre, consultable sur le site du CNI, est signé par le Département de Sélection du centre et offre quelques détails supplémentaires par rapport à la même offre sur la page de Sapromil.

Par exemple, il est précisé que les personnes recrutées, « selon le poste de travail », pourront remplir des fonctions telles que :

-Traduction directe et inversée, orale ou écrite.

-Interprétation consécutive et/ou simultanée.

-Assistance dans la recherche d’informations dans différentes langues.
Conseil sur les aspects culturels et linguistiques.

Autres compétences

Dans la sélection des candidats, le CNI prendra en compte non seulement la connaissance et la maîtrise des langues ; il valorisera également les cours liés à l’interprétation, à la recherche d’informations sur Internet, aux cours de maintien de la langue, ainsi que les cours et diplômes spécifiques à la traduction.

Il est également indiqué qu’il prendra en considération d’autres compétences et aspects pertinents, tels que la maîtrise des outils informatiques et des bases de données, l’adaptabilité et la flexibilité, le travail en équipe, la disponibilité, la discrétion et l’engagement.

Contrairement à d’autres offres, le site de Sapromil ne spécifie pas le type de contrat que les personnes sélectionnées auraient ni le salaire qu’elles recevraient.

El Confidencial digital

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