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La France interdit les groupes d’extrême droite et islamiques radicaux avant des élections polarisantes

Etiquettes : France, extrême droite, élections anticipées, Rassemblement National, Emmanuel Macron, groupes islamistes,

PAR DIANE JEANTET ET ANGELA CHARLTON


PARIS (AP) — Le gouvernement français a ordonné mercredi la dissolution de plusieurs groupes musulmans d’extrême droite et radicaux, quatre jours avant le premier tour d’élections législatives à enjeux élevés qui pourraient voir une augmentation du soutien aux extrêmes politiques.

Des élections nationales anticipées convoquées par le président modéré favorable aux entreprises Emmanuel Macron ont plongé le pays dans une course électorale précipitée et désordonnée, dans laquelle les discours de haine deviennent une préoccupation croissante.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé mercredi que le gouvernement avait ordonné la fermeture de plusieurs groupes colportant la haine extrémiste. Une série de décrets annonçant la fermeture décrivaient les enquêtes sur les groupes et déclaraient qu’ils présentaient des risques de violence.

Les groupes concernés comprennent le GUD, connu pour sa violence et son antisémitisme. Ses membres ont soutenu par le passé la dirigeante politique d’extrême droite Marine Le Pen.

Le Rassemblement national de Le Pen est en tête de tous les sondages avant les élections à deux tours, les 30 juin et 7 juillet, tandis que l’alliance centriste de Macron est loin derrière. Cependant, l’issue reste très incertaine en raison du système de vote complexe en deux étapes et des alliances politiques potentielles.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement français décide de dissoudre des groupes qu’il estime porter atteinte à la sécurité et aux droits de l’homme, mais le calendrier pré-électoral de l’annonce de mercredi semble envoyer un message clair sur l’extrémisme.

Un autre groupe ciblé, appelé Les Remparts, est accusé d’incitation à la haine, à la discrimination et à la violence envers les étrangers et les personnes non blanches, selon des décrets du ministère de l’Intérieur examinés par l’Associated Press.

Certains membres, précise un décret, portent une veste portant l’inscription « Division Blanche » et le groupe a proposé des formations d’auto-défense. Le ministère cite une attaque survenue en 2023 au cours de laquelle des dizaines de militants d’extrême droite cagoulés et armés de barres de fer ont attaqué un groupe de la société civile lors d’une conférence sur les Palestiniens. Certains des assaillants avaient des liens avec les Remparts, précise le décret.

Un autre décret visait un groupe appelé Jonas Paris, qui prétend soutenir la communauté musulmane de France mais promeut plutôt la violence, la haine et la discrimination à l’égard des non-musulmans, des femmes et des personnes LGBTQ+.

Des discours antisémites et anti-musulmans ont également fait surface au cours de la campagne .

Le groupe militant SOS Racisme a annoncé mercredi avoir intenté une action en justice visant à stopper la diffusion d’une vidéo largement partagée qui se moque des personnes d’origine africaine et leur dit de « rentrer chez elles ».

Citant des vidéos similaires apparues en Allemagne, le groupe a déclaré que « ces expressions de racisme débridé reflètent un climat de libération du discours raciste, alimenté par les scores inquiétants de l’extrême droite » lors des récentes élections en Europe.

Face à la perspective que la France puisse élire son premier gouvernement d’extrême droite depuis l’occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, d’autres partis se sont efforcés de former des alliances et de présenter des candidats. Les élections ont été convoquées par Macron au début du mois après que son parti ait subi une défaite écrasante aux élections au Parlement européen.

Lors d’un débat télévisé mardi soir, le jeune président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a renouvelé sa proposition visant à abolir la gratuité des soins de santé pour les étrangers et à renforcer la réglementation relative à l’acquisition de la nationalité française.

Sa proposition visant à empêcher les binationaux d’accéder à certains emplois publics « stratégiques » a notamment suscité la colère du Premier ministre Gabriel Attal, qui a déclaré qu’elle révélait les véritables objectifs d’un parti longtemps lié à la xénophobie et au racisme.

« Le message que vous envoyez, c’est que quand on a la double nationalité, on est des demi-citoyens, on n’est pas de vrais Français », a déclaré Attal.

Attal a suggéré que les véritables cibles de cette mesure ne sont pas les doubles citoyens occupant des postes de haut niveau, lorsqu’il a déclaré que le parti de Bardella avait un représentant franco-russe au Parlement européen.

Bardella a assoupli bon nombre des positions dures du parti et a été mis sur la sellette lors du débat sur une autre question clé, l’âge de la retraite. Macron l’a porté l’année dernière de 62 à 64, provoquant des mois de protestations qui ont affaibli son gouvernement.

Le Rassemblement national soutient l’idée de reculer l’âge de la retraite à 62 ans, mais Bardella a déclaré que 42 années de travail seraient nécessaires pour avoir droit à une pension à taux plein, augmentant de facto l’âge de la retraite pour ceux qui ont commencé à travailler plus tard dans la vingtaine.

Eric Bompard, du parti La France Insoumise, qui fait partie d’une nouvelle coalition de gauche, s’est également prononcé après le programme économique de Bardella et sa proposition de baisse des impôts pour les moins de 30 ans.

Bompard a déclaré que le programme du Rassemblement national contribuerait à enrichir les riches, au détriment des 30 % les plus pauvres de la population, tandis qu’Attal a accusé Bardella, 28 ans, de bénéficier personnellement de cette mesure.

« Pourquoi un ouvrier de 31 ans paierait-il des impôts, alors qu’un consultant ou un commerçant de 29 ans cesserait de payer ? » » demanda Attal.

AP

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