Décision des autorités judiciaires : dernier revers pour l’enquête sur les allégations de corruption au Parlement européen. La Belgique ne poursuivra pas les suspects marocains liés au scandale de corruption Qatargate au Parlement européen, marquant le dernier revers pour cette enquête de longue haleine.
Les autorités belges ont informé plus tôt cette année le Maroc que deux citoyens de ce pays d’Afrique du Nord étaient soupçonnés d’avoir soudoyé des législateurs de l’UE, mais le bureau du procureur fédéral à Bruxelles a annoncé dimanche qu’il ne les poursuivrait pas, laissant toute action ultérieure contre les Marocains aux autorités de leur pays d’origine. L’information a été rapportée pour la première fois par le journal belge Le Soir.
L’enquête belge sur les législateurs de l’UE soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin du Qatar et du Maroc, qui a débuté en 2022, était considérée comme l’une des plus importantes à toucher le Parlement européen, mais a rencontré des difficultés après que les enquêteurs ont été accusés de conflits d’intérêts et qu’une révision judiciaire a été lancée.
En avril, la Belgique a émis un ordre informant les autorités marocaines qu’elles soupçonnaient les individus de corruption, de blanchiment d’argent et de participation à une organisation criminelle.
L’un des suspects est Abderrahim Atmoun, un diplomate marocain qui aurait soudoyé l’ancien député européen Pier Antonio Panzeri, selon des rapports des services de sécurité divulgués qui ont déclenché l’enquête. Selon les médias belges, Atmoun a été interrogé au Maroc en décembre dernier.
Cependant, Panzeri, le principal suspect dans l’affaire, a admis avoir pris au moins 2 millions d’euros de pots-de-vin du Qatar et du Maroc en échange de faveurs politiques et de résolutions amicales de l’UE envers les deux pays.
Le bureau du procureur a déclaré qu’une décision n’avait pas encore été prise quant à savoir si des suspects qataris seraient inculpés dans l’affaire. Il n’est pas clair combien de personnes cela concernerait. Le gouvernement qatari a nié avoir soudoyé des législateurs européens et leurs associés.
La police de Bruxelles a perquisitionné une série de bureaux au Parlement européen en décembre 2022, saisissant 1,5 million d’euros en espèces et arrêtant Panzeri et plusieurs députés européens en exercice. Parmi les personnes détenues figuraient Eva Kaili, une députée grecque qui avait auparavant occupé le poste de vice-présidente du Parlement, et Francesco Giorgi, son partenaire, qui n’était pas député mais avait été l’assistant de Panzeri.
Kaili nie tout acte répréhensible, tandis que Giorgi a admis son implication dans l’affaire, confessant apparemment qu’il faisait partie d’une organisation utilisée par le Qatar et le Maroc pour influencer la politique de l’UE.
Les suspects ont été accusés de corruption, de blanchiment d’argent et de participation à un groupe criminel organisé, mais personne n’a encore été formellement inculpé, tandis qu’une révision judiciaire retarde un éventuel procès.
Kaili et plusieurs autres suspects ont déclenché la révision judiciaire en raison de préoccupations concernant la légalité de l’utilisation de certaines preuves. Le résultat est toujours en attente.
Le juge d’instruction en charge de l’affaire, Aurélie Dejaiffe, a été suspendue en mars après qu’un des suspects a demandé sa récusation. Un autre juge a pris la relève temporairement en attendant une décision sur son statut.
Ce n’était pas la première fois que l’enquêteur principal dans l’affaire, chargé d’ordonner des écoutes téléphoniques et des arrestations, était remplacé : Dejaiffe avait pris le relais de Michel Claise, qui avait démissionné l’année dernière en raison d’accusations de conflit d’intérêts après que son fils s’était associé en affaires avec le fils d’un proche associé de l’un des suspects.
Le procureur de l’époque a déclaré que Claise avait démissionné « par précaution », mais qu’il manquait « d’éléments effectifs » remettant en question l’enquête.
Le procureur fédéral en charge de l’affaire, Raphaël Malagnini, a également démissionné en octobre dernier pour occuper un autre poste.
La police enquêtant sur l’affaire a également été interrogée après que Giorgi a publié un enregistrement secret d’une conversation avec un haut fonctionnaire de la police impliqué dans l’affaire, qui lui avait rendu visite chez lui l’année dernière et s’était plaint que les procureurs et les juges en Belgique servaient une agenda politique.
Etiquettes : Belgique, Maroc, Qatar, Marocgate, Qatargate, Parlement Européen, corruption, lobbying, Antonio Panzeri, Francesco Giorgi, Abderrahim Atmoun, Mohamed Belharach, DGED, services secrets marocains,
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