Des mineurs du Maroc et d’Afghanistan sont recrutés pour le trafic de drogue et le vol en Belgique

Les jeunes sont attirés ici du Maroc, de Tunisie et d'Algérie, mais aussi d'Afghanistan, notamment via les réseaux sociaux.

Des mineurs du Maroc, de Tunisie, d’Algérie et d’Afghanistan sont recrutés pour participer à des réseaux criminels belges. Cela ressort clairement d’une enquête menée par la police judiciaire fédérale, rapportée par The Guardian et De Standaard. « Les garçons afghans ont parfois moins de 13 ans », explique An Berger de la police fédérale. « Une fois ici, ils sont exploités. »

« Si tu veux réaliser tes rêves tu devrais quitter l’Afrique maudite. » Si vous voulez que vos rêves se réalisent, vous devez quitter cette foutue Afrique. C’est ce qu’indique une vidéo sur le profil « Harraga Euroupa » sur Instagram. Dans les films, l’Europe est présentée comme un rêve. Les attractions touristiques sont évoquées : de la Tour Eiffel et du Colisée à Big Ben.

« Harraga » signifie « ceux qui brûlent » en arabe. C’est le nom que se donnent certains migrants mineurs. « Ces types viennent ici et brûlent leurs documents », explique An Berger de la police fédérale. « Ils arrivent ici via des passeurs. Ils disparaissent ensuite sous les radars et sont pris en charge par des organisations criminelles qui, en même temps, les exploitent », explique Berger.

Drogue et vol

« Les jeunes sont attirés ici du Maroc, de Tunisie et d’Algérie, mais aussi d’Afghanistan, notamment via les réseaux sociaux. Cela se produit souvent à travers leur propre groupe de population : les Afghans attirent les Afghans, les Marocains attirent les Marocains », explique Berger.

« On leur propose une vie meilleure. Mais une fois ici, ils se retrouvent dans la délinquance. Il s’agit principalement de vente de drogue, mais aussi de vols », explique le porte-parole de la police fédérale. « Ces mineurs doivent faire le sale boulot. »

« En même temps, on les fait taire avec des drogues et des médicaments qui les maintiennent calmes et les affaiblissent : Rivotril, Lyrica, l’héroïne aussi », explique Berger. « Cela supprime également les inhibitions à commettre des actes criminels. » 

Pour certains migrants mineurs, leur voyage vers l’Europe s’accompagne de violences sexuelles, a constaté la police fédérale. « Nous voyons des jeunes Afghans se faire violer en arrivant ici. Cela est également filmé. »

« Les passeurs menacent ensuite de transférer ces vidéos à leur famille dans leur pays d’origine s’ils ne font pas ce qui leur est demandé », explique Berger. 

La commissaire aux droits de l’enfant, Caroline Vrijens, a également reçu récemment la confirmation d’une telle exploitation sexuelle. « Il est très difficile de maîtriser ce groupe cible. Ils essaient d’entrer le moins possible en contact avec les autres », explique Vrijens. « Par exemple, l’année dernière, nous avons reçu un signalement concernant deux enfants d’origine maghrébine qui se sont retrouvés à l’hôpital sous l’influence de l’alcool avec des blessures graves, mais qui sont repartis d’eux-mêmes. »

Tentatives d’aider

Fedasil propose un programme pour les mineurs non accompagnés, également appelés menas (« mineur étranger non accompagné »). Le processus de Fedasil se déroule en différentes phases. Après 2 à 4 semaines dans un « centre d’observation et d’orientation », ils sont orientés vers un groupe vivant, qui peut également les guider vers l’école. Les migrants mineurs ne peuvent pas être expulsés avant l’âge de 18 ans.

Mais l’aide qui existe actuellement pour les jeunes n’est pas suffisante, affirme également le directeur de l’organisation Minor Ndako, qui s’occupe des mineurs non accompagnés. « Nous disposons de différents groupes de vie pour les réfugiés mineurs non accompagnés », explique le directeur David Lowyck. « Ces jeunes sont amenés dans nos centres d’accueil par les services de police. »

« Ils sont souvent très malmenés, très blessés », a déclaré le réalisateur. « Ce n’est qu’après avoir établi un lien de confiance et parfois une thérapie que les jeunes peuvent comprendre ce qui s’est passé ou ce qui se passe encore. Cela prend souvent beaucoup de temps. » Et parfois, ça ne marche pas du tout, avoue-t-il aussi. « Nous avons des centres ouverts, et ces jeunes disparaissent parfois rapidement. »

La victime devient l’auteur

Malgré les actes criminels qu’ils commettent parfois, il est important de continuer à considérer les jeunes comme des « victimes », selon An Berger de la police fédérale. Certains d’entre eux évoluent ensuite dans le milieu criminel et deviennent eux-mêmes des criminels, explique Berger. « Ils arrivent ici et ne connaissent que ces organisations criminelles. Plus tard, ils pourraient aussi devenir des criminels. »

S’attaquer à ces auteurs et les poursuivre en justice constitue le grand défi. Même si les jeunes vulnérables s’élèvent parfois au-dessus d’eux-mêmes. « Des jeunes ont récemment témoigné, ce qui signifie que le parquet d’Anvers a désormais pu traduire un certain nombre de dirigeants devant le tribunal correctionnel », explique Lowyck. « Toute reconnaissance pour ces jeunes, nous ne devons pas sous-estimer tout ce que cela exige d’eux. »

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