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L’intérêt mondial croissant pour les élections législatives en France, en vue de la victoire de l’extrême droite et de la formation d’un gouvernement, suscite une attention particulière quant aux perspectives des relations algéro-françaises, marquées par une certaine inquiétude.
La majorité des analyses s’accordent à dire que l’arrivée de l’extrême droite alliée à la droite traditionnelle au pouvoir aura des répercussions profondes sur les relations entre les deux pays à tous les niveaux.
Dans ce contexte, le sociologue politique algérien Lahouari Addi (résidant en France) estime qu’il est probable que l’extrême droite adopte des « restrictions plus sévères en matière de délivrance de visas ».
Dans une interview, Addi n’exclut pas la possibilité que des milliers d’Algériens, qui rendent visite à leurs proches en France de temps à autre, soient privés de visas. Il souligne également la crainte de décisions d’expulsion massive à l’encontre des résidents en situation irrégulière soumis à des obligations de quitter le territoire français.
Le chercheur note que l’arrivée de ce courant au pouvoir pourrait raviver les blessures du passé, étant donné que le fondateur et figure de proue de ce mouvement, Jean-Marie Le Pen, est accusé de torture pendant la bataille d’Alger.
« Il y a un rejet de ce courant, comme cela a été observé lors du vote aux élections européennes parmi les Algériens ayant la nationalité française, qui ont voté dans les consulats français en Algérie », a-t-il ajouté.
Pour sa part, l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a prévu le pire pour ces relations dans un article publié par le journal de droite « Le Figaro ». Selon lui, il n’existe aucun canal de communication entre la jeune élite dirigeant ce mouvement politique montant en France et l’Algérie, soulignant qu’aucun d’entre eux n’a jamais mis les pieds en Algérie. Il n’exclut pas non plus que l’extrême droite reconsidère la prétendue neutralité de la France sur la question du Sahara occidental.
Parmi les scénarios envisagés ou souhaités par l’ambassadeur, il y a l’annulation par Jordan Bardella, président du Rassemblement National et candidat à la tête du gouvernement en cas de victoire de son parti, de l’accord migratoire de 1968 qui accorde des droits spécifiques aux Algériens en France, tels que le regroupement familial.
Ce point de vue s’inscrit dans les propositions ou la feuille de route que l’ancien ambassadeur a contribué à élaborer avec la journaliste Eugénie Bastié à travers le think tank libéral « Fondation pour l’innovation politique », appelant à la dénonciation de cet accord.
Ce plan, révélé l’année dernière (le 25 mai 2023), a eu un impact notable en France, étant adopté par les partisans du macronisme et les courants de droite, tant traditionnels qu’extrémistes. Par exemple, le parti Les Républicains a rapidement proposé une résolution pour abroger l’accord à l’Assemblée nationale française récemment dissoute, recueillant le soutien de 50 députés républicains sur 62 et de 48 députés du Rassemblement National sur 88.
Cependant, les responsables de l’extrême droite ne sont pas encore aussi rigides, bien que le vice-président du parti, Sébastien Chenu, ait évoqué la renégociation de l’accord migratoire de 1968 avec l’Algérie. Il a également souligné que la France réduirait le nombre de visas pour les pays refusant de reprendre leurs ressortissants sous le coup d’une expulsion, ajoutant que les aides financières de la France seraient conditionnées à la coopération sur cette question.
L’extrême droite prévoit également d’interdire l’accès à des « postes très sensibles » aux citoyens ayant une double nationalité, via un décret précisant ces fonctions, selon les déclarations des responsables du Rassemblement National.
Bien que l’extrême droite affiche une ligne dure envers les étrangers, elle est contrainte de faire face aux réalités du pouvoir, qui diffèrent radicalement du discours de l’opposition. Par conséquent, elle devra tenir compte des intérêts de la France avec d’autres pays, notamment face à la possibilité que les compétences dont bénéficie la France prennent une direction opposée ou se tournent vers d’autres destinations, notamment l’Amérique du Nord, si elles se sentent menacées.
Pour ce qui est de l’Algérie, les relations pourraient emprunter une nouvelle voie, devenant plus rationnelles et franches, loin des positions émotionnelles. Les regards sont actuellement tournés vers Jordan Bardella, la « star » de l’extrême droite française, âgé de 28 ans et candidat potentiel au poste de Premier ministre. Bien que d’origine italo-algérienne, il se nourrit politiquement d’un discours anti-immigrés, bien qu’il appartienne à une famille ayant migré en France pour travailler dans les années 1960. Son père, Olivier Bardella (né en 1968), possède une entreprise de distribution de boissons et sa mère, Luisa Bertelli-Mota (née en 1962), travaille dans des crèches.
Il convient de noter que Bardella se présente comme « l’enfant de l’immigration » et « Français avec 75 % de sang italien ». Cependant, d’autres sources spécialisées indiquent qu’il a des origines algériennes, notamment de Béjaïa, par l’intermédiaire du grand-père maternel « Mohand Sghir Mada » qui a émigré d’Algérie vers la France dans les années 1930 pour travailler dans le bâtiment à Villeurbanne, près de Lyon.
Bardella refuse souvent de parler de sa vie personnelle et de ses ancêtres pour des raisons inconnues, ce qui est considéré par le Rassemblement National de Marine Le Pen comme un sujet tabou interdit de discussion tant au sein du parti qu’avec les médias.
El Khabar, 28 juin 2024
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