Ruée des entreprises espagnoles vers El Dorado marocain

En transférant leurs opérations au Maroc, les entreprises espagnoles bénéficieront des exemptions douanières européennes, dans le cadre d'un accord entre Bruxelles et Rabat dans le domaine des produits agricoles, avec une réduction de 70 pour cent des droits de base.

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Les incentives attirent des centaines d’investisseurs espagnols au Maroc. L’un des principaux moteurs derrière cette migration commerciale est la simplification des procédures douanières.

Le Maroc suscite un grand intérêt chez les entreprises espagnoles grâce à un environnement d’investissement abondant en incentives, encourageant l’expansion des affaires et des projets malgré quelques défis posés par les conditions mondiales volatiles.

Des rapports basés sur les données de l’Institut espagnol pour l’exportation et les investissements (SIEI) ont révélé que des centaines d’entreprises préfèrent transférer leurs activités au Maroc pour éviter les complications légales et fiscales imposées par l’Union européenne, et pour bénéficier des procédures douanières adoptées dans le royaume.

Les entreprises espagnoles cherchent constamment de nouvelles stratégies pour améliorer leurs opérations et renforcer leur accès aux marchés clés, dans un environnement mondial de plus en plus compétitif.

Selon les données du SIEI, plus de 360 entreprises espagnoles ont décidé de transférer leurs opérations vers le marché marocain dans les années à venir.

Les données montrent que dix pour cent de ces entreprises opèrent dans l’industrie alimentaire, ce qui indique que les grandes entreprises de ce secteur ont décidé de déménager au Maroc en établissant des partenariats et des alliances avec des entreprises marocaines comme Ibero Food et Burgess.

L’un des principaux moteurs derrière cette migration commerciale est la simplification des procédures douanières. Rabat a adopté des politiques qui facilitent grandement l’exportation des produits vers les marchés européens, permettant aux entreprises d’éviter certains des contrôles et régulations plus stricts qu’elles rencontrent au sein de l’UE.

En transférant leurs opérations au Maroc, les entreprises espagnoles bénéficieront des exemptions douanières européennes, dans le cadre d’un accord entre Bruxelles et Rabat dans le domaine des produits agricoles, avec une réduction de 70 pour cent des droits de base.

Cette stratégie pourrait économiser environ 100 millions d’euros de droits de douane pour les exportateurs européens chaque année, et la réduction des coûts douaniers constitue un avantage concurrentiel sur le marché européen.

La confiance de l’Espagne dans la force des relations avec le Maroc a incité ses entreprises locales à se diriger vers le marché de l’un de ses partenaires les plus importants dans la région, notamment alors qu’elle prévoit d’investir des milliards d’euros sur deux décennies et demie dans le marché marocain.

Lors d’une visite de travail à Rabat en février dernier, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a souligné que son pays est un partenaire de référence pour le Maroc, avec des investissements prévus d’environ 45 milliards d’euros d’ici 2050, notant le développement positif des échanges commerciaux entre les deux pays.

Sánchez a déclaré que « le partenariat économique bilatéral doit être renforcé, notamment dans le contexte de l’organisation conjointe par les deux pays, avec le Portugal, de la Coupe du monde de la FIFA 2030 », louant les « grands efforts » déployés par le Maroc pour développer son économie.

L’entreprise espagnole multinationale de vêtements Inditex a décidé d’étendre sa production au Maroc, soulignant que cela lui permettrait de répondre à la demande et de s’adapter rapidement et efficacement aux nouvelles normes sociales et environnementales.

« La proximité est l’un des critères clés de notre chaîne d’approvisionnement, nous permettant de répondre rapidement au marché », a déclaré l’entreprise dans un communiqué.

Inditex a déclaré qu’une partie des usines de coupe, de couture, de teinture, de lavage, d’impression ou de finition qui fabriquaient ses vêtements en 2023 sont situées en Espagne ou dans des pays voisins tels que le Portugal, la Turquie et le Maroc, ce qui garantit des opportunités d’emploi indirectes pour plus de 94 500 personnes.

L’entreprise espagnole de construction Acciona cherche également à investir dans un projet de construction, gestion et maintenance d’une immense usine de dessalement d’eau de mer à Casablanca, qui serait la plus grande unité de dessalement en Afrique avec une capacité de 548 000 mètres cubes par jour.

De plus, les grandes entreprises en Espagne placent les secteurs ferroviaire et de dessalement d’eau de mer parmi leurs principales priorités d’investissement au Maroc.

Rabat fait des efforts pour moderniser le réseau, développer les infrastructures de transport et réhabiliter les services associés dans le but de stimuler la croissance économique, afin de relancer l’activité commerciale de manière à soutenir le trésor public.

De plus, les entreprises espagnoles suivent les traces de leurs homologues européens, tels que le groupe de fabrication de voitures Stellantis et l’entreprise française Renault, qui ont transféré certaines de leurs activités sur le marché marocain.

Selon les économistes, cette tendance indique que le Maroc se positionne comme un hub clé pour les entreprises européennes cherchant à améliorer leurs opérations et à accroître leur compétitivité sur le marché mondial.

L’Espagne est le principal partenaire commercial du Maroc depuis plus d’une décennie, avec une afflux de 19 milliards d’euros en 2022, et l’ambition de ses entreprises de se positionner parmi les principaux investisseurs étrangers.

Selon les données de l’Office des changes, la valeur des exportations marocaines vers l’Espagne l’année dernière s’élevait à 7,6 milliards d’euros, en hausse de 18,7 pour cent par rapport à la même période en 2022.

Selon les chiffres officiels, les exportations marocaines vers l’Espagne représentent environ 20 pour cent du total des exportations, qui s’élevaient à 38,76 milliards d’euros, soit une augmentation d’environ 8,37 milliards d’euros par rapport à 2022.

Une délégation de hommes d’affaires espagnols, comprenant une vingtaine d’entreprises, a visité Rabat au début du mois dernier pendant trois jours pour renforcer les liens commerciaux et économiques avec les secteurs productifs marocains, tout en louant la croissance positive des échanges commerciaux entre les deux pays.

La Confédération catalane de l’emploi, principale organisation des employeurs de la région, a déclaré que la visite faisait suite à celle du ministre marocain de l’Investissement, Mohcine Jazouli, à Barcelone en janvier dernier, ce qui a contribué à consolider les relations économiques entre la région espagnole et Rabat.

La Confédération a déclaré que lors de cette visite, la délégation d’hommes d’affaires espagnols a eu des réunions avec plusieurs responsables marocains et acteurs économiques, et a visité de grands établissements considérés comme une référence en Afrique.

La volonté de stimuler le marché du travail, a ajouté la Confédération, sera possible en développant des relations sur des bases solides et durables, en travaillant aux côtés de la Confédération générale des entreprises marocaines, une organisation représentant les entreprises du secteur privé, pour approfondir davantage les relations économiques et commerciales.

Madrid a toujours souligné l’importance de la contribution des entreprises espagnoles à la coopération avec le Maroc dans les domaines des transports, de l’énergie alternative et du secteur de l’eau.

Les responsables espagnols estiment que l’organisation conjointe de la Coupe du monde 2030 avec le Maroc constituera un modèle concret pour les relations futures et une détermination commune à faire avancer la feuille de route bilatérale approuvée en 2022.

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