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Des SMS obtenus par la justice et révélés par Mediapart ont mis en lumière une mobilisation concertée au sein de BFMTV pour blanchir Nicolas Sarkozy des accusations dont il fait l’objet dans l’affaire libyenne.
Les messages révèlent que Marc-Olivier Fogiel, patron de BFMTV, et la journaliste Ruth Elkrief, ont activement collaboré avec l’équipe de communication de Nicolas Sarkozy pour le dédouaner des accusations qui pesaient sur lui dans l’affaire libyenne.
De nombreux autres journalistes ripoux ont été dénoncés par la DGSE en 2014 via les « Marocleaks ». Ils ont été recrutés par la DGED, le service marocain de renseignement extérieur dont le directeur général, Mohamed Yassine El Mansouri dont le nom a été melé au scandale du Marocgate.
Leur mission était :
-Edulcorer le régime monarchique du roi Mohammed VI
-Accuser le Front Polisario d’accointance avec la mouvance terroriste et le trafic de drogue
-Défendre les thèses du Maroc sur le conflit du Sahara Occidental
-S’en prendre à l’Algérie
Il semble qu’ils étaient bien payés pour leur « collaboration ». Le 2 octobre 2011, par exemple, Charai précise la somme de 6000 euros qu’il lui faudra remettre à chacun des quatre journalistes lors d’une réunion dans un hôtel parisien. Pour Vincent Hervouët, le montant est détaillé : « 2 000 par mois pour L’Observateur et 1000 euros par numéro pour le Foreign Policy », un magazine en ligne américain de Slate Group auquel a collaboré Hervouët et dont Charai a été l’éditeur de la version francophone.
Vincent Hervouet, présentateur du journal télévisé et de l’émission « Ainsi va le monde » de LCI, faisait partie de ces journalistes corrompus par le Maroc. Hervouet collaborait avec Ahmed Charaï, son principal contact et avec lequel il partageait des actions de deux entreprises créées par Ahmed Charaï : l’Audiovisuelle Internationale (qui chapeaute le service radiophonique Radio Med), et Media South, créée en mai 2014 et dont le capital social est fixé à 300 000 dirhams (27 000 euros).
Parmi les correspondances entre Charaï et Hervouet :
Le 19 décembre 2009, Hervouet fait comprendre qu’il veut passer des vacances avec sa famille au Maroc. Charaï questionne son chef, Mourad El Ghoul: « Si Morad, serait-il possible de lui réserver 2 chambres à l’hôtel Sofitel à Marrakech pour la période indiqué? ».
« Si Morad; je crois qu’on pourra le prendre en charge! », répond Charaï dans un autre mail du 10/03/2012 :
Hervouet utilisait la question de la Kabylie et du MAK pour lever le niveau de ses revendications . Le mardi 20 avril 2010, Charai envoie un mail à l’intention de « Sdi Yassine: Urgent », lui expliquant que Hervouet consacrerait le mercredi suivant un reportage sur LCI au mouvement indépendantiste… algérien, le MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie), et qu’il avait également appelé Mireille Duteil (Le Point), Dominique Lagarde (L’Express), Patrick Cohen (Europe1), Ruth Elkrief (BFM TV).
Le 21 avril 2010 à 13h08, Charai rajoute, en rouge et en gras, « Sdi Yassine; Important », à un mail que Vincent Hervouet lui aurait envoyé à 9h35. Le journaliste français explique qu’il a réussi (« en payant au prix fort », dixit) à « dénicher des images des (petites) manifestations » ayant accompagné la proclamation, par le MAK, du gouvernement en exil de Kabylie, à Paris, et qu' »a priori, il y aura de quoi fabriquer un sujet ce soir dans le JDM (le Journal du Monde, qu’anime Hervouet sur LCI -NDLR). Eventuellement qqs images dans le journal de TF1. »
Le 28 à 12h25, Charai fait transmettre à « Sdi Yassine » un mail où Hervouet lui aurait écrit : « Je préfère que tu me remets toi même l’avance sur salaire, ne l’envoie surtout pas avec une autre personne »; avant de préciser : « D’un autre côté, l’ambassadeur algérien à paris m’a appelé hier pour un déjeuner, nous aurons rdv la semaine prochaine.. Amitiés, V. »
Le 24 novembre, Charaï annonce à « Si Morad » que « notre ami Vincent Hervouet voudrait venir à Marrakech pendant la période des fêtes. Merci de bien vouloir lui reserver 3 chambres doubles au Sofitel Marrakech du 25 decembre au 1er ».
Pour le Maroc, le retour sur investissement va bien au-delà des articles écrits dans l’obscur Observateur marocain. On peut s’interroger sur l’approche que peuvent avoir ces journalistes des sujets qui concernent le Maghreb, et le conflit du Sahara occidental en particulier. Alors qu’ils publient leurs chroniques dans un titre marocain qui aborde fréquemment ce dossier, en reprenant à son compte et sans nuance la propagande marocaine, pourquoi eux-mêmes n’évoquent-ils pas davantage le sujet dans leurs propres médias ?
On peut noter par exemple que la révolte dite de Gdeim Izik, en octobre et novembre 2010, qui a mobilisé environ 20 000 Sahraouis, a été passée sous silence dans l’émission Ainsi va le monde présentée quotidiennement par Vincent Hervouët, lorsqu’elle s’est achevée dans la violence, avec la mort d’agents des forces de l’ordre marocaine et de civils Sahraouis, le 8 novembre. En revanche, quelques jours plus tard, le 23 novembre, Hervouët diffusait « en exclusivité » des images de « terroristes » dans un camp d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Il expliquait que « des liens seraient avérés entre une cinquantaine de membres du Polisario et AQMI » et que les « camps du Polisario » (en fait, des camps de réfugiés situés près de Tindouf en Algérie et administrés par le Polisario avec l’aide d’ONG et du HCR et du Programme alimentaire mondial de l’ONU) formeraient un « nouveau vivier » pour recruter des terroristes. Une information tronquée, reprise régulièrement dans la presse française.
Le surlendemain de la diffusion de cette émission, le journaliste demande à son ami Ahmed Charai de lui réserver trois chambres au Sofitel de Marrakech pour venir passer les fêtes de fin d’année en famille. Dans ce message, transféré par Charai à son contact à la DGED, Vincent Hervouët se félicite d’avoir eu « au moins quatre appels de différents services de mon cher gouvernement (…) au sujet de la vidéo, c’est pas mal ! » Et d’ajouter : « Par contre la direction du Polisario a envoyé hier soir une lettre au Président de la chaîne, protestant contre ce qu’ils ont appelé « l’amalgame » entre AQMI et le front Polisario, ils veulent un droit de réponse, mon œil !!! ».
Dans cette affaire, le journaliste français joue aussi un rôle de communicant du royaume marocain. Il alerte sur les publications critiques par rapport au roi du Maroc :
D’autres mails sur Vincent Hervouet :
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