Qatargate : Le Marocain Belahrach, déjà impliqué dans une affaire en Espagne

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Par Mohamed Ayache

Le Marocain Mohamed Belahrach (né en 1964) de la DGED, qui a été le lien entre l’ambassadeur du Maroc en Pologne et Pier Antonio Panzeri ces deux dernières années, avait déjà fait scandale en Espagne en 2019. La Sûreté de l’Etat belge (VSSE) avait alors reçu un tuyau de la part des services de renseignement espagnols signalant qu’une structure criminelle avait été mise en place en Belgique au profit du Maroc et du Qatar.

À l’époque, il s’agissait de détournement de grosses sommes d’argent provenant du Maroc, de fausses factures, d’agences de voyages fictives, d’informateurs payés sans preuve, et de la présence des épouses de ces espions de la DGED.

L’affaire a été révélée par un tribunal catalan saisi par Mimoun Jalich, alors nouveau directeur de l’Union des Centres Culturels Islamiques de Catalogne (Uccic), qui regroupe plus de 70 mosquées catalanes.

Le juge d’instruction catalan a enquêté sur l’origine des financements reçus par cette organisation, initialement fondée par Noureddine Ziani, un autre espion de la DGED expulsé par les autorités espagnoles en 2013 pour avoir « mis en danger la sécurité intérieure espagnole ».

Ce sont précisément Noureddine Ziani et sa femme Atiqa Bouhouria qui se retrouvent alors au cœur d’un grand scandale, causant un préjudice considérable à la prestigieuse DGED et exposant ses réseaux en Espagne, en place depuis de nombreuses années. La DGED contrôle les Marocains autant en Espagne qqu’en Europe.

Noureddine Ziani avait reçu pour mission de la DGED de mettre en place un réseau d’informateurs en Espagne et de contrôler les mosquées les plus influentes de la péninsule ibérique. Pour atteindre ses objectifs, l’espion marocain avait bien sûr besoin d’argent. Beaucoup d’argent.

Et cet argent, plus de 2 millions d’euros par an, transitait par Aya Travels Tours, une agence de voyages située à Mataró, près de Barcelone. Le problème, c’est que cette agence de voyages appartient à trois femmes : Atiqa Bouhouria (épouse de Ziani), Naima Lamalmi, dentiste à Rabat et épouse de Mohamed Belahrach, et Naziha El Montasser, l’épouse d’Abdallah Boussouf, secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger.

Ce qui inquiète les enquêteurs : les trois épouses de Ziani, Belahrach et Boussouf possèdent une autre agence de voyages, Elysée Travels, située à Rabat.

La justice : « Toutes ces agences sont des coquilles vides utilisées pour transférer l’argent du ministère marocain vers l’UCCIC. Il y aurait eu des virements de comptes de l’UCCIC vers Aya Travels, et une partie de ces fonds aurait été renvoyée au Maroc à l’agence de voyages Elysée Travels, propriété de Ziani, Belahrach et Boussouf. » Un véritable carrousel.

Ziani a mis en place une structure supplémentaire en Catalogne. « Boussouf et Belahrach envoyaient des fonds publics sous forme de subventions que leurs femmes blanchissaient pour que l’argent revienne dans les poches de leurs maris respectifs. » C’est la chaîne décrite dans les documents (comptes de l’UCCIC, virements bancaires, retraits d’argent et procédures judiciaires à Barcelone).

La fraude a été découverte en 2015, lorsque les personnes ayant pris le contrôle de l’UCCIC après l’expulsion de Noureddine Ziani ont effectué un audit des comptes de l’association (de 2012 à 2015) et constaté que presque tout l’argent reçu du Maroc n’avait pas été utilisé conformément aux statuts.

Mais quel est le montant total détourné ? Impossible d’obtenir une réponse précise, indique le tribunal qui a vérifié une multitude de comptes bancaires au nom du couple Ziani-Bouhouria, notamment à la Banque Populaire, La Caixa, Deutsch Bank et ING. Les banques n’ont pas réellement coopéré, compliquant l’enquête judiciaire.

Les conséquences furent dévastatrices pour l’architecture mise en place par la DGED, non seulement en Espagne mais aussi dans d’autres pays comme la Belgique, la France et les Pays-Bas. D’autres structures créées par Noureddine Ziani et sa femme, comme la Fédération des Entités des Centres Culturels Islamiques de Catalogne, la Haute Commission de la Culture Islamique ou l’Union des Centres Culturels de Catalogne, étaient également sous la loupe des services espagnols.

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