Histoire : Rapport de la CIA sur la situation en Algérie après les émeutes d’octobre 1988

Lors des récentes émeutes, une grande partie de la violence a été perpétrée par les nombreux jeunes chômeurs urbains qui réclament des emplois, davantage de nourriture et de biens de consommation, et qui tiennent le gouvernement pour responsable des graves problèmes économiques de l'Algérie.

Mémorandum pour : NIO/NESA
Objet : Rapport d’alerte sur l’Algérie

Mon équipe et moi restons sceptiques quant à la capacité de Bendjedid à faire des progrès significatifs pour résoudre les problèmes profondément enracinés de l’Algérie sans recourir davantage à l’armée de manière répressive. Il pourrait surmonter les désordres actuels, mais les fractures dans la société algérienne restent profondes et les membres durs du FLN sont toujours intacts. Merci de me faire savoir ce que vous pensez de cet article. (Charles E. Allen, 17 octobre 1988).

ALGÉRIE : Revers des réformes de Bendjedid ?

L’Officier National du Renseignement pour l’Alerte estime que la position du Président Bendjedid — à la suite des récents troubles et violences généralisés en Algérie — est plus fragile qu’évalué par le Service du Renseignement. Les efforts de Bendjedid pour résoudre les problèmes de l’Algérie ne s’attaquent pas aux causes profondes du mécontentement populaire, et il fait face à une opposition continue des « militants » de longue date du parti à gauche, ainsi qu’à une menace croissante de la part des fondamentalistes islamiques à droite. Ses plans de réformes politiques semblent suggérer une stratégie à haut risque visant à neutraliser ses opposants politiques, mais, selon l’Officier du Renseignement pour l’Alerte, ils n’abordent pas les contradictions inhérentes au système politique algérien.

Bien que l’ordre ait été rétabli pour l’instant, Bendjedid dispose de moins de marge de manœuvre qu’auparavant et n’a pratiquement aucune ressource pour satisfaire les revendications du peuple. Il est de plus en plus probable que ses réformes économiques orientées vers le marché ne survivront pas à une période d’essai initiale, et que de nouveaux désordres civils et violences surviendront.

Lors des récentes émeutes, une grande partie de la violence a été perpétrée par les nombreux jeunes chômeurs urbains qui réclament des emplois, davantage de nourriture et de biens de consommation, et qui tiennent le gouvernement pour responsable des graves problèmes économiques du pays. Les musulmans fondamentalistes — bien que mal organisés — ont également cherché à exploiter ces troubles pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il devienne moins laïc et revienne aux traditions islamiques.

Les dirigeants du parti et militaires durs, qui occupaient des postes clés pendant la révolution algérienne, ont tenté d’utiliser ces troubles pour obtenir plus de levier sur le Président, avec pour objectif final de forcer un changement de ses politiques. Certains des chefs militaires du régime pourraient collaborer directement avec les militants socialistes du parti dans un effort pour renverser le programme de réformes. D’importants officiers de la vieille garde s’inquiètent de l’orientation pro-occidentale de la politique, craignant qu’elle ne compromette les liens avec l’Union soviétique, et sont mécontents de la perte de leurs privilèges sous le programme de réformes économiques austères de Bendjedid.

Bendjedid, manifestement inconscient de l’ampleur du mécontentement populaire, pourrait avoir contribué involontairement aux récents désordres. Dans un discours prononcé le 19 septembre, il a franchement reconnu de graves problèmes économiques et sociaux, ce qui a été considéré par beaucoup comme une admission d’échec et une invitation à la protestation. L’indécision de Bendjedid dans la gestion des manifestations semble avoir contribué à leur expansion et à leur tournure violente.

Bendjedid a peu d’options pour répondre aux demandes populaires. Les réserves de l’Algérie sont en baisse, tout comme les prix du pétrole, principale industrie d’exportation du pays. La sécheresse et une bureaucratie gonflée et inefficace ont empêché les améliorations dans l’agriculture et d’autres industries primaires. Compte tenu de la lourde dette extérieure de l’Algérie, l’assistance extérieure — déjà proposée par l’Arabie Saoudite — est tout au plus une solution temporaire.

SOURCE :

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