
Dans le reportage d'Arte TV, on découvre non pas l’Algérie, mais l’Algérie selon le Bachagha Sansal : aseptisée, blancho-littéraire, repassée au fer de la repentance inversée.
Tags : Algérie, Boualem Sansal, Bachagha Sansal, France, révolution, algérienne, colonisation, guerre de libération,
Par Latifa Kharratt
Il y a des hommes qui naissent prophètes et d’autres qui naissent historiens. Boualem Sansal, lui, a choisi de naître en 1949 pour pouvoir commenter, expliquer, démystifier — bref, raconter la Révolution Algérienne déclenchée en 1954 comme s’il en avait été le stratège caché ou, mieux, l’arbitre éclairé.
À cinq ans, pendant que d’autres enfants dessinaient des moutons ou buvaient du lait en poudre, Sansal, déjà, savait : le FLN n’était qu’un ramassis de poseurs de bombes, les maquisards n’étaient que des bûcherons mal rasés, et la colonisation…une aimable cohabitation méditerranéenne.
Il en parle avec une assurance de survivant de l’ombre, comme s’il avait partagé un cigare avec Massu ou assisté au vote du Code de l’indigénat dans un salon de thé d’Alger.
Il nous explique donc, du haut de sa fiction personnelle, que la guerre de libération n’était ni une guerre ni une libération, mais une agitation de rustres mal éduqués.
Que les pieds-noirs vivaient en paix, que les juifs se portaient bien et que les Algériens — ceux de souche, les indigènes — étaient là pour décorer le paysage et polir les ruelles d’Alger à coups de silence.
Il ne dit rien des enfumades, rien des camps, rien des têtes tranchées ou des villages rasés. L’Histoire selon Sansal est un jardin à la française : net, géométrique, sans mauvaises herbes révolutionnaires. Il parle de « terroristes », jamais de « moudjahidines ». Il préfère les archives policières aux cris des martyrs.
Le Bachagha Sansal aurait sans doute conseillé patience à Larbi Ben M’hidi ou recommandé la diplomatie à Abane Ramdane.
Et puis il y a la fable de ses origines : une mère qu’il aurait retrouvée à six ans, avec ses frères, comme on découvre une carte postale oubliée. Une maman de 22 ans, donc mère à 13, peut-être à 11. Peu importe, l’algèbre coloniale de Sansal ne connaît pas la cohérence, seulement l’effet de style.
Le reste est à l’avenant : un vernis littéraire sur un fond idéologique moisi, une rhétorique néocoloniale emballée dans des phrases longues comme des fleuves français.
Et quand ARTE lui tend le micro, il enfile le burnous du sage, celui qui sait mieux que les témoins, mieux que les morts, mieux que les archives, mieux que Stora. Il fait de l’oubli un roman, de l’effacement une carrière, de la colonisation un malentendu.
Mais ne vous y trompez pas : ce n’est pas de l’Histoire. C’est du storytelling de salon, une psychanalyse ratée de l’identité Algérienne vue depuis un balcon colonial. Et pour ceux qui ont encore l’estomac solide, le reportage est disponible sur ARTE.
On y découvre non pas l’Algérie, mais l’Algérie selon le Bachagha Sansal : aseptisée, blancho-littéraire, repassée au fer de la repentance inversée.
Sansal parade.
Il explique.
Il « corrige » les Algériens.
Il gomme la révolution.
Il remplace les faits par des fables.
Le colonialisme selon Sansal : c’était le Club Med avec un Code de l’indigénat en annexe.
Le reportage est dispo sur ARTE. Préparez-vous :
Ce n’est pas l’Histoire d’un pays mais le délire d’un homme qui rêve que la colonisation fut un malentendu entre gens civilisés.
#Algérie #BoualemSansal #France #Colonisation #ClubMed