Algérie. Plein gaz de… schiste ? La reprise des cours du pétrole ces dernières semaines tutoit aujourd’hui les 80 dollars le baril
La reprise des cours du pétrole ces dernières semaines qui tutoient aujourd’hui les 80 dollars le baril est assurément une bonne nouvelle pour l’économie nationale qui souffre de la contraction drastique des recettes en devises depuis 2018. Alors que notre pays subit les contrecoups financiers et économiques du Covid-19, ce renchérissement de l’or noir est de nature à donner un peu d’air frais aux finances de l’État mises à mal depuis deux années, pour relancer l’investissement productif et les programmes bloqués. Mais il semble bien que le gouvernement ne compte plus sur la rente pétrolière si volatile et dont les recettes sont loin du volume des années Bouteflika durant lesquelles le pays croulait sous les pétrodollars.
Le gaz de schistes qui soulève les passions et les polémiques pourrait bien être le principal levier pour pallier la raréfaction des recettes pétrogazieres. Le président directeur général de la Sonatrach a implicitement confirmé la volonté du gouvernement de reprendre le dossier du gaz de schiste qui a été mis sous le coude dans le sillage de la levée de bouclier de la société civile dans le grand sud sur les présumés impacts de son exploitation sur l’environnement et notamment les nappes d’eau.
Invité lundi à la télévision publique, Toufik Hakkar a asséné que les réserves du gaz non conventionnels (comprendre le gaz de schiste notamment) pourrait couvrir environ 150 ans de la consommation actuelle. Il serait naïf de croire que le patron de Sonatrach ait lancé cette affirmation fortuitement. Cette déclaration sonne comme une préparation de l’opinion publique à un probable retour au processus d’exploitation de cette ressource rare dont l’Algérie dispose des plus grandes réserves au monde après l’Argentine et l’Afrique du Sud notamment.
Le PDG de la compagnie nationale des hydrocarbures sait pertinemment que le temps du pétrole cher est définitivement révolu et que les transitions énergétiques qui s’opèrent dans de nombreux pays, mettent l’Algérie en demeure d’explorer d’autres ressources rares qui pourraient suppléer les énergies fossiles. Il apparaît donc clair que le début de l’exploitation du gaz de schiste figurerait dans les prochaines années comme un recours quasiment inévitable.
Ceci d’autant que la production du gaz mais surtout du pétrole suffit à peine à la consommation interne qui attirent des pics. De fait, l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste s’avère être une nécessité vitale pour les finances publiques avant d’être un impératif économique. Il reste à convaincre les opposants à cette opération que cette exploitation n’impactera pas l’environnement. Une mission il est vrai qui est loin d’être une sinécure.
Par Imane B.
L’Est Républicain, 20/10/2021