Le président algérien coupe le robinet du gaz au Maroc – Plus de 97% du gaz consommé par les Marocains provient de l’Algérie.
Est-ce une conséquence directe de la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc ? Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a « ordonné » ce dimanche 31 octobre au groupe public Sonatrach de ne pas reconduire le contrat du gazoduc passant par le Maroc. Plus de 97% du gaz consommé par les Marocains provient de l’Algérie.
Les livraisons de gaz algérien à l’Espagne se feront désormais donc exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz lancé en 2011. Ce gazoduc qui passe par la Méditerranée évite le territoire marocain.
« Le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné la cessation des relations commerciales entre Sonatrach et l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et le non-renouvellement de l’accord qui expire dimanche à minuit ». C’est ce que vient d’annoncer un communiqué de la présidence algérienne diffusé par la télévision publique. L’Algérie est le premier exportateur de gaz africain. Ses principaux clients sont l’Espagne, la France mais également le Maroc.
Selon l’ONEE marocain la décision algérienne « n’aura dans l’immédiat qu’un impact insignifiant sur la performance du système électrique national »
Le royaume chérifien pourrait se tourner notamment vers l’Espagne, selon des médias marocains pour acheter du gaz algérien. La dépendance de Rabat au gaz algérien est réelle. Aujourd’hui le gaz algérien couvre 97% des besoins en gaz du Maroc.
Le gaz algérien, 97 % des besoins du Maroc
Abdelamadjid Tebboune a pris cette décision, après consultation du Premier ministre et des ministres des Affaires étrangères et de l’Énergie, « au vu des pratiques à caractère hostile du royaume (marocain) qui portent atteinte à l’unité nationale », selon le communiqué.
L’Algérie, premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, n’avait pas fait mystère ces dernières semaines de son intention de ne pas prolonger le contrat d’utilisation du gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME).
La ministre espagnole de la Transition écologique chargée de l’Energie Teresa Ribera et le ministre algérien de l’Energie et des Mines Mohamed Arkab avaient annoncé que les livraisons de gaz algérien vers l’Espagne allaient être assurées via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion en gaz naturel liquéfié.
Un gaz algérien à un prix avantageux
Depuis 1996, l’Algérie expédiait vers l’Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le GME. En contrepartie du transit du gazoduc, Rabat recevait annuellement près d’un milliard de m3 de gaz naturel, ce qui représente 97% de ses besoins.
La moitié étaient des droits de passage payés en nature, l’autre du gaz acheté à un prix avantageux, selon des experts du secteur.
Le gaz algérien alimente deux centrales thermo-électriques à Tahaddart (nord) et Aïn Beni Mathar (est) à hauteur de quelque 700 millions de M3 par an. La fin du transit du gaz algérien sur le territoire a également des conséquences financières pour le royaume marocain.
Pertes de revenus pour le Maroc
La redevance du transit de gaz algérien sur le territoire marocain a rapporté chaque année à Rabat l’équivalent de 50 millions de dollars en 2020, perçus en nature.
Fin août, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, invoquant des « actions hostiles » du royaume, une décision « complètement injustifiée », selon Rabat.
La crise a éclaté peu après la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, en échange de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Alger, qui appuie les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, répète régulièrement de son côté son soutien à la cause palestinienne.
TV5 Monde, 01/11/2021
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