Accord militaire Maroc-Israël: Plus qu’une provocation – Algérie, Maghreb, Sahel, Accords d’Abraham,
C’est un accord sans précédent qui vient d’être signé ce mercredi à Rabat par le Maroc et l’entité sioniste, lors d’une visite au royaume du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz. L’accord de défense concerne plusieurs aspects sécuritaires, ainsi que sur la coopération dans le domaine du renseignement militaire et de l’industrie de l’armement.
Cette visite qui a suscité une vive mécontentement populaire au Maroc, intervient dans une conjoncture très tendue dans la région, avec les actions hostiles du régime marocain contre l’Algérie et la reprise de la lute armée de libération par le Front Polisario. Pour de nombreux experts, la visite de M. Gantz au Maroc en pleine tension au Maghreb ne saurait être une pure coïncidence. C’est plus qu’une provocation.
Il s’agit d’une preuve réelle et une démonstration que le Makhzen a fait un choix stratégique de longue durée, susceptible de déstabiliser non seulement toute la région du Maghreb, mais aussi dans tout l’espace du Sahel.
Il est clair que les marocains veulent maintenant approfondir leurs relations avec l’entité sioniste, plus que ne l’ont fait les premiers Etats arabes du Moyen Orient, comme l’Egypte, la Jordanie ou les Emirats, qui avaient opté pour la normalisation depuis longtemps.
L’Etat sioniste est réputé pour être l’un des principaux exportateurs au monde de drones armés et de logiciels de sécurité comme le Pegasus de la société NSO. Or, les ventes de drones armés et de certaines technologies de pointe, à l’instar du logiciel-espion Pegasus,
doivent être approuvées par le ministère de la Défense dirigé par M. Gantz.
Rabat s’en était servi pour infiltrer les téléphones de plusieurs personnalités publiques nationales et étrangères, notamment des Algériens. On compte plus de 6000 téléphones infestés par ce logiciel espion.
Gantz, un ancien chef de l’armée israélienne, a été reçu en début de matinée par le ministre délégué chargé de l’administration de la Défense nationale marocaine, Abdellatif Loudiyi.
Ils ont signé un protocole d’accord qui lance formellement la coopération sécuritaire «sous tous ses aspects» (planning opérationnel, achats, recherché et développement, etc.) entre les deux pays, un an à peine après la normalisation de leurs relations, face aux «menaces et défis dans la région», selon la partie israélienne. «Il s’agit d’une chose très importante qui nous permettra aussi d’échanger nos opinions, de lancer des projets conjoints et favorisera les exportations israéliennes jusqu’ici», a souligné M. Gantz. Ce dernier avait auparavant déposé une gerbe au mausolée Mohammed V, qui accueille la sépulture du père de l’indépendance marocaine et celle de son fils Hassan II.
Cet accord tout comme cette visite s’inscrivent à la fois dans une campagne de provocation à l’égard de l’Algérie et en même temps d’une opération marketing du Makhzen à l’endroit des lobbies sionistes aux Etats-Unis et à l’administration américaine, alliée viscéral d’Israël, dans la perspective de glaner quelques accords économiques et aides financière face à la crise qui se coule le Maroc.
Pour rappel, le Maroc et Israël avaient établi des relations diplomatiques au début des années 1990 avant que le Maroc n’y mette fin au début de la Seconde intifada, le soulèvement palestinien du début des années 2000.
Désormais alliés, ils ont renoué des relations en décembre 2020 dans le cadre des «Accords d’Abraham», processus de normalisation des relations entre l’entité sioniste et les Etats arabes.
Une coalition propalestinienne de partis et d’ONG de gauche, ainsi que le mouvement Justice et Bienfaisance avaient organisé un sit-in mercredi après-midi devant le Parlement à Rabat pour dénoncer la normalisation des relations avec Israël et la venue au Maroc du « criminel de guerre Gantz », chef d’état-major lors de l’agression meurtrière sioniste de l’été 2014 contre les population civile à Ghaza.
Par Mohamed K.
Le Jeune Indépendant, 24/11/2021
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