Maroc, expropriation, Omar Radi,
Le régime du Makhzen marocain se sert de l’expropriation pour se constituer une assiette foncière à bas coût dans le but d’enrichir de hauts responsables et dirigeants du royaume, révèle une enquête de l’organisation Forbidden Stories. Cette enquête publiée sous le titre « Maroc : le rouage d’une machine à cash », poursuit le travail du journaliste marocain emprisonné, Omar Radi, sur les expropriations foncières dans le royaume. Le 3 mars 2022, Omar Radi est condamné par la cour d’appel de Casablanca à six ans de prison pour deux affaires totalement distinctes – « viol » et « espionnage »- instruites et jugées lors du même procès, à rebours de toute logique judiciaire, rappelle l’organisation.
Le journaliste marocain, dont le piratage du téléphone par le logiciel sioniste Pegasus avait été révélé par un rapport d’Amnesty International en juin 2020, « travaillait alors à une enquête au long cours sur les expropriations foncières ». Après plusieurs mois d’enquête pour poursuivre son travail, Forbidden Stories révèle comment des terres tribales ont servi à l’enrichissement de hauts responsables et dirigeants.
L’enquête signée Cécile Andrzejewski et Hicham Mansouri fait savoir que ces terres tribales à une trentaine de kilomètres au Nord de Rabat, appartenant aux habitants du douar Ouled Sbita, un village à deux pas d’un bord de mer paradisiaque, sont tombées dans les mains de la société Addoha, dirigée par Anas Sefrioui.
La société en question aurait fait main basse, à la fin des années 2000, sur des terres agricoles pour lancer son projet de la « Plage des Nations » et en faire un complexe immobilier et touristique, expropriant, au passage, des centaines de personnes, au prix de faible indemnisation. Une affaire que le journaliste Omar Radi, habitué à travailler sur les liens entre pouvoir et business dans son pays, depuis longtemps critique de l’appareil d’Etat marocain, avait dénoncée peu avant sa condamnation comme étant une instrumentalisation de la notion « d’expropriation pour utilité publique ».
« Dans cette zone où la pression immobilière se fait de plus en plus forte, elles (les terres agricoles, ndlr) aiguisent les appétits. En l’espèce, c’est le promoteur immobilier Addoha qui a jeté son dévolu sur elles, dès l’automne 2006, pour y déployer son projet de la Plage des Nations », précise Forbidden Stories. Après avoir détaillé comment Anas Sefrioui a pu mettre la main sur les terres des habitants du douar Ouled Sbita grâce à un subterfuge, couvert par l’Etat, en défiant notamment les lois du Royaume qui interdit au privé de s’approprier des terres collectives.
Pour illustrer l’implication du Makhzen dans ces affaires d’expropriation illicites, l’enquête souligne que c’est sous les yeux de hauts responsables « qu’est lancé le projet de la Plage des Nations (où sont construits un terrain de golf, des villas de luxe, avec piscine et une plage privée à la place d’une forêt protégée) qui aboutira à l’expulsion de la tribu » de Ouled Sbita, avant même que celle-ci n’en soit informée.
En effet, le projet a vu le jour grâce à la signature, le 11 novembre 2006, de deux mémorandums d’entente relatifs à des investissements touristiques et immobiliers à Rabat, explique Forbidden Stories. Mais l’affaire, poursuit l’organisation, « s’avère plus fumeuse encore », car la veille de ces annonces, la valeur de l’action Addoha va exploser.
« Une folie boursière qui trouvera finalement son explication le lendemain avec la signature par le groupe Addoha de ces deux mémorandums d’investissement avec l’Etat ».
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