En crise, le Maroc demande 5 milliards de dollars au FMI

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«L’Etat a besoin de s’endetter non seulement sur le marché intérieur pour combler le déficit budgétaire mais aussi en devises pour parer au déficit abyssal de la balance commerciale, à 312 milliards de dirhams (31 mds USD) pour 2022, presque 23%-24% du PIB», selon l’économiste Najib Akesbi.

Le gouvernement du royaume du Maroc a officiellement demandé au FMI une ligne de crédit modulable (LCM) de 5 milliards de dollars, dans un contexte de fort endettement du royaume, a indiqué l’institution dans un communiqué. «Compte tenu de la solidité des cadres de politique économique et du bilan du Maroc, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a l’intention de recommander l’approbation d’un accord au titre de la LCM en sa faveur», explique le communiqué publié lundi soir. Le conseil d’administration du FMI a examiné lundi la demande des autorités marocaines et doit se réunir de nouveau dans les prochaines semaines pour prendre une décision.

La demande de Rabat, attendue, survient alors que le pays maghrébin vient de sortir de la liste grise des pays soumis à une surveillance renforcée du Groupe d’action financière (Gafi), organisation de lutte contre le blanchiment. Une sortie dont dépendait l’éligibilité du Maroc à la LCM. Ce mécanisme de financement aide les pays à se prémunir contre des chocs extérieurs grâce à un accès immédiat à des ressources du Fonds, sans conditionnalité a posteriori, rappelle le FMI. «Les autorités marocaines entendent traiter la ligne de crédit modulable comme un dispositif de précaution», précise le communiqué. «Le FMI est disposé à continuer d’aider le Maroc à faire face aux risques découlant d’une conjoncture mondiale très incertaine», conclut-il.

Ces dernières années, le Maroc a eu recours à une autre facilité de crédit, la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Le royaume chérifien est l’un des pays les plus endettés d’Afrique. «L’Etat a besoin de s’endetter non seulement sur le marché intérieur pour combler le déficit budgétaire mais aussi en devises pour parer au déficit abyssal de la balance commerciale, à 312 milliards de dirhams (31 mds USD) pour 2022, presque 23%-24% du PIB», remarque l’économiste Najib Akesbi. «Le recours à l’emprunt extérieur est aussi le signe qu’il y a des difficultés à s’approvisionner sur le marché intérieur», souligne M. Akesbi, qui s’inquiète par ailleurs de «l’opacité» des conditions d’accès, de remboursement et de coût de la LCM.

Le Maroc fait face à une situation économique difficile en raison de la flambée des prix des denrées alimentaires et des carburants et une croissance ralentie. Fin décembre, la Banque centrale marocaine (BAM) avait dû relever son taux directeur de 50 points de base, à 2,50%, afin de juguler la forte poussée inflationniste (+6,6% en 2022).

Par ailleurs, des centaines d’enseignants contractuels se voient privés de leurs salaires pour leur participation à des actions de protestation réclamant une réforme de leur statut professionnel, selon un syndicat représentant cette catégorie de professeurs qui se comptent par dizaines de milliers. La Coordination nationale des enseignants contractuels a révélé, mardi, dans un communiqué, «la suspension des salaires de 477 enseignants et enseignantes, au motif de boycott des remises des notes et délibérations du premier trimestre». «Au lieu de chercher les raisons de cette action de protestation, et d’apporter des réponses aux revendications des enseignants, l’Etat recourt à la répression et à la vengeance à un moment où le pays connaît une grave crise socio-économique», a dénoncé le syndicat. Il s’est élevé également contre «le renvoi des enseignants devant le conseil de discipline, les menaces, les intimidations et la torture psychologique», ce qui confirme concrètement, selon la source, «l’ampleur des violations auxquelles sont confrontés les professeurs».

La coordination a, par ailleurs, énuméré les étapes de son mouvement de protestation qui «a commencé par le port de badges rouges et noirs et des formes de lutte les dimanches et jours fériés, puis est passé à des grèves courtes, mais les autorités responsables du secteur se sont moquées de toutes ces formes de protestation, qui ont dégénéré par la suite en manifestations sur le terrain, conduisant à un boycott de la remise des notes». La coordination a souligné que «l’intérêt des élèves est étroitement lié aux conditions dans lesquelles évoluent les enseignants et enseignantes. Chaque fois que les droits des travailleurs sont bafoués, cet intérêt est affecté. L’emploi par contrat est un danger stratégique qui nuit à cet intérêt». Les professeurs contractuels ont tenu la tutelle pour responsable de l’évolution de la situation, insistant sur la poursuite de la lutte jusqu’à l’intégration effective dans la fonction publique. Depuis 2016, le Maroc embauche des dizaines de milliers d’enseignants sur la base de contrats à durée déterminée (CDD). Ils mènent depuis plus de 4 ans un mouvement de grève et des manifestations souvent émaillées de violences policières.

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