Un enlèvement bizarre

Diego Camacho 
Son but était apparemment trois coopérants, deux Espagnols et une Italienne, mais il paraît qu’il ya un autre but plus profond : intervenir décisivement dans la perception politique du Maghreb.
Juste après l’enlèvement, des versions différentes surgissent. D’un côté, celles qui essayent de lier le Front Polisario au terrorisme islamiste dans la région. De l’autre côté, celles qui cherchent à disculper les Sahraouis et l’Algérie de la responsabilité même en acceptant une certaine responsabilité dans la sécurité des camps.
La tentative faite par le Maroc pour établir des liens entre le Polisario et Al Qaïda vient de loin et il a tout de suite cherché la connexion immédiatement après l’enlèvement. Il suffit de voir le visage de satisfaction du ministre marocain des Affaires étrangères et d’entendre ses paroles, lors de la visite de Trinidad Jiménez à Rabat, pour comprendre qu’un acte terroriste dans le pays voisin, loin de l’alarmer, il le rendait heureux. De manière simultané, apparassaient aux Etats-Unis une série de journalistes chargés de jouer les amplificateurs dans une tentative d’influencer l’opinion publique américaine. Ces deux coïncidences permettent de soupçonner que l’exploitation de l’enlèvements dans les médias de communication sociale et dans un sense unique, malgré le manque d’information réellement fiable, était quelque chose de préparé à l’avance.
Dans une opération de ce genre, l’objectif est de prendre les otages. La difficulté n’est pas dans l’approche de la cible ni dans l’attaque, mais dans la retraite. Dans la première, les différents éléments du commando peuvent converger séparément dans le voisinage de la cible, ce qui rend sa détenction pratiquement impossible si elle est bien exécutée. L’attaque est également simple à réaliser, si l’on a d’abord étudié les postes de garde, la fréquence de la relève et si l’on a des informations sur la localisation de la cible. Cette information qui est facilement accessible sur le terrain sans lever les soupçons, est également disponible via satellite. Mais pour cela, il faut disposer du satellite. Le retrait est la véritable clé de l’opération. Si elle échoue, tout s’écroulera, puisque le but n’était pas d’attaquer le camp, mais de montrer son insécurité et ainsi donner le coup de grâce à la coopération internationale.
La position de l’UE et l’ONU est honorable en signalant que la coopération avec les camps n’allait pas s’arrêter. Une position pragmatique, tant que l’on ne soulève pas plusieurs interrogations, et qui contraste avec la position prise par le gouvernement espagnol dans la voix de sa ministre des Affaires étrangères, lorsqu’elle demanda urgemment la nomination d’une commission pour analyser la sécurité des camps et sa recommandation de ne pas s’y rendre. Ce que Jimenez a demandé est souhaité par Rabat, d’où son voyage précipité vers le pays voisin. Plus logique serait se déplacer vers le Mali, qui est l’endroit où on nous dit que se trouvent les otages.Notre gouvernement, imprésentable à cause de son attitude, a apparemment tout compris. Si c’est le cas, il pourrait donner des explications et du même pas nous parler du résultat des rapports qu’il avait demandés au gouvernement marocain il ya un an, lorsque des soldats et des colons ont écrasé le camp Gdeim Izik.
Revenant à l’enlèvement, il semble que les terroristes ont des problèmes pendant l’attaque car ils sont découverts et ils doivent blesser un gardien et un otage pour pouvoir s’enfuir. Leur retraite apparemment commence à 02 :00 du matin. Le chemin le plus court vers le Mali se trouve par la piste de Tindouf vers Ain Ben Tili et de là vers Bir Mogrein et continuer vers vers le sud. Cet itiniéraire d’évasion est une erreur du point de vue tactique, sauf s’il ya la complicité du Front Polisario. C’est une erreur, étant donné que le temps de Tindouf à Ain Ben Tili par piste est d’au moins 6 heures. Un temps plus qu’assez pour que les forces du Front Polisario puissent couper le chemin aux ravisseurs au lever du soleil. Se détourner vers l’Est de la piste de Tindouf veut dire sortir des points d’eau, et en allongeant l’itinéraire perdre avant la protection de la nuit. Se détourner à l’ouest de la piste de Tindouf c’est tomber sur le mur marocain ou sur Tifariti, dans ce cas-ci, le soleil bien levé.
L’autre possibilité c’est, une fois arrivés à Mahbes, se diriger vers l’ouest et par la Hamada aller en direction vers Echediria, cela permettrait d’atteindre le mur et s’installer en pleine nuit en territoire contrôlé par le Maroc. L’hypothèse de se diriger vers le nord veut dire pénétrer en territoire algérien.Ces deux dernières hypothèses permettraient de déplacer les otages par avion vers leur destination finale, qui serait le moyen le plus sûr d’atteindre la destination finale avec le moins de risques.
Connaître l’itinéraire choisi devient l’un des facteurs nécessaires, bien qu’insuffisant pour identifier les auteurs.L’obtention d’informations sur le terrain est aujourd’hui l’outil d’information essentiel.
N. de la R.
L’auteur est colonel diplômé en Opérations Spéciales et en sciences politiques et membre du conseil d’administration de l’APPA (Association pour le progrès des peuples d’Afrique) 
Espacios Europeos, 11/04/2011
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