Maroc, Libye, l’Algérie entre deux catastrophes naturelles

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Sinistres, aides et contraste

par Abdelkrim Zerzouri

Un séisme meurtrier à l’Ouest et des inondations à l’Est, entre deux catastrophes naturelles l’Algérie tente d’apporter son aide humanitaire inconditionnelle à ses voisins, en l’occurrence le Maroc et la Libye, où les morts se comptent par milliers, les sinistrés par centaines de milliers et des dégâts qui se chiffrent en milliards.

Un devoir de solidarité dans des moments pénibles auquel aucun pays ne peut se soustraire, même si entre le Maroc et l’Algérie les relations sont rompues depuis 2021. Mais, quand c’est le pays victime de la catastrophe qui refuse les offres d’aide de pays compatissants à ses malheurs, cela pose un problème édifiant quant à l’hostilité profonde contre ceux qui lui tendent la main, avant de penser aux torts causés à la population sinistrée qui, elle, ne comprendra jamais pourquoi et comment peut-on se permettre de refuser l’aide extérieure alors que les besoins sont énormes et innombrables ?! On n’a pas entendu parler de refus de l’aide des pays étrangers qui ont accouru pour prêter assistance à la Turquie lors du récent séisme qui a dévasté le pays.

On peut repousser une aide avec l’art et la manière, mais c’est très embarrassant de dire non et d’une manière brutale à un pays qui vous offre son aide sous des prétextes politiques clairs dans des moments si pénibles. Le Maroc ne s’est pas embarrassé de le faire, en stoppant net plusieurs pays dans leur élan de solidarité. En tout cas, il fait passer une occasion comme il ne s’en présente pas tous les jours pour tenter de rebâtir des relations qu’il a brisées. De nombreux observateurs ont vu là une possibilité de détente et d’apaisement entre les deux pays, refroidie par ce refus d’une offre d’aide humanitaire. Les masques sont tombés au Maroc, et font découvrir la supercherie de cet appel du roi qui assure à qui veut l’entendre qu’il cherche à normaliser ses relations avec ce voisin, auquel il ne manque pas l’occasion de lui tendre la main dans ses discours, alors qu’en vérité il ne veut pas voir. La réponse de l’Algérie à ce refus, « en prenant acte de la réponse officielle du Maroc dont on tire les conséquences évidentes », reflète combien le fossé s’est approfondi davantage entre les deux pays.

Il n’y a plus rien à attendre de bon à l’Ouest. Tout à côté, à l’Est, le contraste est immense avec le tri des aides humanitaires à l’aide de calculs politiques. La Libye, pays de loin plus riche que le royaume marocain, a lancé un appel à l’aide internationale et celle des pays voisins pour surmonter la dévastation causée par la tempête Daniel. Et les pays dont l’aide a été rejetée par le Maroc accourent vers la Libye pour lui porter assistance forte sur tous les plans. Non pas pour un gouvernement ou un autre, mais pour la population endeuillée par les inondations.

Le Maroc considère-t-il dans ce cadre que l’aide humanitaire proposée par d’autres pays est destinée au gouvernement ou au roi pour la refuser de cette manière ? Certains estiment qu’il s’agit d’une question de souveraineté, ce qui est vrai quelque part, mais le roi et son gouvernement restent comptables devant la population, pour laquelle il faut régler plusieurs problèmes causés par le séisme, et qui ne vont pas s’estomper par magie.

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