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Le président pourrait ralentir le parti d’extrême droite apparemment invincible, mais se retrouverait coincé dans un parlement divisé
Deux ans après le début de son deuxième mandat et trois autres mandats à pourvoir, les audiences d’Emmanuel Macron ne sont pas ce que l’on pourrait qualifier d’excellentes : 65 % de désapprobation, 34 % d’approbation. Depuis qu’il a perdu sa majorité absolue à l’Assemblée nationale en 2022, il connaît des difficultés.
Le Parlement est de plus en plus paralysé, le gouvernement s’appuyant sur des accords ponctuels avec des partis d’opposition de plus en plus réticents ou méprisant les outils constitutionnels pour adopter de nouvelles lois impopulaires.
Pendant ce temps, les 88 députés du Rassemblement national (RN) d’extrême droite de Marine Le Pen – le plus grand parti d’opposition au Parlement – ont eu ce qui s’apparente à une situation de faveur, votant contre presque toutes les propositions de l’exécutif, redorant ainsi leur image de « des députés responsables, prêts à accéder au pouvoir.
C’est l’une des raisons pour lesquelles Macron, à la surprise générale, a convoqué des élections anticipées dimanche soir : pour forcer le parti d’extrême droite à une véritable confrontation et ralentir – peut-être même inverser – son élan apparemment imparable.
Les élections nationales, a-t-il également expliqué, ne sont pas les mêmes que les élections européennes , au cours desquelles la liste du RN – dirigée par le président du parti Jordan Bardella, 28 ans – a recueilli 32% des suffrages nationaux, contre 15% pour la liste soutenue par le parti. président.
Longtemps considéré par les électeurs comme un moyen peu risqué de punir quiconque est au gouvernement, le système de liste nationale à un tour du scrutin européen favorise les étrangers ; les deux tours des élections nationales françaises rendent plus difficile la victoire des partis non traditionnels.
De plus, Macron semble avoir calculé que s’il parvient à dramatiser le choix auquel sont confrontés les Français, les enjeux seront plus élevés. Dans son discours télévisé, il leur a en effet déclaré : « À chaque élection, vous votez pour eux en plus grand nombre. Alors maintenant, il est temps de décider : voulez-vous vraiment être gouverné par l’extrême droite ?
Contrairement au scrutin de dimanche, il ne s’agira pas d’une élection pour une assemblée lointaine : 70 % des électeurs sont attendus, contre 50 % pour le scrutin européen. Les modérés sont susceptibles de se mobiliser plutôt que de rester chez eux ; le Front républicain anti-extrême droite, en pleine effilochage, pourrait même être, au moins en partie, ressuscité.
L’équipe du président sait que son impopularité jouera dans les décisions des électeurs, mais elle estime également qu’un examen approfondi des propositions politiques concrètes du RN le sera également. D’ailleurs, l’automne avait déjà été synonyme de chagrin. Une série de motions de censure ont été annoncées, entraînant probablement la chute du gouvernement du Premier ministre Gabriel Attal. Alors pourquoi ne pas lancer l’ébullition maintenant ?
C’est en tout cas ce qui semble être l’idée derrière l’énorme pari de Macron. Mais quel pourrait être le résultat ?
Scénario 1 : Macron récupère sa majorité
Ses conseillers ont insisté sur le fait que les élections seront menées pour gagner.
Il est possible qu’il pense pouvoir obtenir une nouvelle majorité. Et lorsqu’il est pleinement engagé dans la campagne électorale, Macron est un artiste impressionnant. Mais on a l’impression que trop d’eau a coulé sous les ponts pour que cela se produise cette fois-ci.
Dans un autre pays, à une autre époque, un appel passionné aux valeurs démocratiques et républicaines face à un parti d’extrême droite qui, malgré son mainstreaming, reste profondément anti-européen, favorable à Moscou, nativiste et autoritaire aurait pu fonctionner.
Mais l’extrême droite est désormais largement normalisée dans toute l’Europe, le Rassemblement national de Le Pen n’a jamais été aussi populaire – et les électeurs de gauche ont peut-être été invités une fois de trop à se boucher le nez et à voter pour un parti qu’ils n’aiment pas beaucoup. pour le tenir à distance.
Scénario 2 : le Rassemblement national remporte la majorité
De nombreux militants du RN se sont montrés perplexes lorsque Macron a annoncé qu’il dissolvait l’Assemblée : ils pensent pouvoir remporter la majorité absolue de ses 577 sièges. Si cela se produit, la convention exige que l’un d’entre eux soit nommé premier ministre.
The Guardian, 10 juin 2024
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