Etiquettes : Gaza, Israël, Hamas, Palestine, crimes de guerre, génocide,
par Mustapha Aggoun
Dans le tourbillon de l’horreur, une mère, ses yeux creusés par le chagrin, scrute les débris, traquant non pas l’espoir, mais le reste du corps déchiqueté de son enfant bien-aimé. Ses mains, autrefois douces et réconfortantes, fouillent maintenant les décombres avec une férocité insoupçonnée, défiant le fer et le béton qui semblent se moquer de sa quête désespérée. Elle ne recherche plus la vie, mais juste un bras, un pied ou une couleur de celui qu’elle a portée, nourrie, aimée et avait tant de rêves pour son avenir.
Au milieu du chaos, une femme déchirée par la colère crie du fond de ses entrailles parmi les ruines, cherchant frénétiquement son mari. Ses yeux fouillent chaque recoin, chaque morceau de vêtement, espérant apercevoir ne serait-ce qu’un fragment de couleur qui rappelle celui qu’elle aime ou qu’elle aimait tant. Ses mains fragiles deviennent des outils de recherche, s’enfonçant dans l’acier tordu et les pierres écrasées par l’effet des bombes meurtrières, refusant d’accepter l’inacceptable.
Une sœur, le visage maculé de sang, lève ses bras ensanglantés vers le ciel, criant les noms de ses frères perdus. Dans son regard brûle l’incendie de la douleur et de la vengeance, alors qu’elle défie la bête immonde et cruelle qui lui a arraché ceux qu’elle chérissait. Chaque cri est un défi lancé à l’humanité, au monde tout entier avec ses institutions, ses organisations. Un appel désespéré dans la saga d’une tragédie qui s’écrit sous nos yeux. Dans l’abîme de la solitude, un père, les yeux empreints de désespoir, serre avec une tendresse déchirante le bras de son enfant émergeant des décombres, son souffle mêlant les prières et les échos lancinants de douleur. En ce moment de désolation, dans les ténèbres de la mort imminente, il ressent avec une intensité incommensurable l’horreur de tenir entre ses mains le bras de son unique enfant, enseveli vivant sous les débris de ce qui était leur maison. Un bras tendu du fond des décombres comme pour dire : «Père, sauve-moi ou suis-moi.»
C’est un tableau chaotique où le malheur et la tragédie se sont incarnés. Dans cette quête désespérée des disparus, qu’ils soient emprisonnés, enlevés de force ou ensevelis dans des tombes anonymes, la douleur devient palpable, criante, insupportable.
Cette tragédie n’est pas une abstraction lointaine ou une narration littéraire imaginaire. Cela se déroule à Ghaza, là où la souffrance et la désolation ont élu domicile. Depuis bien trop longtemps, l’occupation sioniste, dénuée de toute humanité, foule aux pieds les principes éthiques de la guerre, se dissimulant derrière le voile de la légitimité pour commettre ses abominations. Ces traîtres à la fraternité humaine, soutenus par une complicité occidentale, osent se draper du titre d’ «État national juif», profanant ainsi le souvenir sacré des victimes de l’holocauste, en faisant une carte éternelle de pression et de victimisation.
Les victimes d’hier sont devenues des bourreaux, formant une armée sans âme, dévorant leur propre légitimité dans un festin de violence et de barbarie. Il ne reste à notre nation que des fragments éparpillés à rassembler, une voix à unifier pour faire face à l’arrogance d’une entité qui a surpassé les nazis et les Tartares dans son sadisme. Une entité qui se repaît du meurtre d’enfants innocents et de femmes sans défense, traçant ainsi son chemin dans les annales de l’infamie.
Les cœurs des mères, des pères, des frères et des sœurs sont brisés, noyés dans un océan de chagrin, naviguant à travers l’odeur âcre de la mort, cherchant désespérément un signe, un indice qui leur permettrait de retrouver ceux qu’ils chérissent. Imaginez, leur seul espoir est de trouver un corps, une trace ou un reste de leur existence passée…
Mais où trouver un malheur aussi grand que celui que vivent les habitants de Ghaza ? Où trouver une force capable de transcender la douleur de la perte, comme le font les mères de Ghaza ?
Il est difficile de concevoir une atrocité plus grande que celle qui sévit à Ghaza. C’est un cri de désespoir, un génocide, un holocauste plus varié dans les formes de semer la mort que celui des nazis, infligés aux enfants innocents qui vivent sur leur propre terre. La réponse bien que douloureuse, est évidente. Nous sommes témoins d’un crime qui défie toute compréhension, une abomination sans égale, perpétrée sous les yeux du monde, sous le voile de l’Occident, à l’encontre de l’humanité. Depuis le 7 Octobre 2023, Ghaza est devenue le théâtre d’une atrocité sans nom, un massacre insensé orchestré par des obus trempés dans le sang, lancés par la coalition américano-sioniste. Depuis ce jour, le monde, représenté par ses capitales et ses instances supposées humanitaires, semble plus enclin à ouvrir des voies d’approvisionnement en aide alimentaire et en milliers de linceuls que de mettre un terme aux horreurs du génocide qui se déroule sous leurs yeux.
Certaines grandes puissances, se proclamant gardiennes des valeurs humanitaires, abandonnent leur éthique au profit de leurs intérêts géopolitiques, d’autres nations s’unissent pour réprimer la résistance légitime de Ghaza, légitimant ainsi les atrocités perpétrées par le régime sioniste. Mais à Ghaza, et uniquement là-bas, sévit la mort collective, une extermination impitoyable de toute forme de vie et la destruction totale de tout ce qui nourrit l’existence.
Sous le regard impuissant des uns et le silence complice des autres de ce monde, des fosses communes sont découvertes, dévoilant l’horreur indicible et révélant la véritable nature de cette entité diabolique, qui se place au-dessus de toute humanité. Pendant ce temps les puissances européennes orchestrent des stratégies sophistiquées de désinformation et de calomnie à l’encontre de ceux qui osent dénoncer les massacres commis à Ghaza quant aux Etas-Unis le bouillonnement contre le lobby sioniste gagne du terrain. Je termine par deux déclarations d’un des pionniers du sionisme. Deux déclarations, l’une en 1937 et la seconde en 1948 après Ennekba «L’expulsion des Palestiniens de leur terre».
1937 : «Ne nous racontons pas d’histoire… Politiquement, nous sommes les agresseurs et ils se défendent «Les Palestiniens»… C’est leur pays, parce qu’ils y habitent, alors que nous voulons venir ici et coloniser, et de leur point de vue, nous voulons nous emparer de leur pays.» Discours de David Ben Gourion en 1938, cité dans Simha Flapan, «Zionism and the Palestinians».
Note
1948 : «Nous devons tout faire pour nous assurer qu’ils [les Palestiniens] ne reviendront jamais dans leurs maisons. (…) Les vieux mourront et les jeunes oublieront.» David Ben Gourion dans ses mémoires, le 18 juillet 1948, cité par Michael Bar Zohar, «Ben-Gurion: the Armed Prophet», Prentice-Hall, 1967, p. 157… Fin de citation. L’histoire n’est pas finie…
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