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« Les pédophiles peuvent avoir ce qu’ils veulent au Maroc à moindre prix »
Le Maroc peut bien rejoindre en 2015 le Comité sur les droits de l’enfant (CRC) lié à l’ONU, plusieurs organisations de défense des droits des enfants tirent la sonnette d’alarme à propos de l’exploitation des enfants et la prostitution enfantine.
Le Maroc va faire partie, dès le mois de mars 2015, des 194 pays qui contrôlent l’application de la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations unies. Or, en 2011 le pays avait eu un rapport défavorable des autorités américaines à propos du trafic d’être humain. Aurait-il fait autant de progrès en 4 ans?
De nombreuses associations tirent la sonnette d’alarme autour des enfants des rues laissés pour compte, des nombreux abus subis dans les orphelinats et d’une prostitution enfantine qui ne cesse de croître. Knack.be a cherché ce qui se cachait derrière l’image idyllique d’un Maroc fait de plages, de soleil et de palmiers.
Nichée entre la mer et les majestueuses montagnes de l’Atlas, la ville Agadir s’est transformée ces dernières années en une destination touristique de premier plan. Si c’est bon pour l’économie locale, cette expansion a aussi son côté sombre. Il semble que la ville soit devenue une destination très prisée pour le tourisme sexuel, avec les enfants des rues comme principales victimes.
La prostitution enfantine y est devenue monnaie courante, selon Abdelkhalek Benzekri, vice-president de l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) qui a plus de 100 bureaux à son actif, dont certains en Belgique, en Espagne et en France.
« Chaque jour, nous recevons des signalements de pédophilie. Surtout dans des villes comme Marrakech et Agadir. Bien sûr le phénomène a aujourd’hui l’attention des médias, ce qui le rend plus visible. Mais dans la plupart des cas que nous observons, nous remarquons surtout une augmentation de la prostitution enfantine. »
Agadir, Marrakech, Tanger, Casablanca, Meknès. Toutes les grandes villes du Maroc semblent touchées par le phénomène et ont une réputation de paradis pour pédophiles. La question reste de savoir pourquoi.
Selon Benzekri, la pauvreté serait la principale fautive. « Le Maroc compte beaucoup familles nombreuses. Certaines n’ont pas les moyens d’élever autant d’enfants. Ceux-ci sont alors abandonnés à leur sort et il n’est pas étonnant de les voir se tourner vers la prostitution. Certains parents n’hésitent pas à inciter leurs propres enfants à se prostituer. »
Mohamed El Khalfioui, politologue à L’ULB et spécialiste du Maroc, confirme que certains parents poussent leurs enfants à se prostituer. « La pauvreté incite certaines familles à se tourner vers la prostitution comme moyen de subsistance. Je pense qu’ils savent que ce n’est pas une bonne chose, mais qu’in fine cela permet quand même de nourrir leur famille ».
Faire travailler les enfants dès leur plus jeune âge semble souvent être l’unique solution pour les familles pauvres. Même si le travail des enfants est interdit légalement, il semble très difficile d’en faire baisser le nombre. Selon les statistiques de Save the Children de 2011, il y aurait 366.943 enfants âgés de 5 à 14 ans qui travaillent.
« Les garçons travaillent principalement comme apprenti dans les secteurs de l’artisanat et de la construction. Pour les filles, la situation est souvent encore plus difficile puisqu’elles sont principalement employées en tant que bonnes à demeure et ne peuvent jamais ou presque quitter la maison. Elles sont souvent battues et travaillent régulièrement plus de 20 heures par jour. Sans compter que la plupart sont violées par leur employeur », selon Abdelkhalek Benzekri.
Selon l’organisation des droits des enfants de l’Unicef, Casablanca ne compterait pas moins 13.500 bonnes de moins de quinze ans. L’organisation End Child Prostitution, Child Porno¬graphy and Trafficking of Children for Sexual Purposes (ECPAT) estime elle que le nombre de jeunes victimes d’exploitations sexuelles dans la plus grande ville du Maroc s’élève à 10.000 enfants.
Les entités étatiques essayent pourtant de limiter le phénomène en harmonisant les lois marocaines avec les lois internationales. Mais rien ne semble pourtant endiguer le phénomène qui prend chaque année de plus en plus d’ampleur, et ce même s’il n’existe pas vraiment de chiffres officiels.
« Malheureusement, pour l’état, le sexe est une manière d’attirer les touristes »
Pour Benzekri c’est l’attitude même de l’Etat qui pourrait faire perdurer le problème. « L’Etat ferme régulièrement les yeux sur la violation de droits de l’Homme. Il en va de même pour la prostitution enfantine. Le secteur touristique est le second du pays et représente une source importante de revenu. On cherche à attirer le touriste de toutes les manières. Et malheureusement le tourisme sexuel en fait partie. »
« Avant l’Asie du Sud-est était la terre promise des pédophiles, mais suite au tsunami qui ravagea la région, ils ont dû trouver d’autres endroits », précise Benzekri . Le fait que le Maroc est bien plus proche géographiquement joue aussi en sa faveur. De même que les nombreuses liaisons aériennes à bas prix entre le Maroc et l’Europe. Dans le pays lui-même, tout est aussi moins cher qu’en Europe. En sachant que le taux d’échange de l’euro est très bas et que l’abus d’enfants reste souvent impuni, on ne peut qu’émettre cet amer constat : au Maroc les pédophiles ont ce qu’ils veulent à moindre prix. »
Le Vif, 05/08/2014
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