La France vient de nouveau au secours de Rabat

Le gouvernement français vient de bloquer les mandats d’arrêt internationaux contre certains des participants à l’enlèvement et assassinat de Ben Barka. Ces mandats visent le général Hosni Benslimane, actuel chef de la gendarmerie royale marocaine, le général Abdelhak Kadiri, l’ancien chef des services de renseignement, Miloud Tounzi et Abdelhak Achaachi, deux anciens agents des services secrets marocains. Ces quatre hommes sont suspectés d’être impliqués dans l’enlèvement et l’assassinat de l’opposant et syndicaliste Medhi Ben Barka en 1965, à Paris. Une affaire d’Etat, dans laquelle tremperaient les services secrets du roi Hassan II, avec la complicité de truands français. Le corps de l’opposant n’a jamais été retrouvé, l’enquête – ouverte en 1975 – est bloquée par le Maroc.
L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a appelé les autorités marocaines «à communiquer les informations en leur possession pour faire toute la lumière» sur cette affaire.
La presse française est discrète sur le sujet, pourtant l’implication de la France dans la défense du régime au Maroc est plus qu’évidente.
L’absence d’éthique politique et humaine de l’Elysée a fait que la France, prétendu “pays des droits de l’homme” s’oppose au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies, au mois d’avril dernier, à l’élargissement du mandat de la MINURSO pour que celle-ci puisse surveiller les droits de l’homme au Sahara Occidental.
Un autre acte qui dénonce le soutien permanent de l’occupation marocaine de cette ancienne colonie espagnole.
Un engagement avec un pays où le régime dictatorial d’une monarchie médiévale est aujourd’hui usé et à bout de souffle. Une monarchie qui porte sur son dos une responsabilité écrasante dans la situation actuelle du pays. Sa popularité est plus basse que jamais, alors que les bases de son pouvoir n’ont cessé de se réduire pour se limiter à certains membres de son clan et à quelques opportunistes. Elle n’a jamais réussi, en 53 ans d’indépendance, à se construire une légitimité, malgré la légalité qui lui est conférée par la reconnaissance internationale d’une série d’élections lourdement entachées de fraudes.
L’appareil d’administration de l’Etat est entièrement mis au service du pouvoir, les leaders de l’opposition sont achetés ou jetés en prison sous tout genre d’inculpations, la presse constamment harcelé par le ministère de l’intérieur, ce qui fait qu’aucune vie démocratique ne peut fonctionner.
La légitimité d’un Etat telle que conçue par la démocratie consiste à remplir d’autres fonctions que la répression : Fournir aux citoyens un minimum de biens publics, une sécurité physique matérielle et juridique, des services sociaux de base, un projet économique, conditions de l’espoir d’un avenir commun. Il est peu de dire qu’au Maroc cet espoir n’existe pas à cause de la corruption du régime. Un régime qui doit faire face à l’hostilité d’une part croissante de la population qui ne demande qu’à manger à sa faim.
Officiellement, le Maroc est une monarchie constitutionnelle. Dans les faits, le roi et son clan monopolisent le pouvoir et étouffent toute velléité de contestation. Même la vérité sur les dépassements du pouvoir dans le passé, comme l’affaire Ben Barka, est cachée.
Tout un chacun sait que la France, le gouvernement et le peuple qui l’a élu, manie le mensonge au sujet de l’affaire Ben Barka pour protéger les tortionnaires du palais qui continuent à se balader sans aucune crainte. Même maintenant qu’il n’y a plus de doutes sur l’implication des services secrets marocains et français dans l’assassinat d’une grande figure de l’histoire marocaine.
La France, et a sa tête le Président Nicolas Sarkozy, perpétue une politique qui, sous couvert de “stabilité” et d’intérêts économiques et géopolitiques, n’en finit pas de contribuer à plonger le Maroc dans le chaos, et par conséquent, tout le bassin méditerranéen.
A l’usure du régime s’ajoutent les répercussions du conflit du Sahara Occidental dans lequel l’engagement militaire, diplomatique et politique de la France a été déterminant dans le maintient de la tension au Maghreb.
Ce soutien inconditionnel au Makhzen serait justifié par la condition de celui-ci comme seul garant des intérêts français dans la région ou comme seul moyen de déstabiliser l’Algérie à cause de son opposition à une politique française qui refuse de rompre avec le passé et vise à maintenir le caractère néo-colonial de celle-ci.
Le degré d’implication du gouvernement français dans le processus de paix au Sahara Occidental et la protection des tortionnaires marocains ans l’affaire Ben Barka sont la preuve irréfutable de l’existence d’une volonté de maintenir la Françafrique à coups de perfusions pour contrecarrer une prétendue convoitise américaine dans la région.
L’Elysée, avec son hypocrisie habituelle, dispose d’un argument : sa longue tradition d’engagements aux côtés des dirigeants africains soucieux de défendre les intérêts de la France.
En tout cas, les intérêts de la population marocaine n’ont rien à voir avec les choix qui sont faits. Ce que les marocains veulent, c’est que la vérité sorte au grand jour et que la famille de Ben Barka puisse enfin faire son deuil.
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