Medelci recadre les débats

SITUATION AU SAHEL, PROVOCATIONS MAROCAINES ET RELATIONS AVEC LA FRANCE

Le chef de la diplomatie algérienne ne croit pas que la France et l’Algérie aient la prétention de régler tous les problèmes.

La situation au Sahel, les manoeuvres marocaines et les relations algéro-françaises sont autant de questions sur lesquelles s’est penché, jeudi, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Sur le premier sujet, le ministre a qualifié la coopération sécuritaire entre l’Algérie et les pays du Sahel, notamment le Mali et la Mauritanie, de positive. «Nous sommes dans une situation de coopération tout à fait positive avec ces pays», a affirmé M.Medelci à la question posée par L’Expression sur les pressions que subirait, indirectement, l’Algérie de la part de quelques pays étrangers à la région.

Le Mali et la Mauritanie, pour ne citer que ces deux pays, subissent des pressions de certaines forces étrangères dans le but de leur permettre d’intervenir au Sahel. C’est ce qui empêche, selon les observateurs, une coopération efficace entre les pays de la région. Sur cette question, le ministre ne semble pas donner plus d’importance aux déclarations des uns et des autres.

«Il ne faut pas accorder trop d’importance à certaines déclarations rapportées par un certain nombre de médias, mais plutôt essayer de mettre le projecteur sur ce qui est entrepris directement au niveau des responsables et des institutions de ces pays», a encore précisé le chef de la diplomatie algérienne qui s’exprimait en marge de la présentation de la Déclaration de politique générale du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, devant les députés.

Ces déclarations ont été décortiquées par le ministre quelques heures plus tard lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Sur la situation générale que traverse cette zone, le ministre reconnaît qu’elle est préoccupante. Cela a amené le ministre à réitérer que les problèmes de la région doivent être réglés par les pays de la région. «C’est que dans notre maison commune qui est le Sahel, nous devons réagir, nous qui sommes responsables de cette maison. C’est nous d’abord qui devons réagir», a-t-il réitéré, en affirmant que les origines du terrorisme «ne sont pas sahéliennes ni algériennes».

Les réponses de M.Medelci se veulent «plus modérées», tout en réaffirmant le rejet de l’Algérie de toute ingérence étrangère. Néanmoins, le ministre a souligné que l’Algérie ne s’oppose pas à une coopération internationale dans ce domaine.

Il estime que chaque pays pouvant apporter sa contribution, notamment en termes d’aide au développement au profit des pays tels que le Niger, le Mali… etc., est le bienvenu.

Cependant, le ministre, tout en rappelant que la coopération entre les pays européens et non-européens, n’a pas attendu le phénomène du terrorisme, précise que cette contribution ne devra pas permettre aux pays étrangers à la région d’imposer leurs solutions au problème du terrorisme dans le Sahel.

«Les pays européens ne peuvent pas se pointer chez nous pour apporter, eux-mêmes, la solution au problème. C’est à nous et les pays du Sahel d’ apporter une solution. Pour l’instant, nous ne sommes pas à la recherche d’une nouvelle initiative mais dans la continuité dans l’effort», a-t-il précisé. Expliquant la position de l’Algérie concernant le plan de travail relatif à la sécurité dans la zone, il dira que cette stratégie consiste à regrouper les pays concernés et de leur «proposer un cadre de travail à même de rendre plus cohérentes les actions de défense contre le terrorisme sur tous les plans: renseignement, plan opérationnel et également sur le plan du financement du terrorisme», a-t-il dit.
Le Maroc et la diplomatie des banderoles
Revenant sur les déclarations marocaines et les récentes manifestations contre l’Algérie au niveau de la frontière algéro-marocaine, le ministre soutient que l’Algérie ne répond pas à la provocation. «Nous ne répondons pas à la provocation. Ceci ne signifie pas que nous n’avons pas la possibilité de faire passer le message. Nous pouvons le faire sans avoir recours à des porteurs de banderoles», a-t-il dit. En clair, M.Medelci affirme que l’Algérie «ne réagit pas en dehors des institutions responsables de la gestion de ses relations avec les pays voisins, particulièrement avec le Maroc». Concernant la question sahraouie, le ministre a rappelé que l’Algérie a une «situation de très grande sérénité sur cette question-là (conflit entre le Maroc et le Front Polisario), parce que nous défendons les Sahraouis comme nous avions défendu, par principe, il y a plusieurs années, Timor-Leste». Le ministre réitère que les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’Assemblée générale soulignent clairement que l’Algérie n’est pas partie au conflit. Cela n’a pas empêché, M.Medelci d’avancer que les peuples algérien et marocain sont des peuples frères que rien ne séparera, tout en soulignant que rien n’empêchera l’Algérie de défendre ses principes qui sont universels.
La France entre le passé et l’avenir
A propos des relations algéro-françaises, le ministre des Affaires étrangères a répondu, indirectement, au ministre d’Etat, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés de la République française, Michèle Alliot-Marie. Lors de sa visite de deux jours en Algérie, la semaine dernière, la ministre avait considéré le blocage de la proposition de loi criminalisant le colonialisme par l’APN comme «un geste de bonne volonté pour se tourner vers l’avenir». A cette déclaration Medelci réplique: «L’Algérie et la France ne peuvent faire autrement que de regarder vers l’avenir sans pour autant dire n’importe quoi sur le passé.» Reconnaissant, pour une fois, que les relations entre les deux pays ont connu une période, de quelques mois, très tendues, le ministre a expliqué que «les situations tendues, mais relativement bien précises, que nous avons vécues au cours des derniers mois, ont laissé place à plus d’ouverture».

Toutefois, le chef de file de la diplomatie algérienne se veut pragmatique en s’interrogeant: «Avons-nous pour autant réglé tous les problèmes?», avant de souligner que «les deux pays n’ont pas cette prétention, mais nous voulons nous inscrire dans une dynamique qui mette en avant le sens de la responsabilité». Et de préciser qu’à présent, ce climat tendu commence à se dégeler. Les relations avec la France «sont en train de prendre une nouvelle tournure souhaitée par les deux parties», rappelant l’existence entre les deux pays d’une relation «stratégique». A propos de la prochaine visite à Alger de l’ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, M.Medelci estime qu’une autre occasion se présentera pour examiner les questions économiques «non pas sous l’angle du contentieux, parce qu’il n’y en a pas, mais sous celui de savoir comment faire en sorte que le potentiel existant entre les deux pays puisse se transformer en projets concrets, plus nombreux et utiles», a-t-il précisé.
Tahar FATTANI
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