Maroc : Liberté pour Soulaiman Raissouni et Omar Radi!

À l’initiative du comité américain pour la défense des détenus politiques au Maroc, des intellectuels lancent un appel pour la libération des deux journalistes marocains incarcérés. « Nous demandons au gouvernement du Royaume du Maroc d’accorder à Soulaiman Raissouni et Omar Radi leur droit à la liberté et à un procès équitable, et de les libérer immédiatement de prison. »

À l’initiative du comité américain pour la défense des détenus politiques au Maroc, des intellectuels lancent un appel pour la libération des deux journalistes Soulaiman Raissouni et Omar Radi incarcérés. Il est signé, entre autres, par les deux universitaires Waterbury John, auteur de l’ouvrage de référence « Le Commandeur des croyants : la monarchie marocaine et son élite », et Abdellah Hammoudi, professeur émérite d’anthropologie à l’Université de Princeton. Pour rappel, les deux journalistes mènent une grève ouverte de la faim depuis une vingtaine de jours (21 pour Omar et 22 pour Soulaiman).

Nous, soussignés, demandons au gouvernement du Royaume du Maroc de respecter les droits fondamentaux des journalistes marocains, Soulaiman Raissouni et Omar Radi, actuellement incarcérés à la prison d’Okacha à Casablanca.

Soulaiman Raissouni, un journaliste très respecté et très lu qui écrit en arabe, est connu pour son professionnalisme et sa ligne éditoriale indépendante. Il a écrit sur la réforme politique, l’abus de pouvoir, la corruption, le « capitalisme des copains », la pauvreté, entre autres sujets. Au moment de son arrestation, il était rédacteur en chef du quotidien indépendant Akhbar Alyaoum.

Raissouni a été arrêté le 22 mai 2020 et accusé « d’attentat à la pudeur avec violence et séquestration » d’un homme en 2018. Le procureur a fondé cette accusation sur une publication anonyme sur Facebook.

Omar Radi est un journaliste d’investigation indépendant et reconnu. Il a écrit sur les accaparements de terres collectives, la corruption des hauts fonctionnaires, la surveillance policière et les violations des droits humains.

Radi a été arrêté le 29 juillet 2020. Il a été accusé d’espionnage et d’atteinte à la sécurité de l’État ; il a également été accusé de viol.

Raissouni et Radi nient tous les deux ces accusations. Leurs procès se sont ouverts plusieurs mois après leurs arrestations, mais les procédures ont été reportées à plusieurs reprises. Non seulement ils sont restés en détention pendant tout ce temps, mais ils sont maintenus en isolement et ont des contacts limités avec leurs familles.

Raissouni et Radi se voient refuser le droit fondamental de rester en liberté pendant la durée du procès, un droit consacré par le droit marocain. En raison du déni de leur droit de rester en liberté, combiné à une période d’incarcération exceptionnellement longue avant le procès, ils ont décidé d’entamer une grève de la faim pour protester contre les violations de leurs droits fondamentaux.

Raissouni a entamé sa grève de la faim le 8 avril 2021 et Radi le 9 avril.

Les deux hommes souffrent de maladies chroniques. Selon Reporters Sans Frontières, Raissouni souffre d’hypertension et Radi, d’asthme et de la maladie de Crohn. Depuis leur incarcération, Raissouni a perdu plus de 15 kilos et Radi, 10 kilos. Il se pourrait bien qu’à l’heure actuelle, ces deux hommes jeunes et talentueux soient au seuil d’une mort lente.

Nous demandons au gouvernement du Royaume du Maroc d’accorder à Soulaiman Raissouni et Omar Radi leur droit à la liberté et à un procès équitable, et de les libérer immédiatement de prison.

Signatures

Abdellah Hammoudi, Université de Princeton

John Waterbury, Université de Princeton

Jonathan Wyrtzen, Université de Yale

Fiona McLaughlin, Université de Floride

Leah Reade Rosenberg, Université de Floride

Richard Greeman

Sam Freedman

Kevin Anderson, Université de Californie, Santa Barbara

Nancy Gallagher, Université de Californie, Santa Barbara

Le Comité américain pour la défense des droits humains au Maroc

Médiapart, 29 avr 2021

Etiquettes : Maroc, presse, journalistes, Omar Radi, Souleymane Raïssouni, Taoufik Bouachrine,