L’Algérien ne croyant plus aux promesses généralement non tenues lors des échéances électorales, ne fait plus confiance aux partis politiques. La solution ?
Les partis politiques en lice pour les législatives du 12 juin prochain ont fait le choix de recourir à des candidats non militants en affirmant faire prévaloir l’intérêt suprême du pays et vouloir s’ouvrir à de nouvelles compétences, nonobstant l’appartenance politique, résume l’APS.
A cet effet, ces formations politiques n’ont pas hésité à s’engager dans la compétition électorale avec des candidats qui n’ont jamais fait partie de leurs militants, justifiant ce choix par la conjoncture que traverse le pays, qui implique, soutiennent-elles, la mobilisation de toutes les énergies nationales, et en premier lieu les jeunes compétences.
Cette tendance est, néanmoins, motivée par un objectif de taille pour ces partis, à savoir augmenter leurs chances de succès lors de cette échéance importante en présentant de nouveaux visages, acceptés par les électeurs et possédant des aptitudes les habilitant à mieux les représenter.
Une démarche à même de donner un nouveau souffle à ces formations politiques, notamment avec la rude concurrence des listes indépendantes qui ont arraché, pour la première fois, la part du lion dans l’élection des membres de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Pour de nombreux analystes politiques, la capacité des indépendants à déposer 1220 listes de candidature auprès de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), contre 1180 listes de partis, témoigne de l’avènement de nouvelles règles régissant la vie politique nationale. Un état de faits imposé par de nouveaux acteurs qui ont préféré entrer dans l’arène politique loin des partis «en perte de vitesse», même si certains l’ont compris et ont décidé de renverser l’équation pour «transformer l’échec».
Parmi les partis politiques à avoir adopté cette stratégie, le Mouvement El-Bina qui y voit «une assurance» à toutes les catégories de la société et une confirmation de son caractère de «mouvement populaire» et non le monopole de ceux qui l’ont fondé, a expliqué son responsable de la communication, Hussein Salah.
Le président du Mouvement, Abdelkader Bengrina avait déclaré auparavant que «plus de 65% des candidats sur les listes du Mouvement pour les prochaines élections législatives, ne sont pas des militants».
Il en est de même pour le Mouvement de la société pour la paix (MSP) dont le président Abderrazak Makri avait fait état de la participation du parti avec 584 candidats, dont 330 non militants.
Pour le militant du MSP Nacer Hamdadouche, ce choix se justifie par «le caractère populaire» des élections législatives.
«Il est tout a fait normal, dans de telles échéances, que la dimension populaire prévale sur l’organisationnel», a-t-ille affirmé en admettant «la volonté du MSP d’augmenter ses chances de réussite en adoptant cette décision, qui répond au réalisme politique défendu par le parti, à travers des listes comprenant des militants de formation politique et organisationnelle et des candidats indépendants remplissant les conditions de compétence.
Dans le même sillage, le président du Parti du renouveau et du développement (PRD), Taibi Assyr, a estimé que l’ouverture de la voie à des candidats non militants de sa formation politique, qui a eu son agrément en 2013, constitue «un plus et un appui pour les rangs de ses militants».
«Nous avons répondu à des jeunes qui ont souhaité sortir du carcan dans lequel ils étaient confinés pour participer à la vie politique en tant qu’acteurs, en leur ouvrant la porte de la candidature et en leur donnant la possibilité de rejoindre les rangs du parti», a-t-il affirmé dans ce sens.
Soulignant que cette démarche «réaliste» visait à mettre fin à la marginalisation des jeunes, «en particulier ceux avec des compétents, qui ont souffert durant des années du discours populiste dominant l’action politique», M. Taïb a indiqué que le PRD «aspire, aujourd’hui, à bâtir un projet de société en ouvrant la voie aux jeunes compétences à la candidature, que ce soit sous sa bannière ou en dehors du cadre partisan».
Une « réalité politique » .
Pour, le doyen de la Faculté des sciences politiques et relations internationales Alger 3, Dr Slimane Aradj, le recours à des cadres et compétences en dehors des rangs «traduit une réalité politique à laquelle sont confrontés les paris politiques qui tentent de remédier à une crise de défiance des électeurs à leur égard».
Evoquant cette tendance emboitée par de nombreux partis politiques, à la différence de leur poids et obédiences, Dr Aradj considère que ce choix dénote une nouvelle hiérarchisation des priorités et un penchant à faire prévaloir la patrie au détriment des idéologies, au vu de l’importance de ces élections dans la constitution d’une élite capable d’atteindre une représentation politique réelle et de réhabiliter la représentation politique, qui nécessite le renouvellement des élites.
Le facteur temps a également imposé le recours à cette solution, estime encore Dr Aradj qui explique que «la courte durée qui nous sépare de la tenue des élections législatives a obligé certains partis à recourir à des candidats non militants pour se renouveler et regagner la confiance perdue du citoyen».
Qualifiant ce phénomène de «positif», il a rappelé qu’il s’agit après tout de citoyens algériens ayant le droit de participer à la vie politique et se présenter aux élections, surtout s’ils ont des capacités à même de permettre d’atteindre l’objectif escompté.
Algérie Breve News, 8 mai 2021
Etiquettes : Algérie, élections législatives, 12 juin, partis politiques,
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