Maroc : Cap Juby : une révélation pour Saint-Exupéry

Une étape capitale dans la vie de l’aviateur-écrivain

Dans ce nouveau numéro d' »Objectif Ciel », place à deux folles histoires sur les aventuriers qui ont créé l’Aéropostale. Une émission réalisée avec la complicité de Fabrice Cruz et Reine Morison du nouveau site historique culturel L’Envol des Pionniers à Toulouse-Montaudran.

Cap Juby, terre d’inspiration

« C’est de Cap Juby qu’est sorti Antoine de Saint-Exupéry. Et force est de constater que cette escale prolongée est un tournant dans l’expérience de l’homme et la formation de l’écrivain. » C’est Didier Daurat qui s’exprime ainsi, soulignant à quel point l’expérience de Cap Juby, (aujourd’hui Tarfaya au Maroc), entre 1927 et 1928 avait été fondatrice pour le jeune Saint-Exupéry. Et on peut faire confiance à Daurat qui connaît bien son sujet : directeur d’exploitation des lignes Latécoère puis de la Compagnie Générale Aéropostale, c’est lui qui a recruté Saint-Exupéry en 1926, lui encore qui lui a confié ses premières missions comme pilote pour acheminer le courrier entre Toulouse et Casablanca, puis jusqu’à Dakar. Et c’est lui enfin qui, en octobre 1927, décide de le nommer chef d’aéroplace à Cap Juby, un an à peine après son embauche.

Pour comprendre la singularité de cette expérience, il faut situer un peu plus précisément Cap Juby : c’est un point perdu et isolé de tout, coincé entre l’océan Atlantique et l’immensité désertique du Sahara. La Compagnie y a installé une escale vitale sur le tronçon de ligne entre Casablanca et Dakar, et stratégique dans la perspective de l’extension des services de courrier vers l’Amérique du Sud. Le problème est que l’installation est située dans la colonie espagnole du Rio de Oro (actuellement le Sahara-Occidental). La petite équipe qui y vit et y travaille est composée du chef d’aéroplace et de quelques mécaniciens. Ils doivent s’accommoder d’un voisinage compliqué avec d’un côté les Espagnols qui tolèrent tout juste leur présence, et de l’autre des tribus nomades qui profitent des pannes des avions, fréquentes dans le désert, pour capturer les équipages en perdition et les échanger contre de fortes rançons…

La Compagnie a besoin à ce poste d’un vrai diplomate capable d’entretenir de bonnes relations avec les uns et les autres, et lorsque c’est nécessaire, d’agir et de négocier pour obtenir leur libération. Ce sont exactement les qualités que Didier Daurat a décelées chez Saint-Exupéry. Il le nomme à Cap Juby en lui confiant la « mission impossible », dit-il, de sauver cette escale du bout du monde, dans un contexte où sa situation s’est peu à peu dégradée. Lors du dernier entretien avant son départ, Daurat sent Saint-Exupéry transfiguré par la responsabilité qui lui incombe désormais de veiller sur ses camarades et d’assurer l’avenir de l’Aéropostale. Le nouveau chef d’aéroplace prend ses fonctions le 19 octobre 1927…

Prolongez ces aventures en visitant le nouveau site de légende à Toulouse : L’Envol des Pionniers.

France Bleu, 16 mai 2021

Etiquettes : Maroc, Cap Juby, Antoine de Saint-Exupéry,

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