8000 migrants débarquent dans la ville espagnole de Ceuta en 24 heures
Le vil chantage marocain
Le but de Rabat est d’exploiter l’ «affaire Ghali» pour forcer la main à l’Espagne et l’amener à céder sur le dossier du Sahara occidental.
En plus d’être un narco-royaume et premier producteur mondial de kif qui inonde la planète, le Maroc semble avoir découvert son autre «profil», celui que lui donnent, bien malgré eux, les migrants clandestins. Rabat a, en effet, fait étalage de sa «puissance» à l’occasion d’un différend qui l’oppose à Madrid sur la question du Sahara occidental. Le mode opératoire est détestable pour tout Etat digne de ce nom, mais néanmoins efficace. Il a suffi au Maroc de desserrer l’étau sur les dizaines de milliers de migrants clandestins qu’il «garde en stock» pour que ces derniers se ruent sur la petite enclave espagnole de Ceuta. Plus de 8 000 migrants ont débarqué à Ceuta en 24 heures, encouragés par le Makhzen qui a vu dans ce «déferlement» un moyen de pression sur l’Espagne. Son entreprise a porté ses fruits puisque le gouvernement espagnol s’est réuni, hier, en urgence pour étudier la grave situation à sa frontière avec le Maroc. Les 8.000 migrants ne représentent qu’un «tir de sommation» de Rabat.
À l’origine de cette crise où le Maroc montre son véritable visage d’Etat voyou qui marche sur les principes humains les plus élémentaires, l’arrivée le mois dernier en Espagne du président sahraoui, Brahim Ghali, pour des soins.
Les autorités espagnoles évoquaient depuis quelques jours «plusieurs menaces quasiment ouvertes de la part de représentants marocains, selon lesquelles ils pourraient utiliser la carte du contrôle de l’immigration si l’Espagne ne revenait pas sur sa décision d’héberger Ghali», avait indiqué la ministre des Affaires étrangères, Fernandez Molina. Ce n’était donc pas des menaces en l’air, puisque le Maroc a mis son plan à exécution en «noyant» Ceuta sous un flux impressionnant de migrants subsahariens. «Quand les relations sont bonnes, les frontières se contrôlent; quand elles se tendent, on utilise la carte migratoire pour faire pression sur l’Espagne. C’est une constante. Nous le vivons depuis des décennies», rappelle Eduard Soler, expert de l’Afrique du Nord au Centre des affaires internationales de Barcelone», cité par l’AFP.
Madrid voit clair dans le chantage du Makhzen et affirme par le biais de sa ministre des Affaires étrangères que la présence de Brahim Ghali en Espagne n’a été qu’un «prétexte». Tir de semonce ou ballon-sonde, le Maroc a sérieusement ébranlé ses rapports avec un pays de l’Union européenne. Par cette opération de «brigandage» d’Etat, Rabat donne un signal aux Européens sur son changement de statut. Le soutien ouvert de l’entité sioniste donne au Maroc l’opportunité de viser très haut. Le «prétexte» évoqué par Mme Molina poursuit l’objectif de Rabat d’amener l’Espagne et la France à reconnaître la marocanité du Sahara occidental sur les pas de Donald Trump. «Il y a eu une pression vraiment très forte (du Maroc) sur des pays comme l’Espagne et la France pour qu’ils changent leur position et suivent l’exemple américain», affirme-t-elle.
Sachant la dépendance de l’Europe du Sud sur la question des migrations, le but de Rabat est d’exploiter l’«affaire Ghali» pour forcer la main à l’Espagne et l’amener à céder sur le dossier du Sahara occidental. En d’autres termes, le Maroc appuie là où ça fait mal. Il est clair que dans cette séquence hispano-marocaine, il y a une véritable agression contre un Etat souverain pour le forcer à changer de politique à l’égard d’une question d’autodétermination reconnue en tant que telle par la communauté internationale. Si l’on considère que «sans la collaboration du Maroc dans le contrôle migratoire, l’Espagne a un problème», et donc que ce pays doit céder aux caprices d’un Etat voyou, la légalité internationale est foulée aux pieds. L’Europe laissera-t-elle le Maroc dicter sa loi? L’entité sioniste n’est pas loin…
L’Expression, 19 mai 2021
Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali, Union Européenne, UE, migration, chantage,
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