Un fossé diplomatique s’est creusé entre l’Espagne et le Maroc après que des milliers de migrants sans papiers ont tenté de pénétrer sur le territoire espagnol dans le pays d’Afrique du Nord.
L’Espagne a dû se démener pour sécuriser ses frontières après que des milliers de migrants aient pénétré cette semaine à Ceuta, l’une des deux enclaves espagnoles situées sur la côte nord du Maroc.
Un fossé diplomatique s’est creusé entre l’Espagne et le Maroc après que des milliers de migrants sans papiers ont tenté de pénétrer sur le territoire espagnol, apparemment sans être inquiétés par les autorités marocaines.
L’Espagne a dû faire des pieds et des mains pour sécuriser ses frontières après que des milliers de migrants soient entrés cette semaine à Ceuta, l’une des deux enclaves espagnoles sur la côte nord du Maroc.
Environ 8 000 migrants, dont des familles, seraient entrés à Ceuta lundi et mardi, nombre d’entre eux ayant contourné à la nage les clôtures frontalières qui séparent l’enclave du Maroc, et des migrants ayant utilisé des pneumatiques et des canots pneumatiques. Au moins une personne serait décédée au cours de la traversée.
L’afflux de migrants a incité l’Espagne à déployer des forces armées pour sécuriser la plage et à renforcer la présence policière dans les enclaves. Un nombre plus restreint de migrants a également tenté de pénétrer dans l’enclave espagnole de Melilla, plus loin le long de la côte, selon le gouvernement espagnol. Environ la moitié des 8 000 migrants, qui étaient pour la plupart marocains selon la BBC, ont été renvoyés au Maroc, ont indiqué les autorités espagnoles.
Néanmoins, les arrivées ont provoqué une dispute diplomatique entre l’Espagne et le Maroc, notamment à la suite de rapports et de séquences qui semblaient montrer les autorités marocaines permettant aux migrants de tenter d’entrer à Ceuta sans essayer de les arrêter.
CNBC a contacté le ministère marocain des affaires étrangères pour un commentaire mais n’a pas encore reçu de réponse.
Ceuta et Melilla sont sous domination espagnole depuis le XVIIe siècle, bien que le Maroc revendique ces territoires depuis son indépendance en 1956. Certains pensent que la tension actuelle entre l’Espagne et le Maroc provient du fait que l’Espagne a accepté que Brahim Ghali, le leader du Front Polisario du Sahara occidental, qui souhaite l’indépendance du Sahara occidental vis-à-vis de l’administration marocaine, soit admis dans un hôpital en Espagne pour y être soigné le mois dernier, ce qui a provoqué la colère de Rabat.
Le Maroc aurait retiré son ambassadeur pour des discussions avec Madrid après que la ministre espagnole des affaires étrangères ait fait part à l’envoyé de son « dégoût » pour ce qui s’était passé, a rapporté la BBC mardi.
Une crise pour l’Espagne, mais aussi pour l’Europe
L’Union européenne a exprimé son soutien à l’Espagne, même si ce dernier incident, qui s’ajoute aux milliers de tentatives de migrants d’entrer sur le territoire européen ces dernières années, n’a fait que souligner la porosité des frontières de l’Union et l’absence d’action unifiée de l’UE en matière de migration.
C’est aussi une nouvelle démonstration du désespoir persistant des migrants qui tentent d’entrer dans l’Union à la recherche d’une opportunité économique ou d’un refuge contre les conflits, la pauvreté et les violations des droits de l’homme.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré sur Twitter que « l’UE est solidaire de Ceuta et de l’Espagne » et que le bloc a besoin de « solutions européennes communes pour la gestion des migrations ».
« Cela peut être réalisé avec un accord sur le nouveau pacte sur les migrations. Des partenariats plus forts basés sur la confiance mutuelle et des engagements conjoints avec des partenaires clés comme le Maroc sont cruciaux », a-t-elle déclaré.
La commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, a également tweeté que « la chose la plus importante maintenant est que le Maroc continue de s’engager à prévenir les départs irréguliers », ajoutant que « les frontières espagnoles sont des frontières européennes. L’Union européenne veut construire une relation avec le Maroc basée sur la confiance et des engagements partagés. La migration est un élément clé à cet égard. »
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a rencontré d’autres responsables du gouvernement espagnol mardi au cours duquel ils ont discuté de ce que le gouvernement a décrit comme une « crise grave pour l’Espagne, mais aussi pour l’Europe. »
La vice-Première ministre espagnole Carmen Calvo a déclaré que « ce qui s’est passé … est une attaque contre nos frontières, et cela ne peut pas faire partie des bonnes relations avec le Maroc, mais nous continuerons à les maintenir parce que nous sommes des pays voisins et proches ».
L’Espagne a déclaré que sa priorité « est de garantir le contrôle du trafic à la frontière avec le Maroc » et de fournir aux villes de Ceuta et Melilla « tous les moyens nécessaires pour résoudre la crise humanitaire causée par l’arrivée de tant de personnes et procéder au retour de toute personne entrée irrégulièrement à Ceuta et Melilla, comme le prévoient les accords signés depuis des années par l’Espagne et le Maroc. »
M. Sanchez s’est rendu à Ceuta et Melilla mardi, après s’être engagé à rétablir « l’ordre dans la ville et à ses frontières ».
Plus tôt dans la journée, M. Sanchez avait déclaré sur Twitter que sa priorité était de « rétablir l’ordre à Ceuta ».
« Ses citoyens doivent savoir qu’ils ont le soutien absolu du gouvernement espagnol et la plus grande fermeté pour assurer leur sécurité et défendre leur intégrité en tant que partie du pays contre tout défi. »
CNBC, 19 mai 2021
Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, Melilla, migration, chantage, pression migratoire, marocains,
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